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Liban - Entretien

Dion : Les chrétiens et les musulmans du Liban peuvent insuffler de l’optimisme au monde

Le ministre canadien des Affaires étrangères a accordé une interview à « L'Orient-Le Jour » et annoncera, aujourd'hui à Beyrouth, une aide supplémentaire de 8 millions de dollars US au Liban.

Le ministre canadien des Affaires étrangères lors de l’entretien. Photo Anne-Marie el-Hage

C'est sur les chapeaux de roue que le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a entamé sa visite libanaise, avec une tournée au Sud, samedi, au siège de la Finul, mais aussi dans deux camps, l'un, informel, de réfugiés syriens à Chawakir, et l'autre, palestinien, à Bourj el-Chemali, où il a entendu les doléances des populations déplacées. Dans ce second camp, où il a été pris à partie par des habitants inquiets pour leur avenir, il n'en a pas moins écouté leurs points de vue jusqu'au bout et poursuivi sa visite. Un incident à propos duquel il se contentera de dire à L'Orient-Le Jour, en fin de journée, lors d'une interview à l'hôtel Hilton Habtoor où il réside et avant de se rendre à dîner chez le Premier ministre Saad Hariri : « Dans les camps, les gens me disaient : Emmenez-nous avec vous. Mais si on pouvait en accueillir plus, on le ferait. »

Le Canada a déjà accueilli 35 000 réfugiés syriens, « dont la moitié vient du Liban », sélectionnés selon le critère de « vulnérabilité », selon un système de « parrainage » par des familles canadiennes. Il entend bien « continuer » dans cette voie. « Nous avons fait un effort pour accueillir plus de réfugiés sous le mandat du Premier ministre Justin Trudeau. Cela ne règle pas le problème, mais cela fait partie de la solution », souligne-t-il, reconnaissant « le fardeau que porte le Liban avec beaucoup de générosité ».

 

(Pour mémoire : Trudeau accueille 163 réfugiés syriens venus du Liban, premier charter vers le Canada)

 

Renforcer l'appui au Liban
Car le gouvernement canadien entend bien « renforcer son appui au Liban ». C'est dans ce cadre que se situe la visite de M. Dion, qui prend fin demain matin, à la tête d'une délégation. « Je suis là pour encourager les Canadiens qui travaillent avec les Libanais et rencontrer les dirigeants libanais à l'occasion du choix d'un président », ajoute-t-il à L'OLJ. « Il y aura donc l'occasion d'avoir des interlocuteurs au plus haut niveau (les présidents Michel Aoun et Nabih Berry, le Premier ministre désigné Saad Hariri, son homologue Gebran Bassil, notamment, mais aucune rencontre avec le Hezbollah, avec lequel Ottawa n'a aucun contact, car il est considéré comme une organisation terroriste). Et ce de façon à ce que l'appui et l'amitié du Canada soient bien organisés et bien orchestrés. »

Cet appui se situe à plusieurs niveaux, certes. D'abord « à la diversité libanaise », lance ce libanophile notoire. « Nous avons mis l'accent sur les pays qui sont dans la tourmente, comme l'Irak et la Syrie. Mais aujourd'hui, nous ne voulons pas laisser tomber les pays qui résistent à cette tourmente et qui en subissent les contrecoups plus directement que les autres. » Stéphane Dion espère en effet que le pays du Cèdre « résistera à la tourmente » et « réussira » dans ce sens. « C'est important pour les Libanais, pour les Canadiens qui ont une communauté libanaise très vibrante, pour la région et pour le monde », insiste le ministre, évoquant le « vent de méfiance » qui souffle un peu partour, principalement à l'encontre « de la communauté musulmane ». « Si le Liban pouvait montrer que les musulmans et les chrétiens peuvent non seulement se tolérer, mais bâtir quelque chose de plus grand et de plus formidable du fait qu'ils sont ensemble, ce serait un vent d'optimisme qui pourrait souffler sur le monde », assure-t-il.

Alors le Canada, « qui trouve son sens justement dans la capacité d'avoir des populations de langues, de religions et de préférences culturelles différentes », qui a « bâti quelque chose qui fait l'envie du monde », « voudrait aider » le Liban à ce niveau. « Parce que le Liban essaie de faire la même chose, mais dans des conditions extrêmement plus difficiles que nous », reconnaît le ministre, souhaitant que le pays parvienne à « résister aux pressions extrémistes et travailler d'une façon intercommunautaire pour que chacun se sente libanais et pas seulement membre d'un groupe religieux ».

 

(Pour mémoire : Le Canada fête 60 ans de présence diplomatique au Liban)

 

Lutter contre la radicalisation des jeunes
Ottawa entend aussi soutenir la sécurité, la défense et la stabilité du Liban, qui subit les contrecoups de la crise syrienne. C'est donc par l'annonce d'une aide supplémentaire de 8 millions de dollars US que M. Dion clôture ses activités au Liban. Cette aide vient s'ajouter aux 198,3 millions de dollars déjà accordés par les autorités canadiennes au Liban en raison de la crise syrienne. Elle a pour objectif d'« aider le pays à faire face aux pressions liées à l'afflux important de réfugiés », « d'engager des femmes libanaises et syriennes dans la stabilité sociale », d'apporter un « soutien à l'armée libanaise, afin qu'elle protège la frontière avec la Syrie », d'œuvrer « contre la radicalisation des jeunes » et « d'améliorer la gestion des prisons du pays ».

