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Économie - Liban - Compte rendu

Inspection mécanique : le bras de fer social continue

La décision, prise mercredi par le ministère de l'Intérieur d'exempter d'inspection mécanique les véhicules d'occasion en passe d'être vendus, a provoqué de nombreux remous, notamment hier, lors de la manifestation des syndicats des transports terrestres.

Les syndicats des transports terrestres ont bloqué hier pendant plusieurs heures l’entrée au service d’immatriculation des véhicules de Dekouané. Photo Ani

Alors que le dossier de l'inspection mécanique est bloqué sur le plan légal depuis la décision, fin août, du Conseil d'État de suspendre l'exécution du contrat entre l'État et la joint-venture libano-suisse Autospect/SGS – qui avait remporté, le 28 juillet, le marché pour la gestion et la modernisation des centres d'inspection mécanique –, ses conséquences pour les usagers et les employés des centres d'inspections se multiplient.

Le dernier rebondissement significatif en date est la décision prise mercredi par le ministre sortant de l'Intérieur et des Municipalités, Nouhad Machnouk, en réaction au blocage des quatre centres d'inspection mécanique du pays (Hadeth, Saïda, Zahlé et Zghorta) depuis le 17 octobre par les syndicats des transports terrestres qui demandent la nationalisation de la gestion de ces centres et l'annulation des résultats de l'appel d'offres.

 

 

(Pour mémoire : Inspection mécanique : les transporteurs terrestres mobilisés)

 

Transactions en suspens
La décision de M. Machnouk autorise pour une durée exceptionnelle de trois mois l'achat des véhicules d'occasion sans qu'ils ne fassent l'objet d'une inspection mécanique préalable. « Un citoyen souhaitant acquérir un véhicule d'occasion doit normalement le soumettre à une inspection mécanique, avant de pouvoir procéder à son immatriculation et au paiement de la taxe mécanique », a expliqué à L'Orient-Le Jour Hoda Salloum, directrice générale de l'Organisme de gestion de la circulation routière (OGCR), affilié au ministère de l'Intérieur. « La décision de M. Machnouk n'étant valable que pour les trois prochains mois, les véhicules concernés devront faire l'objet d'une inspection mécanique en 2017, avant le règlement de la taxe mécanique pour cette année », ajoute-t-elle, rappelant que cette procédure « demeure essentielle pour la sécurité routière », a-t-elle poursuivi.

Cette décision était réclamée par le syndicat des concessionnaires de voitures d'occasion, qui avait notamment directement interpellé M. Machnouk à ce sujet lors de leur manifestation le 19 novembre devant le service d'immatriculation des véhicules de Dekouané. « Plus de 600 transactions de véhicules d'occasion étaient en suspens depuis le blocage des centres d'inspection mécanique, et peuvent désormais avoir lieu depuis l'émission de cette décision », a indiqué à L'Orient-Le Jour le président du syndicat des concessionnaires de voitures d'occasion, Walid Francis, qui a par ailleurs participé hier à la manifestation des syndicats de transports devant le service d'immatriculation des véhicules. « J'y ai appelé les responsables politiques à écouter les revendications des syndicats, mais je ne veux plus interférer dans ce dossier », a-t-il affirmé.

 

(Pour mémoire : Les transporteurs bloquent la circulation, mais restent bredouilles)

 

 

Exemption de pénalités
Car la décision de M. Machnouk a également fait réagir les syndicats des transports terrestres qui ont bloqué hier pendant plusieurs heures l'entrée au service d'immatriculation des véhicules, à l'aide de cinq camions. « Cette décision est insuffisante car elle ne concerne que ceux souhaitant acheter des véhicules d'occasion et pas l'ensemble des citoyens », s'est insurgé auprès de L'Orient-Le Jour le président de la Fédération des syndicats du transport, Bassam Tleiss.

Tout véhicule en circulation depuis plus de trois ans doit annuellement être soumis à une inspection mécanique, et pour chaque mois de retard, son propriétaire devra s'acquitter d'une pénalité équivalente à 10 % du tarif de l'inspection (actuellement à 22 dollars pour une voiture). Interrogée sur ce point, Mme Salloum a répondu qu'en dépit du blocage des centres, « les véhicules ne seront pas dispensés d'une inspection mécanique », mais que « l'OGCR prépare actuellement un projet de loi les exemptant du paiement des pénalités de retard, qu'on va transmettre à la commission des Travaux publics. Car seul le Parlement est habilité à autoriser une telle mesure ».

Enfin, la décision aurait également eu une conséquence indirecte sur les employés de l'opérateur Fal, qui continue de gérer de facto les centres d'inspection depuis la suspension de l'exécution du contrat entre l'État et Autospect/SGS. Fal est gestionnaire depuis 2002 des 4 centres d'inspection mécanique existants, et a continué à opérer pendant l'année 2016 même si aucun contrat ne le lie à l'État depuis 2015, selon l'OGCR.

Dans son édition d'hier, le quotidien al-Akhbar a affirmé qu'en réaction à la décision de M. Machnouk, Fal aurait informé (jeudi) ses employés qu'il ne leur versera plus leurs salaires tant que le blocage des centres par les syndicats des transports terrestres se poursuivra. Interrogée sur ce point, Mme Salloum a déclaré ne pas être au courant. Contacté par L'Orient-Le Jour, le directeur général de Fal, Walid Sleiman, n'était pas joignable pour réagir à ce sujet.

Les employés de Fal avaient déjà manifesté le 11 novembre pour réclamer leur maintien de leurs postes même en cas de changement de l'opérateur. Autospect/SGS, la joint-venture ayant gagné fin juillet l'appel d'offres, s'était déjà publiquement engagée à conserver le personnel actuel et à recruter des dizaines d'autres personnes.

 

 

 

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Dans l'ex-union soviétique toute la population active était des fonctionnaires.

DAMMOUS Hanna

11 h 03, le 27 novembre 2016

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Commentaires (1)

  • Dans l'ex-union soviétique toute la population active était des fonctionnaires.

    DAMMOUS Hanna

    11 h 03, le 27 novembre 2016

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