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Culture - Exposition

Déracinés des ailes, de Haïfa à Ramallah...

L'exposition Roots of Identity est aussi itinérante que les identités dont elle porte la voix. De Haïfa à Ramallah, en passant par Amman, elle a déposé ses valises dans une impasse de Gemmayzé, à la galerie Art on 56*, jusqu'au 7 janvier. Abed Abdi, Fouad Agbaria, Michael Hallak, Samah Shihadi et Karim Abou Chakra font dialoguer trois générations après la Nakba. L'écartèlement de la diaspora a-t-il entraîné une ironique diversification des arts palestiniens? Quel dénominateur commun à ces fractions de voix? L'identité palestinienne est-elle à raviver ou à réinventer? Et une dernière interrogation que l'exposition pose malgré elle: est-ce en questionnant l'identité si frontalement que l'on touche à l'essence?

Identités meurtrières
«De Haïfa à Beyrouth, le long de la côte-sud, montent la paix et l'amour. Beyrouth est une ville de soutien pour Haïfa et son peuple», déclare Abed Abdi, artiste né en 1942 de la première génération après la Nakba. Il poursuit: «L'initiative de cette exposition, qui réunit plusieurs générations et talents palestiniens après la fuite de 1948, est un événement important. Elle relate et chronique les histoires des migrations et des réfugiés, qui sont si saillantes dans l'histoire de la Palestine.» Les cinq artistes reprennent une parole dérobée et trouvent leur voix et leurs mots sans se répondre, dans un chœur hétéroclite mais harmonieux. La délicatesse et la sensualité des toiles de Samah Shihadi se retrouvent dans la fragilité de celles de Abed Abdi et se dissout dans les cicatrices bigarrées de Karim Abou Chakra. Les cactus et leurs textures mouchettent les aplats disparates de Fouad Agbaria et s'engloutissent dans ces sables émouvants. Les artistes déracinés expriment un état de non-appartenance qui est aussi un état de tous les droits.

Identités réinventées
Cette identité non habitée est projetée sur les cimaises dans une oscillation funambule écartelée entre la Cisjordanie et Gaza, entre les camps palestiniens de Jordanie et un appartement cossu au cœur du bruissement de Haïfa. Les arbres sans racines esquissés par Abed Abdi perdent leur généalogie dans les nervures de leur écorce. La tension intérieure se cristallise sur chacune des œuvres de l'exposition pléthorique et de ses identités meurtrières. Roots of Identity décante une aphorie simple: l'identité est-elle à découvrir ou à recréer? Envisager toujours la question de l'essence dans une synergie déductive la rend trop évidente et immédiate pour être efficace. C'est lorsque les détails sont inductifs qu'ils sont les plus touchants et qu'ils révèlent la nature fragmentée des identités palestiniennes – leurs errements dérivent et se muent soudainement en errance.

*Galerie Art on 56, rue Gemmayzé, ouverte de 10h à 19h, tous les jours sauf dimanche et lundi.

L'exposition Roots of Identity est aussi itinérante que les identités dont elle porte la voix. De Haïfa à Ramallah, en passant par Amman, elle a déposé ses valises dans une impasse de Gemmayzé, à la galerie Art on 56*, jusqu'au 7 janvier. Abed Abdi, Fouad Agbaria, Michael Hallak, Samah Shihadi et Karim Abou Chakra font dialoguer trois générations après la Nakba. L'écartèlement de la...

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