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Économie - Liban - Finance

Bourse de Beyrouth : 2017, année de la privatisation ?

Ce processus, qui devrait inclure la création d'une bourse dédiée aux PME et aux start-up, ne devrait toutefois pas suffire à stimuler l'activité boursière locale, selon de nombreux observateurs.

La capitalisation boursière à la place de Beyrouth s’élevait à 11,9 milliards de dollars en 2016, soit environ le quart du PIB du pays. Archives Reuters

Annoncé depuis des années, le passage de la Bourse de Beyrouth du statut d'établissement public à celui de société anonyme devrait avoir lieu cette année.
« La privatisation de la BSE et la création d'une bourse électronique dédiée aux petites et moyennes entreprises (PME) ainsi qu'aux start-up devraient bénéficier de la dynamique positive actuelle liée au consensus politique qui a abouti à l'élection présidentielle, au terme de deux ans de vacance, ainsi qu'à la formation d'un gouvernement », affirme à L'Orient-Le Jour Firas Safieddine, membre du conseil d'administration de l'Autorité des marchés de capitaux (AMC). « Ces conditions permettent d'espérer un dénouement au premier semestre », ajoute-t-il.

 

(Pour mémoire : La moitié des sociétés cotées en Bourse à Beyrouth ne sont pas transparentes)

 

Renforcer l'attractivité
Destiné à rendre la BSE plus attractive, le processus de privatisation de la BSE est inscrit dans la loi n° 161 du 17 août 2011, qui avait également institué l'AMC. Principalement chargée de réguler les marchés financiers et de soutenir leur développement, l'une de ses missions consiste à piloter la transformation de la BSE en société anonyme.

Afin de contourner le blocage de sa mise en œuvre – pour des raisons essentiellement politiques –, l'AMC avait envisagé, dès 2015, de créer une nouvelle plate-forme d'échanges gérée par le secteur privé. Objectif : permettre aux PME et aux start-up d'ouvrir leur capital au grand public et servir de plate-forme d'échanges pour les produits financiers dérivés, les devises, les obligations du Trésor ou encore les matières premières. Cette « bourse électronique » devait en principe coexister avec la BSE jusqu'à ce que cette dernière soit privatisée avant que les deux entités, le cas échéant, ne finissent par fusionner. « Pour l'instant, le projet (dont les contours sont encore inconnus) est entre les mains du ministère des Finances qui devrait bientôt le transmettre au Conseil des ministres », indique M. Safieddine, qui estime que les deux opérations pourraient être activées en même temps. Contacté par L'Orient-Le Jour, le ministère des Finances n'était pas en mesure de répondre dans l'immédiat.

Enfin, si le législateur a estimé nécessaire de renforcer l'attractivité de la BSE, c'est parce que cette dernière tourne au ralenti depuis 25 ans. « Avec une capitalisation équivalente au quart du PIB, une dizaine de sociétés cotées seulement, et un faible volume d'échange, la BSE n'est pas assez performante pour pouvoir financer l'économie », résume M. Safieddine. En 2016, le volume des titres échangés à la BSE s'élevait à 120,4 millions (+61,4 % sur un an), pour une valeur totale de 971,6 millions de dollars (+54,5 %), principalement portés par des opérations ponctuelles du secteur bancaire. La capitalisation boursière n'a, elle, progressé que de 6,1 % sur la même période, à 11,9 milliards de dollars. « Le problème, c'est que l'activité boursière au Liban dépend plus des aléas de la situation politico-sécuritaire que des performances de l'économie », relève le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d'entreprise libanais (RDCL), Fouad Zmokhol.

 

(Pour mémoire : Les contours d'une seconde place financière libanaise se précisent)

 

« Trouver le bon équilibre »
Mais même accompagnée par la création d'une plate-forme accessible aux PME et aux start-up, la privatisation de la BSE ne devrait pas suffire, à elle seule, à développer durablement le rythme de l'activité boursière.

« Je me demande s'il y a assez de sociétés au Liban qui pourront souscrire aux conditions d'admission de l'une de ces deux plates-formes », s'interroge M. Zmokhol, rappelant que l'écrasante majorité des entreprises libanaises sont des PME familiales. « Il faut d'abord sensibiliser les sociétés qui ne sont pas cotées en Bourse sur les avantages du financement sur les marchés financiers », rebondit de son côté le directeur du département recherche de la BlomInvest Bank, Marwan Mikhaël. Un objectif qui pourrait être atteint, selon lui, « si l'État décidait d'introduire en Bourse les entreprises privées à capitaux publics ». M. Mikhaël considère en outre important de réformer le code de commerce pour renforcer notamment la protection des actionnaires majoritaires ou encore moderniser les procédures de faillites, afin de créer un « environnement de confiance » qui encouragerait les actionnaires et les entrepreneurs à jouer le jeu.

Enfin, pour Paul Chucrallah, le directeur général du fonds d'investissement technologique Berytech Fund II, il faut que la réglementation qui régira la plate-forme dédiée aux start-up protège suffisamment les investisseurs sans être trop rigide pour décourager les entreprises qui veulent s'y inscrire. « Il faut trouver le bon équilibre et s'assurer que les petits épargnants aient tout autant d'intérêt et de garantie, à leur échelle, à investir dans le capital d'une start-up que les gros fonds d'investissement », note-t-il. Il estime également « qu'il est trop tôt » pour autoriser des start-up qui n'ont ni chiffre d'affaires ni liquidités de s'introduire sur la nouvelle plate-forme. « Cette possibilité devrait être réservée dans un premier temps aux sociétés qui ont déjà un roulement et quelques années d'ancienneté », explique-t-il, sans exclure que les dirigeants de la bourse électronique puissent adopter au bout de quelques années une politique plus flexible.

 

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