Téhéran et Pékin font assaut de diplomatie à Beyrouth

Un week-end diplomatique par excellence s'est achevé avec la visite samedi dernier de deux responsables de premier plan : le président de la commission parlementaire iranienne chargée de la Sécurité nationale, Alaëddine Boroujerdi, et le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhang Ming.
Accompagné d'une importante délégation officielle, le président de la commission de Sécurité nationale et de Politique étrangère du Parlement iranien, Alaëddine Boroujerdi, s'est entretenu tour à tour samedi avec le président de la République Michel Aoun, le président de la Chambre Nabih Berry et le Premier ministre Saad Hariri, avant de quitter Beyrouth.
À Baabda, où sa visite intervient à la veille de la tournée du président de la République dans les pays arabes, notamment en Arabie saoudite, M. Boroujerdi a transmis les « salutations » du président iranien Hassan Rohani et du président du Parlement Ali Larijani et a exprimé le souhait de développer et approfondir les relations entre les deux pays à tous les niveaux, « notamment sur le plan économique, à l'aune de l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République et du large consensus que cette élection a engendré ».
Le responsable iranien est arrivé à Baabda en compagnie d'une importante délégation et de l'ambassadeur d'Iran à Beyrouth Mohammad Fateh Ali.
MM. Aoun et Boroujerdi ont examiné au cours de leur entretien la situation régionale et surtout les récents développements en Syrie, notamment les efforts en cours afin de parvenir à une solution politique du conflit fondée sur le dialogue entre les différentes parties rivales. De son côté, le responsable iranien a émis l'espoir de voir les pourparlers d'Astana au Kazakhstan porter leurs fruits et résoudre la crise.
Prenant la parole, le président de la République Michel Aoun a pour sa part déclaré que « la situation est revenue à la normale au Liban à la suite de l'élection présidentielle » et que « le consensus entre les Libanais va aboutir à plus de prospérité et de tranquillité, surtout à l'aune du dialogue qui prévaut et qui a pour objet de rapprocher les divers points de vue quant aux sujets examinés ». S'attardant également sur la guerre en Syrie, M. Aoun a lui aussi souhaité qu'une solution à la crise puisse voir le jour rapidement, avant de rappeler qu'un tel développement aurait un impact positif sur le Liban qui supporte actuellement le fardeau des réfugiés syriens et dont le nombre dépasse la moitié de sa population. Le président a enfin noté les efforts couronnés de succès des forces de l'ordre dans les opérations préventives menées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

« Rôle constructif »
À Aïn el-Tiné, M. Boroujerdi a voulu « rendre hommage au rôle constructif » joué par le président du Parlement Nabih Berry et « à sa gestion empreinte de sagesse » de la Chambre des députés tout au long de son mandat « qui a abouti en fin de compte à la fin de la vacance présidentielle et à l'élection d'un chef de l'État ».
Les deux hommes se sont penchés sur les relations bilatérales, notamment sur le plan parlementaire. Le volet syrien a également occupé une bonne partie des discussions, comme l'a affirmé le responsable iranien – qui s'est d'abord rendu à Damas avant d'arriver à Beyrouth – à l'issue de sa réunion avec M. Berry. « Les points de vue sont concordants quant à la nécessité de lutter contre le terrorisme, l'extrémisme, le takfirisme, afin que la tranquillité puisse reprendre le dessus dans cette zone », a déclaré Alaëddine Boroujerdi. Sur la situation en Syrie, il a martelé, comme il l'avait fait plus tôt dans la journée au palais de Baabda, que seule une résolution politique du conflit pouvait réussir et ce, « par le biais d'un dialogue intersyrien ». « Voilà pourquoi nous avons pris part à la réunion de Moscou et salué le dialogue qui se tient à Astana », a-t-il indiqué.

« Logique et sagesse »
Samedi soir, le responsable iranien s'est rendu à la Maison du Centre pour un entretien avec le Premier ministre Saad Hariri en présence notamment de l'ambassadeur d'Iran Mohammad Fateh Ali. À l'issue de la réunion, M. Boroujerdi a déclaré : « Nous avons tenu une réunion constructive et positive avec le Premier ministre Hariri (...). Nous l'avons félicité pour la nouvelle année et avons transmis les salutations du premier vice-président M. Jahangiri ».
« En ce qui concerne les relations bilatérales entre les deux pays frères, nous avons annoncé la volonté permanente et ferme de l'Iran de bâtir sur les circonstances politiques positives et constructives au Liban, afin de promouvoir les relations bilatérales dans divers domaines. Nous voyons un grand potentiel, tant en Iran qu'au Liban, sur lequel nous pouvons nous appuyer afin d'améliorer les relations dans divers domaines, notamment dans les secteurs économiques et commerciaux », a-t-il ajouté.
Concernant la Syrie, le dirigeant iranien a affirmé avoir perçu au cours de la réunion « une position commune en Iran et au Liban sur l'importance de choisir la voie politique pour résoudre la crise en Syrie (...) ». « Nous sommes convenus que les actes honteux et odieux accomplis par les groupes extrémistes takfiristes terroristes ne sont en aucune façon liés à la religion musulmane », a-t-il indiqué, appelant les dirigeants de « nombreux » pays islamiques à faire preuve de « rationalité, logique et sagesse dans leur approche ».

Le vice-ministre chinois des AE
Autre personnalité de premier plan à visiter Beyrouth au cours du week-end, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Ming qui est arrivé au Liban en compagnie d'une importante délégation de son ministère. Au palais présidentiel, il s'est entretenu avec Michel Aoun en présence notamment de l'ambassadeur chinois, Wang Kejian. M. Ming a transmis le souhait de son gouvernement d'approfondir les relations entre les deux pays. Le président de la République a quant à lui remercié la Chine de se montrer solidaire du Liban devant la communauté internationale. Il a aussi exprimé le souhait de voir Pékin apporter son aide dans la gestion de la crise des réfugiés syriens qui pèse sur le Liban « afin que ces derniers puissent rentrer chez eux en toute sécurité ».
M. Ming a également rencontré le président du Parlement Nabih Berry à Aïn el-Tiné. À l'issue de leur entretien, le responsable chinois a confié qu'il revenait au Liban après 20 ans d'absence et qu'il y a noté « de grands progrès ». Il a aussi déclaré que son pays était prêt à contribuer à plus de progrès encore dans les domaines socio-économiques.

Ouverture d’une session parlementaire extraordinaire du 9 janvier au 20 mars