Moins de 48h avant l'élection présidentielle libanaise pour laquelle le chef chrétien Michel Aoun est donné favori, l'essentiel des formations politiques libanaises ont clairement annoncé pour qui elles voteront le jour du scrutin.
Après avoir affirmé être toujours en lice, le leader chrétien du Liban-Nord Sleiman Frangié a toutefois appelé les députés qui le soutiennent à voter blanc lors de la 47e séance électorale. "Je ne me retire pas de la course, le vote blanc est une prise de position", a affirmé le chef des Marada.
Fort, entre autres, du soutien du Hezbollah, du courant du Futur, des Forces libanaises et du Parti socialiste progressiste, le chef du bloc parlementaire du Changement et de la réforme, Michel Aoun, devrait sortir vainqueur du scrutin et devenir le 13e président de la République.
Répondant favorablement à la demande de M. Frangié, le bloc parlementaire du président de la Chambre, Nabih Berry, a affirmé, selon la chaîne LBCI, qu'il votera blanc. L'ex-Premier ministre Nagib Mikati et le député Ahmad Karamé ont annoncé samedi qu'ils feront de même.
Michel Aoun a entre-temps consolidé son avance samedi. En effet, le Parti syrien national-social (PSNS) a annoncé qu'il votera en sa faveur. Et le leader druze Walid Joumblatt a rendu publique la décision finale de son bloc parlementaire, le Rassemblement démocratique. La "majorité" des parlementaires de la formation voteront pour Aoun, lui-même inclus, a fait savoir M. Joumblatt. "Lundi, une période de 40 ans de ma vie politique prend fin en quelque sorte, en votant pour Michel Aoun. J'expliquerai cela un jour, car la question revêt des dimensions locale, régionale et internationale", a ajouté le chef druze.
Le député Talal Arslane a lui aussi annoncé que sa formation, le Parti démocratique, votera pour Michel Aoun. Le dirigeant au sein du parti Baas (pro-régime syrien), Assem Kanso, a, lui, démenti des informations faisant état d'un soutien de sa formation à Michel Aoun.
Les Kataëb et le ministre des Télécoms, Boutros Harb, ont déjà annoncé qu'ils ne voteront pas pour Michel Aoun.
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"Nous serons toujours aux côtés de Frangié"
Plus tôt en début de soirée, l'ex-Premier ministre, Saad Hariri, s'était entretenu en tête à tête avec Sleiman Frangié à l'hôtel Le Gray, dans le centre-ville de Beyrouth, abordant le dossier présidentiel. "Sleiman Bey est un ami, et nous serons toujours à ses côtés. L'avenir nous attend, et nous sommes encore jeunes", a déclaré le chef du courant du Futur, lors d'un point de presse à l'issue de l'entretien.
Après avoir soutenu durant plusieurs mois la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de la République, Saad Hariri a finalement décidé d'appuyer celle de M. Aoun.
Interrogé sur l'appel de Sleiman Frangié aux députés qui le soutiennent à voter blanc, M. Hariri a affirmé "respecter le choix" de son allié. M. Frangié de son côté n'a pas fait de déclarations.
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"Lundi blanc"
Durant la journée, Saad Hariri avait effectué une tournée auprès de plusieurs responsables libanais. Il s'est ainsi entretenu avec le chef du gouvernement, Tammam Salam, au Grand Sérail. Il s'est ensuite rendu à Bkerké où il a été reçu par le patriarche maronite Béchara Raï.
Mgr Raï a félicité le chef du courant du Futur pour ses efforts en vue de débloquer la crise présidentielle. "Vous avez donné de l'espoir au peuple libanais, vous êtes un homme de courage et d'espoir et la présidentielle avait besoin d'une intervention divine", lui a-t-il dit.
"La réunion était excellente, le patriarche a toujours veillé à ce qu'un président soit élu au Liban, a déclaré M. Hariri à l'issue de son entretien avec Mgr Raï. Nous sommes aujourd'hui devant une nouvelle phase et je souhaite que tout le monde s'entraide pour l'intérêt du Liban. Nous espérons que lundi sera un lundi blanc, et qu'une nouvelle page blanche s'ouvrira", a-t-il ajouté.
Saad Hariri s'est ensuite rendu chez le mufti de la République, Abdellatif Deriane. "L'initiative de M. Hariri est dans l'intérêt du Liban et nous souhaitons la réussite du nouveau régime en espérant qu'il sera dans l'intérêt du Liban et des Libanais", a déclaré le mufti après s'être entretenu avec l'ancien Premier ministre.
En cours de soirée, Mgr Raï a contacté par téléphone Nabih Berry, plaidant pour des efforts en faveur du Liban. "Il est nécessaire de conjuguer les efforts en ce moment en vue d'une nouvelle période nationale", a plaidé le chef de l'Église maronite auprès de M. Berry. Mgr Raï a également exprimé son "soutien au travail du Parlement qui est censé élire lundi un président de la République et mettre un terme à la vacance mortelle", alors que le pays est sans président depuis 29 mois.
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commentaires (17)
Ça nous rappellera, yâââï, feu Brejnev et Tchernenko !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
18 h 10, le 30 octobre 2016