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Liban - Élection présidentielle

Cafouillages et votes fantaisistes : des messages politiques adressés à Aoun

Pour le courant du Futur, la séance de lundi est « derrière nous ; place à la formation du cabinet... »

Michel Aoun prononçant son discours d’investiture à la Chambre lundi. Photo Dalati et Nohra

Si la séance parlementaire tenue lundi s'est soldée par l'élection d'un nouveau président de la République, elle était tout aussi bien porteuse de plusieurs messages politiques forts adressés au nouveau locataire du palais de Baabda, le général Michel Aoun.

Alors que l'on s'attendait à l'une des plus courtes séances électorales de la Chambre, en raison des accords politiques préalablement conclus entre plusieurs protagonistes, et dont l'élection de M. Aoun devrait être la concrétisation au second tour (répété trois fois), par 83 voix pour, 36 bulletins blancs, sept invalidés et un portant le nom de Sethrida Geagea, les cafouillages successifs ont fini par prolonger exagérément la réunion.

Au premier tour, des voix s'étaient même portées sur la députée Gilberte Zouein et, plus singulièrement, sur le mannequin Myriam Klink. Cette dernière aurait, selon certains médias, obtenu la voix du député Okab Sakr, mais le député de Zahlé n'a pas tardé à démentir l'information. Mais ce qui a véritablement retardé le scrutin, c'était l'enveloppe de trop dans l'urne, revenue à deux reprises.

Selon des sources politiques interrogées par L'Orient-Le Jour, certains protagonistes ont principalement cherché à empêché une élection dès le premier tour, en signe d'opposition aux négociations politiques qui ont précédé la séance électorale. Dans les mêmes milieux, on est soucieux de mettre l'accent sur « une large opposition unifiée » à laquelle M. Aoun devrait faire face, du moins au début de son mandat présidentiel.

Si le président de la Chambre, Nabih Berry, était l'un des plus grands opposants à l'accord conclu entre le chef du courant du Futur, Saad Hariri, et Michel Aoun, nombreuses sont les accusations lancées contre lui d'avoir voulu entraver l'élection du nouveau chef de l'État. Sans trancher la polémique, les sources précitées soulignent que Nabih Berry a voulu rappeler à tout le monde que personne ne peut le « dépasser » et conclure des accords politiques à son insu. Il a voulu s'affirmer comme maître du jeu au sein du Parlement.
Les mêmes sources ne manquent pas de souligner que M. Aoun a répondu à la tension créée à l'hémicycle par un discours d'investiture positif et équilibré, soucieux de répondre aux appréhensions de tous les partis politiques, en particulier ceux qui sont hostiles à son accession à la première magistrature de l'État.

 

(Lire aussi : Les consultations présidentielles contraignantes démarrent aujourd'hui, l'inconnue Berry persiste)

« Téléréalité parlementaire »
Commentant la séance électorale, le député Marwan Hamadé, membre du bloc démocratique de Walid Joumblatt, estime qu'il s'agissait d'une « véritable téléréalité parlementaire, qui discrédite le Parlement libanais ». À L'OLJ, M. Hamadé déclare : « La séance a montré que les majorités ne sont pas fixes et inamovibles. » Et d'ajouter : « Elle était tout aussi bien une manifestation de la fantaisie des députés. » L'ancien ministre ne manque toutefois pas de mettre l'accent sur la dimension politique des résultats du scrutin : « Le vote a indiqué que le nouveau chef de l'État ne fait pas l'unanimité au sein des Libanais. »

Concernant les accusations contre le président de la Chambre, Marwan Hamadé estime qu'« il ne faut pas le pointer du doigt, parce qu'il a mené à bien la séance parlementaire qui s'est déroulée sans incident majeur ». Pour ce qui est des votes de son bloc (leur majorité étant en faveur de Michel Aoun), M. Hamadé rappelle que « Walid Joumblatt a tenu sa parole. Et si nous avions voté blanc, Michel Aoun n'aurait pas été élu à la tête de l'État ».

