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Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner...

« Un de mes collègues m’a vu dans ma voiture, accompagné de soldats syriens »

Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal »*. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.

Dib Matar a disparu le 7 novembre 1985.

Mon nom est Dib. Je vivais avec ma femme et mes enfants dans le quartier d'Ouzaï. J'avais 41 ans et je n'avais jamais pris part à la guerre. Je faisais mon possible pour tenir mes deux garçons à l'écart des milices.
Je regrettais tellement le temps où nous pouvions circuler librement et où notre confession n'avait pas d'incidence sur nos amitiés. J'espérais que les combats cesseraient. Je ne verrais malheureusement pas la fin de la guerre.
Le 7 novembre 1985, après mon travail, un de mes collègues m'a vu au volant de ma voiture accompagné de soldats syriens. J'avais l'air terrifié. Il m'a appelé pour s'assurer que tout allait bien. Je lui ai répondu que je devais déposer ces hommes au Hermel avant de rentrer à la maison. Ce furent les derniers mots que l'on m'entendit dire.
Ma femme, Fatima, a juré de me retrouver. Elle a tapé, à cet effet, à toutes les portes tant au Liban qu'en Syrie. Elle a eu pour toute réponse : « Reviens demain ! » Cette formule laconique la laissait pourtant espérer, quelques heures durant, que quelqu'un pourrait peut-être l'aider. Mais en revenant le lendemain, elle ne trouvait personne. Elle a compris que ce n'était qu'une manière de se débarrasser d'elle et d'éviter de répondre à ses questions gênantes.
Mais elle a continué à me chercher, se battant contre tout le monde. Elle criait que son mari ne pouvait pas s'être volatilisé, que quelqu'un devait l'aider.
Fatima n'a trouvé de réconfort qu'auprès des autres femmes et mères de disparus. Ces personnes, de communautés et de régions différentes, se retrouvaient pour partager leur détresse et demander la libération de leurs proches.
La guerre est aujourd'hui terminée, mais leur combat continue.
Mon nom est Dib Matar. Ma femme Fatima et des milliers d'autres femmes au Liban attendent. Ne laissez pas notre histoire s'interrompre ici.

 

* « Fus'hat amal » est une plateforme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de Fus'hat amal à l'adresse: www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

Mon nom est Dib. Je vivais avec ma femme et mes enfants dans le quartier d'Ouzaï. J'avais 41 ans et je n'avais jamais pris part à la guerre. Je faisais mon possible pour tenir mes deux garçons à l'écart des milices.Je regrettais tellement le temps où nous pouvions circuler librement et où notre confession n'avait pas d'incidence sur nos amitiés. J'espérais que les combats cesseraient. Je...

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