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À La Une - diplomatie

Les contacts entre Moscou et les talibans suscitent l'inquiétude

D'après des chefs talibans, ces contacts avec Moscou remontent au moins à 2007, mais se limitent à un "soutien moral et politique".

L'Afghanistan et les États-Unis se sont inquiétés récemment des signes de rapprochement entre la Russie et les talibans, et craignent que l'influence de Moscou ne complique une situation déjà très précaire. REUTERS/Stringer/File Photo

L'Afghanistan et les États-Unis se sont inquiétés récemment des signes de rapprochement entre la Russie et les talibans, et craignent que l'influence de Moscou ne complique une situation déjà très précaire.

L'administration russe assure ne fournir aucune aide à la milice islamiste, qui se montre de plus en plus menaçante pour les autorités afghanes et les forces étrangères toujours présentes, mais reconnaît l'existence de contacts limités, destinés selon elle à l'amener à la table des négociations.

A Kaboul, on estime que le soutien de Moscou est essentiellement politique, mais des rencontres organisées récemment à Moscou et au Tadjikistan ont éveillé les soupçons des services de renseignement, qui craignent que les "étudiants en religion" ne bénéficient d'une aide matérielle ou financière. Évoquant ces contacts, un haut responsable des services de sécurité afghans a parlé de "tendance dangereuse".

De passage à Washington, le général John Nicholson, commandant du corps expéditionnaire américain, a quant à lui regretté la semaine dernière que la Russie vienne s'ajouter à l'Iran et au Pakistan parmi les pays ayant une "influence néfaste" en Afghanistan. Il a en outre regretté que Moscou accorde du crédit aux extrémistes.

"Nous n'avons pas de relations intensives avec les talibans", a assuré jeudi l'ambassadeur russe à Kaboul, Alexandre Mantitski, tout reconnaissant l'existence de contacts destinés à assurer la sécurité des ressortissants russes et à encourager le processus de paix.

 

Ennemi commun
En accusant Moscou de soutenir les talibans, Washington et Kaboul cherchent à masquer l'aggravation du conflit et leur incapacité à y mettre fin, a ajouté le diplomate.

D'après des chefs talibans interrogés par Reuters, ces contacts avec Moscou remontent au moins à 2007, mais se limitent à un "soutien moral et politique". "Nous avions un ennemi commun. Nous avions besoin d'un appui pour nous débarrasser des États-Unis et de leurs alliés en Afghanistan, et la Russie voulaient que toutes les forces étrangères quittent le pays le plus vite possible", a déclaré l'un d'eux.

Plusieurs rencontres ont eu lieu récemment, dit-on de sources proches du mouvement et du gouvernement afghan. Le mollah Abdul Salam, gouverneur officieux de la province de Kunduz, a notamment rencontré des émissaires russes au Tadjikistan, selon Qasim Jangalbagh, chef de la police de province. Une autre entrevue s'est déroulée à Moscou même, ajoute-t-on dans l'entourage du président afghan Ashraf Ghani.

Des députés afghans ont par ailleurs réclamé l'ouverture d'une enquête sur la nature des relations russo-talibanes et ont adressé une demande de clarification à Moscou.

Kaboul n'a avancé aucune preuve d'une éventuelle aide matérielle, mais des vols d'hélicoptères suspects et la saisie d'armes de fabrication russe font craindre une implication de plus en plus importante de Moscou, d'après Qasim Jangalbagh. "Si les talibans mettent la main sur des armes anti-aériennes fournies, par exemple, par la Russie, la donne sera différente et il faudra oublier la paix", conclut-il.

 

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L'Afghanistan et les États-Unis se sont inquiétés récemment des signes de rapprochement entre la Russie et les talibans, et craignent que l'influence de Moscou ne complique une situation déjà très précaire.
L'administration russe assure ne fournir aucune aide à la milice islamiste, qui se montre de plus en plus menaçante pour les autorités afghanes et les forces...

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