Par ailleurs, le gouvernement de Justin Trudeau « appuie davantage les réfugiés » syriens d'une part, et palestiniens, à travers l'Unrwa, sur le plan de l'aide de base (eau potable et santé) et de l'éducation. « Nous attachons énormément d'importance à l'éducation », affirme le ministre canadien des AE. « Nous redoublons aussi d'effort pour que les réfugiés syriens puissent rentrer chez eux lorsque la violence s'estompera, dans un avenir que nous espérons le plus proche possible », ajoute-t-il. Tout en espérant en contrepartie que « les financements qui viennent du contribuable canadien soient utilisés à bon escient et ne soient pas détournés vers d'autres fins ». « Nous sommes stricts sur ce point et c'est tout à fait légitime », note M. Dion.

 

Toujours pas de liaison directe Beyrouth-Montréal
Un point demeure toutefois en suspens entre Beyrouth et Ottawa, le rétablissement de la liaison directe entre la capitale libanaise et la ville de Montréal. Une liaison que le maire de Montréal, Denis Coderre, avait l'intention de rétablir, comme il l'avait récemment promis à L'OLJ, lors d'un passage à Beyrouth (voir notre édition du 30 septembre 2016). « S'il ne s'agissait que de moi, cela se ferait tout de suite. Je le souhaite autant que Denis Coderre », répond Stéphane Dion, tout de go. Le ministre des AE ne cache pas sa sympathie pour le Liban et les Libanais. Il faut dire que l'homme politique est également député fédéral de la circonscription de Saint-Laurent (sur l'île de Montréal), surnommée « Saint-Liban » en référence à la solide communauté libanaise qui s'y est établie. « Cette communauté serait très heureuse de voir la ligne directe rétablie, explique-t-il. Mais nous sommes en Amérique du Nord et les critères de sécurité sont plus grands (qu'en Europe). Il s'agit donc d'une considération de sécurité que le Canada prend très sérieusement. » Même s'il reconnaît « ne rien pouvoir promettre pour le moment », Stéphane Dion espère bien que cette décision se débloquera un jour.

 

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commentaires (6)

Pourquoi ? seulement les chrétiens et les musulmans...? les libanais dans leurs ensemble sont optimistes, pour insuffler de l'optimisme naturel libanais .......

M.V.

20 h 56, le 05 décembre 2016

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Commentaires (6)

  • Pourquoi ? seulement les chrétiens et les musulmans...? les libanais dans leurs ensemble sont optimistes, pour insuffler de l'optimisme naturel libanais .......

    M.V.

    20 h 56, le 05 décembre 2016

  • Quelque chose me dit qu'il ment . Il a rencontré des résistants du hezb . C'est pas le seul qui ment ni le premier . De toute façon merci d'alléger le fardeau et d'être à l'écoute, mr Dion . Juste une question qui n'a rien avoir avec le reste êtes vous parenté à la grande diva Céline ?

    FRIK-A-FRAK

    13 h 33, le 05 décembre 2016

  • A ce jour, nous Libanais, chrétiens et musulmans, sommes aveugles et n'avons pas conscience de la valeur incommensurable que le Liban peut avoir aux yeux du monde, en tant que pays modèle unique du vivre-ensemble politique et social brillamment réussi, entre nos deux communautés, soit entre christianisme et islam. Le ministre des Affaires étrangères du Canada vient nous rappeler cette vocation de notre pays. Au nom de l'islam, des fanatiques fous, ont réussi, par leur terreur, à faire hair cette religion et les musulmans par le monde entier. Preuve en est Trump et son "trumpisme". Un Liban modèle de ce vivre-ensemble serait une immense et singulière contribution en vue de la dissipation de ce sentiment mondial. Or que se passe-t-il dans ce pays ? Un chaos politique et sectaire interminable ne cesse de le secouer et de le tourmenter depuis des années et des années. Une classe politique, monstre d'égoisme, d'irresponsabilité et d'inconscience, ne cesse d'y semer ce chaos. Rien que l'actuelle tentative de formation d'un gouvernement enfin stable et productif, illustre bien cette réalité. Hélas toujours l'image d'un pays Tour de Babel voué à l'échec. Un grand "Failed State" !

    Halim Abou Chacra

    12 h 15, le 05 décembre 2016

  • ON ENTEND SUREMENT LES CHRETIENS ET LES MUSULMANS LIBANAIS A L,APPARTENANCE NATIONALE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 15, le 05 décembre 2016

  • LES 8 MILLIONS TOMBES DANS LES MAINS DE QUELLE BANDE ?

    Gebran Eid

    10 h 20, le 05 décembre 2016

  • ET LES PERSES ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 53, le 05 décembre 2016

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