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Culture - Beirut Chants / Entretien

Rami Khalifé, ni ici ni ailleurs, mais un succès toujours retentissant

Trente-cinq ans et toute la fougue de la jeunesse. Avec un parcours d'ouragan. Le talentueux musicien sera au clavier ce soir, à l'église Saint-Louis des capucins. Décoiffant sans doute, une fois de plus...

Rami Khalifé : « Jouer dans une église a toujours une saveur particulière. » Photo Georges Yammine

Rami Khalifé, ni ici ni ailleurs, avec un succès retentissant, comme son groupe « Aufgang », titre allemand pour désigner ce qui est intermédiaire. Du classique au rock en passant par le jazz et les improvisations, cet élève superdoué du Conservatoire national de région de Boulogne-Billancourt et de la Julliard School of Music de New-York sera ce soir à l'église Saint-Louis des capucins dans le cadre du festival Beirut Chants. Le bouillonnant jeune homme a la musique dans le sang. Et bon sang ne saurait mentir ! Du Qatar à Leipzig en passant par le Kennedy Center à Washington, le Sydney Opera House, le Queen Elizabeth Hall à Londres ou la salle Pleyel à Paris, le succès de Rami Khalifé n'a pas fléchi.

Qu'il interprète en toute maestria la plus périlleuse sonate de Prokofiev, qu'il compose un requiem à parfum de printemps arabe, qu'il donne à entendre son Chaos ou qu'il lutine, triture, matraque, caresse, incendie les touches de son clavier pour les plus improbables improvisations (bonjour le jazz et autres cadences et rythmes du monde !), le jeune musicien a toujours les faveurs de l'auditoire.
Juste avant qu'il ne débarque à Beyrouth de sa tournée de concerts aux États-Unis, par voie de courrier électronique, six questions pour tenter de cerner un talent, une personnalité qui brise le cou aux clichés conventionnels, une inspiration qui fait feu de tout bois.

Appartenant à une famille où la musique s'érige en vocation et tradition, et à l'ombre d'un père, Marcel Khalifé, qui a toutes les faveurs du public, était-il facile de se faire un prénom ?
Rien n'est jamais acquis d'avance ! Être le fils d'une personnalité comme mon père n'est pas chose facile, mais je pense avoir une vision et une identité musicales fortes, différentes et indépendantes de Marcel. Et c'est ce qui compte le plus pour moi.

Il est clair que vous aimez la musique avec un grand M. Mais laquelle a votre préférence ? Orientale ? Jazz ? Classique ? Et quels sont vos compositeurs favoris, ceux qui parlent à votre cœur et votre esprit ?
J'ai toujours accueilli toutes sortes de musiques sans aucun préjugé ni a priori. Je suis contre la ségrégation musicale et pour la liberté de création : jouer dans un festival classique, électronique ou rock ne me pose aucun problème. Au contraire, c'est une source de motivation supplémentaire de pouvoir jouer pour plusieurs genres de public.

Vous êtes un pianiste virtuose. Votre interprétation de Prokofiev en est une preuve patente, si besoin en est encore. Vous préférez être seul devant un clavier ou avec un ensemble pour participer ou donner la réplique ?
Le plus important, c'est le partage. Partager avec un public ou des musiciens revient au même. Mais être seul sur scène est toujours plus difficile et stressant car on porte toute la pression tout seul, on se met à nu.

 

(Lire aussi : Marcel Khalifé, le musicien toujours debout)

 

Vous allez improviser au piano ce soir. Qu'est-ce qui vous inspire dans une église, un lieu saint ? Cela crée-t-il une atmosphère différente pour l'exécution musicale ou c'est comme en tout lieu, c'est-à-dire dès que vous êtes devant les touches, vous oubliez lieu et public ?
Jouer dans une église a toujours une saveur particulière : l'architecture, le silence, le sacré, l'atmosphère. Il y a une certaine élévation qui vous porte et sans aucun doute la musique que je vais jouer sera fortement imprégnée du lieu.

Quels sont les échos de votre tournée aux États-Unis ?
Quel est le plus beau compliment reçu ? Et la critique la plus virulente ?
De très bons échos en général. J'ai eu beaucoup de bonne presse, dont le Huffington Post qui a salué ma composition Stories. La plus virulente critique peut être celle d'un journaliste d'un certain âge qui, vraisemblablement, n'avait pas apprécié le côté futuriste de ma composition... Mais aussi un autre journaliste (Bernard Jacobson) du même âge qui, de son côté, a sans doute mieux évolué avec son temps et a écrit un article très positif ! Donc on voit bien que l'âge n'a pas vraiment d'importance. Et que l'on peut rester jeune dans sa tête toute une vie...

Pouvez-vous nous parler de l'œuvre Stories commanditée par l'Orchestre de chambre de Philadelphie ? De quoi s'agit-il ?
Stories est une espèce de concerto pour piano futuriste. Le piano est amplifié par des micros, il y a des effets de son sur l'orchestre et le piano, gérés par l'ingénieur du son en façade (reverb, delay). Les influences sont multiples et cela va de la musique baroque jusqu'à la musique électronique, en passant par le jazz et le rock. Stories, c'est un peu une épopée, un voyage dans le temps, un album d'histoires qui parle de la guerre, de l'enfance et de la joie. Une œuvre qui parle tout simplement de la vie, au sens large du terme.

*Dans le cadre du festival Beirut Chants, et dans l'un des avant-derniers concerts du cycle des manifestations musicales, Rami Khalifé fera, ce soir, des improvisations au piano à l'église Saint-Louis des capucins à 20 heures précises.
Entrée libre.

 

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