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À La Une - Corée du Sud

Manifestation monstre à Séoul pour réclamer la démission de la présidente

Park Geun-Hye est accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère qui aurait profité de son ascendant pour contraindre des groupes industriels à verser des sommes qu'elle aurait utilisées à des fins personnelles.

Des centaines de milliers de Sud-coréens sont descendus samedi dans les rues de Séoul pour l'une des plus grandes manifestations antigouvernementales jamais vues dans le pays, réclamant la démission de la présidente Park Geun-Hye empêtrée dans un retentissant scandale. AFP / YONHAP

Des centaines de milliers de Sud-coréens sont descendus samedi dans les rues de Séoul pour l'une des plus grandes manifestations antigouvernementales jamais vues dans le pays, réclamant la démission de la présidente Park Geun-Hye empêtrée dans un retentissant scandale.

Les organisateurs, cités par l'agence Yonhap, ont affirmé que la manifestation avait regroupé un million de personnes. La police, qui avait déclaré dans un premier temps s'attendre à une foule de quelque 170.000 personnes, a estimé à 260.000 le nombre de manifestants selon l'agence de presse.

Cette manifestation monstre est la troisième d'une série de protestations hebdomadaires contre Mme Park qui se bat pour sa survie politique. Les autorités ont appelé au calme et 25.000 policiers ont été déployés dans la capitale, bloquant tous les accès à la Maison bleue, le siège de la présidence.

A la nuit tombée, une marée humaine avait envahi le boulevard Gwanghwamun, brandissant des bougies et scandant des slogans réclamant la démission de la présidente. Des lycéens côtoyaient des retraités, des religieuses catholiques, de jeunes couples venus avec leurs enfants ou des agriculteurs.

 

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Park Geun-Hye est accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère de l'ombre, Choi Soon-Sil, qui aurait profité de son ascendant pour contraindre des groupes industriels nationaux, comme Samsung, à verser de larges sommes à des fondations douteuses, sommes qu'elle aurait ensuite utilisées à des fins personnelles. Mais l'opinion publique s'inquiète aussi de savoir si Mme Choi s'est ingérée dans les affaires de l'Etat et a eu accès à des documents confidentiels alors qu'elle n'avait ni fonction officielle ni habilitation de sécurité.

"Park Geun-Hye doit démissionner, parce qu'elle n'a pas pris soin de notre pays", a affirmé Pak Ye-Na, un collégien âgé de 11 ans. La manifestation qui s'est déroulée au son des tambours est restée pacifique, les militants se succédant sur une tribune géante pour galvaniser la foule. "Nous sommes si proches de la Maison bleue. Qu'elle nous entende rugir!", s'est exclamé un orateur sous les acclamations.
Lors d'une conférence de presse vendredi, le Premier ministre adjoint Lee Joon-Sik a demandé "que le public coopère afin que la manifestation soit légale et pacifique".

Des dizaines de milliers de protestataires avaient été acheminés à Séoul en bus et en train. "C'était notre anniversaire de mariage hier, mais nous avons annulé notre voyage d'anniversaire et sommes venus à Séoul parce que nous pensons que c'est plus important pour notre fille", a affirmé Cho Joo-Pyo, venu avec sa femme et leur fille de deux ans de Jeonju, à quelque 200 km au sud de Séoul.
Un groupe d'un millier de manifestants est même venu par avion de l'île méridionale de Jeju.

 

(Lire aussi : Crise politique en Corée du Sud: deux anciens conseillers présidentiels arrêtés)

 

'Elle doit partir'
Tentant d'apaiser la colère populaire, la présidente a présenté plusieurs fois des excuses, limogé de hauts responsables et a même accepté de renoncer à certaines de ses prérogatives, mais en vain. "Je suis ici pour demander la démission de Park Geun-Hye. Ses excuses n'ont aucun sens. Elle doit partir", a affirmé Cho Ki-Mang, 66 ans. "Nous sentons le poids de la mauvaise humeur populaire", a admis vendredi le porte-parole présidentiel Jung Youn-Kuk.

Mme Park a reconnu être responsable du scandale qui implique sa confidente et amie de 40 ans, en ayant été, par amitié, "négligente" et insuffisamment vigilante. Mais elle a démenti des informations selon lesquelles elle aurait participé, sous l'influence de celle que les médias sud-coréens surnomment "Raspoutine", à un culte religieux d'inspiration chamanique.

La confidente de Mme Park est la fille d'un mystérieux chef religieux, Choi Tae-Min, devenu son mentor après l'assassinat de sa mère en 1974. Mme Choi a été arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir.

Les procureurs enquêtant sur le scandale de corruption impliquant la présidente ont interrogé le patron du plus grand aciériste du pays, Posco, M. Kwon Oh-Joon, ainsi qu'un responsable de Samsung Electronics ce week-end.

La plupart des experts estiment que Mme Park, dont le quinquennat s'achève dans un peu plus d'un an, devrait réussir à s'extirper du scandale et rester en poste jusqu'au terme de son mandat, mais avec une autorité et une capacité à gouverner fortement diminuées.

La manifestation de samedi est la plus importante en Corée du Sud depuis les grands rassemblements prodémocratie de la fin des années 80.

 

 

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