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Moyen Orient et Monde - Focus

Pourquoi les pays de l’UE n’arrivent-ils pas à adopter une attitude commune face à la Russie ?

Les liens ne cessent de se tendre entre l'Union européenne et la Russie à mesure que durent les conflits en Ukraine et en Syrie, provoquant parallèlement des divisions intra-européennes.

En effet, depuis l'annexion par la Russie de la Crimée en mars 2014, considérée comme illégale, l'UE a imposé une série de sanctions économiques et diplomatiques au Kremlin. Les bombardements russes sur la ville d'Alep ont en outre influencé la reconduction de ces sanctions en juillet 2016. Plus récemment, les antagonismes entre Russes et Occidentaux à l'Onu sur le dossier syrien ainsi que l'annulation de la visite de Vladimir Poutine prévue initialement le 19 octobre dernier à Paris amènent les Européens à se positionner encore une fois face à la Russie. Or le consensus au sein de l'UE n'est plus d'actualité.

Les 20 et 21 octobre dernier, un sommet européen s'est tenu à Bruxelles, réunissant les chefs d'État ou de gouvernement des 28 pays membres (le Royaume-Uni n'étant pas encore sorti, techniquement, de l'Union). Durant cette réunion, le tandem Paris-Londres s'est prononcé pour hausser le ton face aux Russes et envisager des sanctions supplémentaires. L'Allemagne et l'Espagne ont adopté une position modérée ; l'Autriche, la Hongrie, la Grèce et l'Italie ont été formellement contre. Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a déclaré : « Nous devrions faire tout ce qui est possible en faveur d'un accord de paix en Syrie, mais il est difficile d'imaginer que cela soit lié à de nouvelles sanctions contre la Russie. »

Le Polonais Donald Tusk, président du Conseil européen, prône pour sa part plus de pressions contre Moscou : « Les dirigeants ont mis en évidence ce que fait la Russie, que ce soit la violation des espaces aériens, les campagnes de désinformation, les cyberattaques, l'interférence dans les décisions politiques en Europe, et cela va même plus loin, si on considère l'attitude russe dans les Balkans ou encore ce qu'a révélé l'enquête (sur le tir de missile) contre le vol MH17 de la Malaysia Airlines, le 17 juillet 2014. Au regard de tout cela, il est clair que la Russie cherche à affaiblir l'Union européenne. » Sur le même front, la Première ministre britannique, Theresa May, affirme, elle, que la Russie pose un défi aux valeurs et institutions démocratiques de l'Europe.

 

(Lire aussi : Le retour de l’endiguement)

 

Intérêts économiques vs intérêts géostratégiques
Ces différentes positions illustrent les difficultés qu'a l'Union européenne à s'unir pour exprimer une volonté commune en politique extérieure. Pour Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'Institut français de géopolitique, les divergences entre pro et anti-sanctions relèvent de la logique suivante : « Les premiers ont une vue d'ensemble sur la politique russe et insistent sur ses dangers pour l'Europe; les seconds font prévaloir des intérêts économiques à courte vue. »

La Russie est en effet le premier fournisseur de gaz de l'UE. Or ces approvisionnements varient selon les pays : une dépendance à hauteur de 65 % en Autriche contre 24 % en France. L'Italie entretient, elle, de forts liens économiques et stratégiques avec la Russie, notamment dans le domaine de l'aviation. Les facteurs économiques semblent donc conditionner fortement les positionnements politiques envers la Russie.
Pour Paris et Londres au contraire, les considérations géopolitiques globales, notamment la menace russe, priment sur les intérêts économiques : « Le projet géopolitique révisionniste russe passe par l'affaiblissement, puis la dislocation, de l'Union européenne et de l'Otan (...) Il suffit d'analyser la situation en Ukraine et les menaces qui pèsent sur l'axe Baltique-mer Noire pour comprendre les objectifs visés par la Russie de Poutine en Europe », explique M. Mongrenier.

 

(Lire aussi : Tensions croissantes entre Occidentaux et Russes)

 

Des institutions européennes handicapantes
L'agencement institutionnel propre à l'UE est aussi une difficulté diplomatique supplémentaire. Cette structure mi-fédérale mi composée d'États indépendants provoque parfois une incapacité à établir une ligne extérieure commune claire.
En 2003, par exemple, l'intervention américaine en Irak avait profondément divisée les Européens : Paris et Berlin refusant le recours à la guerre, tandis que la majorité des États du continent, notamment ceux de l'Europe de l'Est, voulaient s'impliquer aux côtés des États-Unis.

Pour définir l'UE, M. Mongrenier évoque le concept de « Commonwealth paneuropéen », où chaque État membre préserve sa souveraineté ; il poursuit : « Dès lors, toute décision importante doit être négociée entre les gouvernements nationaux, ce qui est parfois long et empêche l'Union européenne d'être politiquement réactive. Il est plus facile d'agir au moyen de formats réduits ou, si l'on considère les questions de défense, d'agir dans le cadre de l'Otan. Les Européens sont unis sur l'essentiel, mais il sera difficile de transformer ce Commonwealth en une sorte de "fédération d'États-nations". »

Au regard du Brexit, des désaccords relatifs aux négociations du traité de libre-échange CETA, d'une crise économique qui n'en finit pas et des mouvements nationalistes qui émergent dans presque tous les pays, l'enjeu actuel – au-delà du contentieux avec Moscou – est de savoir vers quelle forme institutionnelle l'Europe va s'orienter pour renforcer sa cohérence extérieure.

 

 

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commentaires (3)

Je ne vois pas comment la Grèce pourrait adopter des sanctions contre les russes. Pas seulement du fait qu'ils Soient orthodoxes comme les russes ou qu'ils soient tout simplement que des fanatiques religieux mais surtout dans cette situation de crise grave à qui vendraient ils leur huile d'olive ??? Hahahavava. ..

FRIK-A-FRAK

12 h 12, le 04 novembre 2016

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Commentaires (3)

  • Je ne vois pas comment la Grèce pourrait adopter des sanctions contre les russes. Pas seulement du fait qu'ils Soient orthodoxes comme les russes ou qu'ils soient tout simplement que des fanatiques religieux mais surtout dans cette situation de crise grave à qui vendraient ils leur huile d'olive ??? Hahahavava. ..

    FRIK-A-FRAK

    12 h 12, le 04 novembre 2016

  • C,EST QU,IL N,Y A PAS D,U.E. AU PROPRE SENS DU MOT ENCORE... IL N,Y A QU,UN MARCHE COMMUN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 01, le 04 novembre 2016

  • Qui disait qu'avec le Brexit l'Angleterre allait se rapprocher de la Russie ?!?!?

    Bery tus

    07 h 20, le 04 novembre 2016

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