Interrogé à son tour, Salim Karam, député des Marada, ne voit pas de messages politiques adressés au nouveau chef de l'État. Selon lui, le bulletin blanc décidé par le chef des Marada, Sleiman Frangié, était « le meilleur moyen d'éviter de mettre nos alliés au pied du mur ».
Les cinq députés Kataëb, pour leur part, qui se sont tenus à une position de principe refusant un président issu du 8 Mars, ont écrit sur leur bulletin de vote « La Révolution du cèdre continue au service du Liban ».
« Nous avons adressé un message à nos alliés pour leur rappeler que le peuple qui a fait la révolution du Cèdre existe toujours, et a droit à la vie », explique à L'OLJ Élie Marouni, député de Zahlé, avant d'ajouter : « Nous avons voulu rappeler au chef de l'État les principes de la révolution de 2005, qui devraient être appliqués. »

 

(Lire aussi : Comment le nouveau président va-t-il naviguer entre les forces politiques ?)

 

Démocratie
Au courant du Futur, c'est désormais la formation du nouveau cabinet qui accapare les esprits. « La séance de lundi a montré la démocratie au sein de la formation de Saad Hariri, mais l'important aujourd'hui est de se rassembler autour de Michel Aoun et de former un nouveau cabinet le plus rapidement possible », souligne le député de Beyrouth, Mohammad Kabbani, dans une déclaration à L'OLJ, sans vouloir cependant dévoiler le nombre de « brebis galeuses » au sein de la formation haririenne.

Enfin, en ce qui concerne le Parti syrien national social, le député Marwan Farès a fait savoir à l'agence al-Markaziya que son parti a voté Michel Aoun lors des deux tours. Interrogé par la même agence, Assem Kanso, député du Baas, a déclaré avoir voté Aoun parce qu'il voulait « élire un chef d'État au lieu de se contenter d'un bulletin blanc ». « D'autant plus que Sleiman Frangié s'est retiré de la course et que ce choix ne contredit pas les directives de Hassan Nasrallah », a ajouté M. Kanso.

 

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Si la séance parlementaire tenue lundi s'est soldée par l'élection d'un nouveau président de la République, elle était tout aussi bien porteuse de plusieurs messages politiques forts adressés au nouveau locataire du palais de Baabda, le général Michel Aoun.
Alors que l'on s'attendait à l'une des plus courtes séances électorales de la Chambre, en raison des accords politiques...

commentaires (5)

Dans un pays super tribal et confessionnel on ne peut s’attendre à de meilleurs résultats car tout se prépare d’avance au nom d’une certaine virtuelle majorité qui ne tardera pas avec quelques mises en scène de se concrétiser et mettre hors du jeu certains pôles politiques .

Sabbagha Antoine

17 h 43, le 02 novembre 2016

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Commentaires (5)

  • Dans un pays super tribal et confessionnel on ne peut s’attendre à de meilleurs résultats car tout se prépare d’avance au nom d’une certaine virtuelle majorité qui ne tardera pas avec quelques mises en scène de se concrétiser et mettre hors du jeu certains pôles politiques .

    Sabbagha Antoine

    17 h 43, le 02 novembre 2016

  • DANS LES PAYS DEMOCRATIQUES LES OPPOSANTS FELICITENT LE CANDIDAT QUI REMPORTE LES ELECTIONS ET SE RANGENT DERRIERE LUI POUR LE BIEN DE LEURS PAYS... CHEZ NOUS ON LES ACCUSE DE CHANGER DE VESTE... L,ABERRATION DES ABERRANTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 06, le 02 novembre 2016

  • QU,ON ETAIT POUR OU CONTRE LE FAIT EST QUE LE GENERALISSIME EST LE CHEF DE L,ETAT QUI QUI SOIENT LES PARRAINS ET TOUS DEVRAIENT LUI FACILITER LA TACHE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 50, le 02 novembre 2016

  • Le parlement a voté pour élire Michel Aoun à la tête de l'Etat, il n'a pas voté pour élire un duo Michel Aoun et Gébran Bassil. Attention !

    Un Libanais

    10 h 44, le 02 novembre 2016

  • Félicitations au nouveau Président ...car le combat fut rude et long...!

    M.V.

    10 h 21, le 02 novembre 2016

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