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Nos Lecteurs ont la Parole - Raymond NAMMOUR

Un peu de patience... encore

Les problèmes du Liban sont nombreux, et tous sont prioritaires ! La corruption semble toutefois en tête d'affiche ; elle a même réussi à décrocher un ministère ! Au même moment, le concours apporté par les finances publiques aux banques privées à hauteur de plusieurs milliards de dollars ne semble pas émouvoir au-delà de quelques cercles très restreints ! De nombreux journalistes ont levé la voix pour dénoncer ce qui semble être un véritable « abus de biens » et détournement d'une institution publique au profit d'intérêts privés, sans toutefois parvenir à faire de cette affaire un véritable sujet d'opinion publique. Et pourtant, elle en vaut la peine ! Sous couvert de défendre la valeur de la monnaie nationale menacée par le déficit de la balance des paiements, des intérêts privés ont réussi à reporter sur la collectivité les difficultés engendrées par leurs propres décisions prises de leur propre chef au profit de leurs seuls actionnaires !
Au fameux principe imposé par les armes, « ce qui est à moi est à moi et ce qui est à vous est à moi et à vous », semble s'ajouter un deuxième, imposé cette fois-ci par le cours de la livre, « quand je gagne, je gagne seul ; et quand je perds, vous perdez avec moi » ! En cherchant à développer leurs activités en Irak, en Égypte, au Soudan, en Syrie, les banques visées accomplissaient-elles une mission publique au profit de tous ou bien c'était le fruit d'une stratégie privée librement décidée ? Idem des nombreux crédits accordés « légèrement » et devenus créances douteuses avec des provisions à passer – IFRS9 oblige –, transformant en déficitaires de nombreux bilans tapageusement bénéficiaires.
Et pourquoi la Banque centrale devrait-elle voler au secours de personnes privées pour leur éviter de piocher dans leurs réserves afin d'éteindre des difficultés engendrées par leurs propres décisions ? Car c'est de ça qu'il s'agit réellement. Les pertes longtemps camouflées dans les bilans allaient éclater au grand jour avec les nouvelles exigences comptables de la communauté financière internationale. Et les seuls moyens pour présenter des bilans propres étaient soit de piocher dans les réserves constituées par les bénéfices mirobolants des années fastes, soit de piocher dans l'argent public en réalisant des bénéfices énormes inespérés autrement ! Bien entendu, il restait l'option du dépôt de bilan ou de la faillite ! Blasphème ! Depuis quand une entreprise privée peut-elle faire faillite au Liban, surtout si c'est une banque ? Ah bon ! Et tous ces milliers de licenciements jetant à la rue des milliers de familles suite à des fermetures d'entreprise sont peut-être l'œuvre du Saint-Esprit ?
Même des journaux sont en train de fermer faute d'avoir pu ou su s'adapter aux nouveaux risques de leur métier.
Dans son fonctionnement, une banque est une entreprise comme une autre. Elle a des actionnaires, des gérants, des employés et des autorités de tutelle. Elle a un compte d'exploitation et un bilan et elle peut gagner ou perdre comme toute autre entreprise. Elle en diffère toutefois par la nature de son travail, la « confiance ». C'est en inspirant confiance qu'une banque peut attirer les dépôts et exercer son métier de « fluidificateur » de l'économie d'un pays. Deux questions de fond se posent à la lumière de cette affaire : la première porte sur la nature exacte des liens existant entre certaines sphères financières privées et certaines institutions publiques. À quel degré sommes-nous devenus une République privée où une minorité intouchable se gave sous couvert de défense de la monnaie nationale alors que la majorité s'étripe autour du sexe des anges ?
Il est plus que certain que la parité de la livre risquait d'être impactée par les déficits successifs de la balance des paiements. Toutefois, avait-on réellement besoin d'autant de réserves de devises pour maintenir la parité en cours ?
Et qu'en est-il du coût réel de ce prétendu matelas de sécurité ? Quant à la deuxième question, elle porte sur la protection des dépôts dans les banques. Comment les prémunir contre les risques de gestion ? Et jusqu'où peut-on couvrir ces prises de risque ? Dans les pays développés, les autorités de tutelle sont en première ligne pour protéger les dépositaires tout en sanctionnant les prises de risque inconsidérées.
La dernière ingénierie financière de la Banque centrale faisait-elle face à un risque de faillites en chaîne remettant en cause tout le système financier du pays ? Si ce n'était pas le cas, et si la défense de la livre ne justifiait pas seule un tel montage, quelles étaient les réelles motivations du swap du siècle ? Dans l'attente des réponses qui ne viendront jamais peut-être, le Liban est dans l'obligation de tourner la page de l'impunité, à tous les échelons, pour avoir une chance de se mettre sur les rails du développement.
Un nouveau président de la République, un nouveau gouvernement et une nouvelle année, ça vaut bien un peu de patience encore avant de perdre tout espoir. Bonne et heureuse année à tous.

Raymond NAMMOUR

Les problèmes du Liban sont nombreux, et tous sont prioritaires ! La corruption semble toutefois en tête d'affiche ; elle a même réussi à décrocher un ministère ! Au même moment, le concours apporté par les finances publiques aux banques privées à hauteur de plusieurs milliards de dollars ne semble pas émouvoir au-delà de quelques cercles très restreints ! De nombreux journalistes...

commentaires (2)

RIEN QU,UN POINT DE VUE... LES EPERVIERS DES NOTATIONS AURAIENT ETE LES PREMIERS A CRIER HARO SI IL Y AVAIT RAISON DE LE FAIRE... ON NE LEUR ECHAPPE PAS SI FACILEMENT !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 06, le 19 janvier 2017

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Commentaires (2)

  • RIEN QU,UN POINT DE VUE... LES EPERVIERS DES NOTATIONS AURAIENT ETE LES PREMIERS A CRIER HARO SI IL Y AVAIT RAISON DE LE FAIRE... ON NE LEUR ECHAPPE PAS SI FACILEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 06, le 19 janvier 2017

  • E X C E L L E N T !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 16, le 19 janvier 2017

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