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À La Une - Turquie

Ambassadeur russe assassiné : Ankara suit la piste Gülen, Moscou circonspect

Le porte-parole du Kremlin a souligné l'importance d'"attendre les résultats du travail du groupe d'enquête", ajoutant qu'il ne fallait "pas tirer de conclusions hâtives.

Le cercueil de l'ambassadeur russe en Turquie, Andrei Karlov, tué le 19 décembre 2016 à Ankara, porté lors d'une cérémonie à l'aéroport Esenboga, situé dans la capitale turque, le 20 décembre 2016. AFP / ADEM ALTAN

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mercredi que l'assassin de l'ambassadeur russe appartenait au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, bien que le Kremlin ait estimé qu'il était trop tôt pour désigner les responsables.

Le réseau guléniste, à qui Ankara impute le putsch avorté de la mi-juillet, a été mis en cause dès mardi soir, à peine 24 heures après l'assassinat, par le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu et M. Erdogan a enfoncé le clou mercredi. "C'est un membre de l'organisation terroriste FETO, il n'y a pas besoin de dissimuler cela", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse à Ankara, utilisant l'acronyme désignant le réseau de M. Gülen. Les éléments "le montrent", a-t-il affirmé, évoquant "l'endroit où il a été éduqué" et "ses relations".

Le spectaculaire assassinat est survenu en plein réchauffement des relations entre Ankara et Moscou qui ont parrainé une trêve ayant permis d'entamer l'évacuation de la partie est d'Alep tenue par les rebelles. Les deux pays ont dénoncé une "provocation" visant à saboter leur coopération.
Sous l'objectif des caméras, Mevlüt Mert Altintas, un policier âgé de 22 ans, a tué lundi de neuf balles l'ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, avant d'être lui-même abattu, après avoir lancé "Allah Akbar" et affirmé vouloir venger Alep.

Malgré ces déclarations qui semblent lier cet acte à la situation en Syrie, les enquêteurs turcs suivaient, selon les médias, la piste du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Erdogan qui l'accuse d'avoir ourdi le putsch manqué. "Je suis obligé de dire encore une chose (...) Cette vile organisation existe encore dans les rangs de notre police, tout comme dans notre armée", a déclaré M. Erdogan mercredi.
Mais le porte-parole du Kremlin a souligné mercredi l'importance d'"attendre les résultats du travail du groupe d'enquête", ajoutant qu'il ne fallait "pas tirer de conclusions hâtives tant que l'enquête n'avait pas déterminé qui est derrière l'assassinat de notre ambassadeur".

 

(Lire aussi : Ankara et Moscou, nouveaux arbitres du conflit syrien ?)

 

"Preuves solides"
Fait inédit, la Turquie a accepté la participation aux investigations de 18 enquêteurs russes, dépêchés par Moscou et qui ont pris part, à Ankara, à l'autopsie du corps d'Andreï Karlov.

"Il est vraisemblable que les Russes ne se satisferont pas d'explications comme +L'assassin de Karlov est un guléniste+", remarque mercredi Murat Yetkin, rédacteur en chef du quotidien Hürriyet. "Ils demanderont des preuves solides", ajoute-t-il. Selon les médias turcs, les enquêteurs ont retrouvé des livres sur l'organisation guléniste lors de la perquisition du domicile de Mevlüt Mert Altintas, et passaient en revue les relations nouées par le policier.

Les autorités retenaient mercredi 11 personnes en garde à vue, dont plusieurs proches du tireur, qui servait depuis deux ans et demi dans les forces de police anti-émeutes à Ankara. Selon un chroniqueur de Hürriyet Abdulkadir Selvi, le jeune policier a été membre du dispositif de sécurité entourant le président Erdogan à huit reprises depuis le putsch manqué en juillet.

 

(Lire aussi : L'assassinat du diplomate russe ne peut être aujourd'hui interprété comme un casus belli)

 

Funérailles jeudi
Outre le putsch avorté, dans lequel M. Gülen dément toute implication, le gouvernement turc présente souvent ce prédicateur comme la principale source des maux dont souffre le pays.

Après l'assassinat de l'ambassadeur, M. Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis et d'où Ankara réclame en vain son extradition depuis le putsch raté, s'était dit "choqué et profondément attristé".

Mardi soir, M. Cavusoglu avait affirmé à son homologue américain John Kerry que "la Turquie et la Russie savent que derrière l'attaque (...) il y a FETO".
"Nous devons laisser les enquêteurs faire leur travail", a pour sa part affirmé le porte-parole du département d'Etat américain John Kirby, soulignant la nécessité de suivre "les faits et les preuves" avant de "tirer des conclusions hâtives".

Andreï Karlov, dont le corps a été rapatrié mardi soir en Russie, sera inhumé jeudi après un hommage national, notamment en présence du président Vladimir Poutine, a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

 

 

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