Aoun : Le moment est venu de construire une nation

Le président libanais Michel Aoun a prononcé lundi à 20 heures son discours à la nation, à la veille de la fête de l'Indépendance. Il a, à cette occasion, affirmé que la priorité est à la consolidation de l'unité nationale et à la construction d'une nation.

"Demain, nous célébrons notre soixante-treizième anniversaire depuis l'indépendance. Cette année, cette occasion a un goût particulier, notre lutte a porté ses fruits, le sang de nos martyrs a fleuri, et la promesse que nous leur avons faite est sur le chemin de la réalisation (...), a affirmé le président de la République. Ayons tous la volonté et la détermination de faire en sorte que cette occasion reste joyeuse et ne redevienne pas une triste commémoration. Je suis confiant, nous le pouvons".

"Cela fait plusieurs années que le Liban vit au milieu d'une région frappée par des guerres qui, au départ, avaient commencé par être des mouvements de protestations réclamant l’amélioration des systèmes mais qui ont ensuite sombré dans la violence, a déclaré M. Aoun. Le Liban interagissait et subissait les conséquences et ce climat de tension a failli disloquer l'unité nationale". "Pour cette raison, la consolidation de l'unité nationale est une priorité parce qu'elle protège le Liban des conséquences de ce qui se passe autour de lui. Assurer la stabilité du pays relève de notre responsabilité à tous", a-t-il ajouté. 

"Libanais, vous êtes inquiets pour votre stabilité, mais aussi pour votre indépendance. Vous avez l'impression qu'elle est menacée en raison des ingérences étrangères (...) Nous nous devons d'immuniser l’Indépendance et lui redonner sa force, ce qui signifie que nous ne devons pas recourir à l'étranger et ce dans notre propre intérêt", a affirmé M. Aoun.

"L'Indépendance n'est pas uniquement une célébration mais aussi des cœurs battants, un peuple uni sur une terre, que nous nous devons de préserver", a-t-il poursuivi. Nous ne devons pas traiter cette terre comme un produit à vendre, car si nous la vendons nous perdrons notre identité". "Un peuple sans terre est un réfugié, a martelé M. Aoun. Votre terre est votre identité, alors préservez-la". 

C'est la deuxième fois que Michel Aoun s'exprime après son accession à la magistrature suprême, le 31 octobre. Une semaine après son discours d'investiture, il avait eu l'occasion, le 6 novembre, de s'adresser à ses partisans venus le féliciter devant le "palais du peuple" à Baabda.

(Lire aussi : Kahwagi : L'élection de Aoun ouvre une nouvelle page)

"Retroussez vos manches"
Dans la deuxième partie de son discours, M. Aoun s'est attaqué à la corruption. "Libanais, quel que soit le changement que nous souhaitons, rien ne peut être fait avant de combattre la corruption (...). Les effets de la corruption sont dévastateurs, a-t-il affirmé. Il est sage de se demander : pourquoi la corruption est-elle si endémique ? Est-elle imposée uniquement à notre société et à notre pays ? Bien sûr que non, la corruption fait partie de la nature humaine, mais elle peut être combattue par l'éducation et par la loi".

"Nous avons des frères et sœurs, des citoyens qui vivent dans les régions frontalières, du Nord au Sud, formant un bouclier de protection pour le Liban, a poursuivi M. Aoun. Nous devons leur accorder une attention particulière, développer leurs villes et villages, développer nos zones rurales, promouvoir les liens qui lient les habitants à l’État, cela consolide l'unité nationale et réduit la migration".

Dans la dernière partie de son discours, c'est à l'armée que M. Aoun a rendu hommage. "En dépit des intérêts contradictoires et des divisions profondes qui se sont produites autour du Liban et malgré les menaces contre l'unité nationale, notre armée a tenu fermement son rôle, a-t-il affirmé. La troupe préserve la stabilité et mérite la confiance des citoyens (...). Quand les dangers menacent le pays, l'armée reste sa soupape de sécurité et le noyau fort de son unité nationale".

"Ce que notre armée fait à l'intérieur du pays, elle peut aussi bien le faire aux frontières si ses capacités sont renforcées et si elle est formée aux combats auxquels elle pourrait être confrontée à l'avenir. L'État doit assumer la responsabilité d'équiper l'armée parce que les nations ne peuvent être protégées que par leurs propres fils", a souligné M. Aoun.

"Je crois à la grandeur d'un peuple qui sort des décombres de sa maison démolie, retire la poussière de son visage, relève ses manches et s'apprête à poser de nouvelles pierres, a-t-il ajouté. Aujourd'hui, les bases de la nation doivent être posées, et je suis certain que vos bras, qui n'ont jamais épargné aucun effort dans les temps difficiles, ne seront pas gagnés par la lassitude ou la faiblesse".

"Les espoirs que vous avez placés autour de cette présidentielle sont élevés et comme nous avons fait ce chemin ensemble, c'est ensemble que nous le compléterons. Par conséquent, retroussez vos manches, le moment est venu de construire une nation", a conclu le chef de l’État.

A l'occasion de la fête de l'Indépendance, un défilé militaire sera organisé mardi près du port de Beyrouth, en présence du chef de l'État. La présence du Premier ministre désigné Saad Hariri lors de cette cérémonie reste à confirmer. La formation du gouvernement, espérée avant mardi, n'est toujours pas finalisée.

Les deux années précédentes, le Liban avait été privé de célébrations officielles en raison de la vacance à la présidence, qui avait duré du 25 mai 2014, date de la fin du mandat du président Michel Sleiman, jusqu'au 31 octobre dernier, date du début du mandat du président Michel Aoun.

Lire aussi
Une cérémonie sobre et solennelle pour accueillir le « drapeau du peuple » à Baabda

La naissance de l'équipe Hariri bute encore et encore sur le nœud chiite