Le nouveau gouvernement, une question d’heures ?

L'annonce de la formation du nouveau gouvernement ne serait plus qu'une question d'heures, indique-t-on de sources informées citées par notre correspondante politique, Hoda Chédid. Le moment serait aux retouches de dernière minute. Pour ces sources, le Premier ministre désigné Saad Hariri ne se rendra au palais présidentiel qu'avec, dans la poche, la dernière mouture du cabinet à naître.

À la Maison du Centre, les efforts sont actuellement axés sur l'option d'un cabinet composé de 24 portefeuilles, mais celle d'un cabinet de 30 ministres n'est pas exclue au cas où la première ne viendrait pas à être approuvée. C'est surtout Amal et le Hezbollah qui seraient en train d'effectuer un forcing de dernière minute afin d'obtenir la mise en place d'un cabinet élargi « pour que celui-ci puisse représenter toutes les forces politiques en présence », selon les termes employés par le député Ali Hassan Khalil, proche collaborateur du président de la Chambre, Nabih Berry. Amal se verrait alors confier les Finances, l'Agriculture et l'Économie, pendant que le Hezbollah récolterait l'Industrie, la Jeunesse et les Sports et un ministère d'État.

Mais ce qu'il convient aussi de retenir, ces dernières heures, ce sont les différences apparemment irréconciliables qui opposent le président de la République Michel Aoun au candidat malheureux à la présidentielle, Sleiman Frangié. Des contacts tous azimuts ont actuellement lieu pour tenter de réconcilier les deux hommes, d'autant plus que la manière dont M. Frangié a annoncé, lundi dernier, que le président de la Chambre Nabih Berry se « désistait » en sa faveur du maroquin des Travaux publics a envenimé davantage encore ces relations. Pour Baabda, en effet, la forme qu'a prise cette annonce fait ombrage aux prérogatives présidentielles. L'article 53 alinéa 4 de la Constitution précise en effet que le président de la République « (...) promulgue, en accord avec le président du Conseil des ministres, le décret de formation du gouvernement ». Il est donc, avec le chef du gouvernement, le seul à décider de la composition du cabinet à naître.

L'annonce faite par M. Frangié sur le perron de Aïn el-Tiné lundi dernier a également irrité le Courant patriotique libre dans son ensemble et les Forces libanaises. Pour ces deux composantes, cette déclaration n'est rien moins qu'une provocation. Les FL ont même été jusqu'à envisager leur retrait pur et simple de la formule gouvernementale en gestation « si c'est là le ton qui marque la formation du cabinet », selon les informations rapportées par Hoda Chédid.
Il semble cependant qu'il n'y ait pas eu d'accord préalable entre Nabih Berry et Saad Hariri pour « octroyer » de façon aussi cavalière les Travaux publics à M. Frangié. Cette solution n'aurait donc été envisagée que « sur le tas », à Aïn el-Tiné, dans un effort de conciliation.

Expliquant par ailleurs la proposition faite par M. Berry, Ali Hassan Khalil a affirmé à M. Hariri, qui l'a reçu hier, que le président de la Chambre a tout simplement répondu aux sollicitations de M. Frangié. Il s'est par ailleurs engagé à ne pas intégrer le nouveau cabinet sans le chef des Marada. Ce qui n'a, par contre, pas fait l'objet d'un accord entre MM. Berry et Frangié, c'est la manière dont ce dernier a rendu publics leurs pourparlers depuis le perron de Aïn el-Tiné. Dans ce contexte, selon des sources du 8 Mars citées par Hoda Chédid, Saad Hariri n'aurait pour l'heure aucun inconvénient à élargir le cabinet en gestation pour comprendre 30 ministères. Mais ces mêmes sources précisent aussi que même si le nouveau gouvernement ne comprenait que 24 ministres, cela ne constituerait pas un obstacle à sa naissance qui devrait en principe avoir lieu aujourd'hui mercredi.

S'il s'avère donc vrai que les FL ont accepté de s'occuper de la Santé plutôt que des Travaux publics et que le Parti socialiste progressiste a bel et bien donné son accord pour laisser le portefeuille de la Santé représenté jusque-là par le désormais emblématique Waël Bou Faour, alors la bonne nouvelle pourrait bel et bien sortir de Baabda aujourd'hui et signer ainsi la fin de la vacance institutionnelle qui ronge le pays depuis plus de deux ans déjà.

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