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À La Une - Proche-Orient

Tourisme alternatif et géopolitique sur les hauteurs du Golan

Un guide touristique arabe israélien organise des excursions notamment près de la rivière Hasbani, source de tension entre Israël et le Liban.

Un groupe de touristes israélien visite les anciens quartiers généraux de l'armée syrienne à Qouneitra, dans le Golan, le 20 août 2016. AFP / JALAA MAREY

Une cinquantaine de jeunes Arabes israéliens en excursion écoutent attentivement leur guide, Emad Madah, en haut d'un immeuble abandonné. Au loin, la fumée des combats en Syrie s'élève dans le ciel. Emad Madah explique les combats dans les plaines syriennes, dont ces jeunes sont les témoins à distance depuis les hauteurs du plateau du Golan conquises par Israël sur la Syrie en 1967 et annexées depuis. Il explique aussi la nature et l'environnement.

Les auditeurs ne dissimulent pas leur plaisir. "A chaque fois, j'en apprends davantage sur la nature, et je revis dans ma tête les événements de l'Histoire", dit Roni Haloon, un étudiant de 23 ans du village arabe israélien d'Isfiya, qui participe pour la deuxième fois à une visite avec M. Madah. Si les plages et les stations balnéaires abondent au Proche-Orient, il existe en effet d'autres options de détente pour ceux qui s'intéressent à la situation géopolitique chargée de la région.

Emad Madah n'est pas le seul à organiser des sorties qui font découvrir à la fois les beautés et l'histoire du territoire: d'autres, Israéliens ou Palestiniens, proposent des visites d'un autre territoire occupé, la Cisjordanie, fournissant leur version d'un des plus vieux conflits de la planète. Les excursions proposées par Emad Madah attirent surtout un public jeune et instruit, mais aussi quelques personnes plus âgées, en général instruites elles aussi.

Emad Madah est un Arabe israélien, c'est-à-dire qu'il est à la fois le descendant des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948 à la différence de centaines de milliers d'autres, et qu'il est citoyen israélien.
Le but de son projet est "à la fois éducatif et ludique", dit-il: plus que de gagner de l'argent, il s'agit d'aider les gens "à comprendre le Golan syrien avant et après l'occupation" israélienne. Ses excursions d'une journée - comptez une dizaine d'heures, du matin au soir, pour un prix de 100 shekel (26 dollars) assez abordable - soutiennent aussi l'économie locale, les restaurateurs et les producteurs de cerises, de pommes, de poires et de pêches qu'achètent les touristes.

 

(Pour mémoire : Pour Netanyahu, le Golan « restera pour toujours » israélien)

 

"Il y avait un village..."
M. Madah, qui travaille aussi dans les domaines du théâtre et de la culture, s'est lancé dans le tourisme alternatif il y a sept ans. Lors d'une récente excursion, il exposait le sort de Qouneitra, de l'autre côté de la ligne de démarcation. La localité a été prise en 1967 par Israël et partiellement détruite dans les combats. Elle est retombée entre les mains de la Syrie en 1973, puis à nouveau d'Israël, qui s'en est finalement retiré en 1974.
Aujourd'hui, Qouneitra est tenue par des rebelles syriens qui combattent les troupes du président syrien Bachar el-Assad.

Non loin de là, du côté israélien de la ligne de démarcation, l'armée israélienne autorise désormais à visiter les anciens quartiers généraux de l'armée syrienne. Le bâtiment de trois étages a gardé les traces des combats. Une plaque salue la mémoire de l'espion israélien Eli Cohen, un héros en Israël qui aurait joué un rôle important dans la victoire israélienne sur la Syrie. Démasqué par les Syriens, il a été pendu publiquement en 1965.
La visite amène les marcheurs près de la rivière Hasbani, source de tension entre Israël et le Liban au point de presque déclencher une guerre en 2002, explique M. Madah.

Avant 1967, le Golan occupé par Israël, massif largement composé de basalte culminant à une altitude moyenne de 1.000 mètres, abritait 250 villages et environ 150.000 habitants, dit M. Madah. La plupart ont été détruits. Ne subsistent que les villages d'Ein Qiniye, Buqata, Masada, Majdal Shams et Ghajar.
Avant 1967, chrétiens, musulmans, druzes et circassiens vivaient là, mais beaucoup sont partis pour la Syrie pendant la guerre. Environ 22.000 druzes syriens vivent aujourd'hui sur la partie israélienne du plateau, ainsi que 25.000 Israéliens venus après 1967.
"Ici, il y avait un village" appelé Jbat al-Zeit, aujourd'hui détruit et désormais remplacé par la colonie israélienne de Neve Ativ, dit M. Madah sur la route du retour vers son village natal de Majdal Shams.

 

 

Pour mémoire

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