Sous haute protection, Nabatiyé vit sous la hantise d’un acte terroriste

Nabatiyé est en proie aux rumeurs véhiculées depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, concernant la présence dans la ville de voitures piégées. Parallèlement, l'armée libanaise a déployé hier d'importantes mesures de sécurité, multipliant les barrages et les patrouilles, voire les descentes dans le périmètre du chef-lieu du district du même nom. Selon l'Agence nationale d'information, la troupe a déployé des blindés aux entrées de la ville, recherchant activement un certain nombre d'individus. De son côté, la radio Voix du Liban a fait part de l'arrestation par l'armée de 9 ressortissants syriens, lors de descentes, et a affirmé que leur interrogatoire était en cours.

Contactée par L'Orient-Le Jour, la Direction de l'orientation de l'armée s'est contentée d'une phrase laconique: « Il s'agit de mesures routinières de sécurité. La peur est permanente et le travail se poursuit. » Elle précise toutefois qu'au cas où elle avait l'intention d'en dire plus, elle « publierait un communiqué », comme pour dire que les rumeurs sont infondées.

Le député de Nabatiyé, Yassine Jaber, reconnaît que « les mesures sécuritaires ont été renforcées dans cette ville du Sud ». « Les forces de l'ordre (armée et FSI) ont renforcé les mesures de sécurité à Nabatiyé depuis la dernière vague d'attentats, à l'instar de la banlieue sud », dit-il à L'OLJ, précisant qu'il s'agit de « mesures de précaution », et ce suite aux rumeurs qui ont semé la panique sur l'entrée dans la ville d'une voiture piégée. « L'armée tient à rassurer la population », observe-t-il. Autrement dit, à faire montre de sa présence sur le terrain. Ce message est aussi adressé aux terroristes qui seraient tentés de prendre pour cible cette ville majoritairement chiite et auxquels il est nécessaire de dire qu'« on ne peut entrer dans la ville ». Le député du bloc Berry rappelle les aveux formulés par nombre de terroristes, lors de leur interrogatoire. « Nabatiyé était citée comme étant un de leurs objectifs. » Il ne manque pas de saluer l'armée et les forces de l'ordre dans leur ensemble, les invitant « à poursuivre la lutte contre le terrorisme ». Il observe que le monde entier vit aujourd'hui « sous hauts risques ». « Nous devons mener le combat sur deux fronts, d'une part contre les organisations terroristes, sur le terrain, et d'autre part contre leur doctrine », conclut-il.

De son côté, une source informée de Nabatiyé explique pourquoi les habitants de la localité craignent un attentat : « Daech a été défait en Irak. Il tente aujourd'hui de prendre Deir ez-Zor. C'est la raison pour laquelle nous craignons un attentat à Nabatiyé. C'est aussi la raison pour laquelle les forces de l'ordre prennent des mesures préventives, notamment contre les Syriens. » Selon l'agence al-Markaziya, une camionnette volée dans la localité de Kfar Remmane serait à l'origine des rumeurs. Équipé d'un GPS, le véhicule a été localisé en Syrie, à Homs, plus exactement. Quant au voleur, il s'agirait d'un ressortissant syrien, résident à Kfar Remmane. Les forces de l'ordre ont publié la photo du suspect et les spécificités de la camionnette immatriculée M188157. Elles se demandent aussi comment le malfaiteur a réussi à passer à travers les mailles du cordon sécuritaire déployé dans la région.

Assurément, la ville de Nabatiyé n'est pas seule à vivre dans la hantise des attentats terroristes. Il y a quelques jours, des médias israéliens ont révélé que « le Hezbollah avait renforcé ses mesures de sécurité dans la banlieue sud, par peur d'un acte terroriste ».

Pour mémoire
Le Liban échappe à des attentats terroristes visant les civils et l'armée

« La situation sécuritaire est acceptable », rassure Ibrahim