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À La Une - Referendum

Les Colombiens rejettent l'accord de paix avec les Farc, plongeant le pays dans l'incertitude

Le gouvernement a plusieurs fois déclaré ne pas avoir de plan B en cas d'échec du "Oui".

Une partisane de l'accord de paix réagissant à la victoire du "non". REUTERS/John Vizcaino

Causant la surprise, une majorité de Colombiens a rejeté dimanche l'accord de paix avec la guérilla des Farc lors d'un référendum au résultat serré, mais dont les résultats quasi-définitifs mettent en cause ce texte visant à terminer 52 ans de conflit.

Sur 99,69% des bulletins de vote dépouillés, le "Non" s'imposait à 50,23% devant le "Oui" à 49,76%, à peine une heure après la clôture des bureaux de vote de ce scrutin crucial, pour lequel la participation a été de 37,28%.

Près de 34,9 millions d'électeurs étaient appelés à répondre par "Oui" ou par "Non" à la question: "Soutenez-vous l'accord final d'achèvement du conflit et de construction d'une paix stable et durable?", titre du document de 297 pages issu de près de quatre ans de pourparlers, délocalisés à Cuba.
Le "Oui" a recueilli quelque 6,3 millions de voix (6.346.055), soit bien au-delà du minimum de 4,4 millions de voix requis (13% de l'électorat). Mais pour l'emporter, il devait dépasser le "Non" qui a en fait atteint les 6,4 millions (6.408.350).

Le référendum, non obligatoire, avait été voulu par le président Juan Manuel Santos afin de donner la "plus large légitimité" possible à l'accord qu'il a signé le 26 septembre avec le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jiménez ou Timochenko. Ils entendaient ainsi mettre fin à la plus ancienne confrontation armée des Amériques qui, au fil des décennies, a impliqué diverses guérillas d'extrême gauche, des milices paramilitaires d'extrême droite et les forces de l'ordre, faisant plus de 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

Le gouvernement a plusieurs fois déclaré ne pas avoir de plan B en cas d'échec du "Oui" et il a, comme les Farc, écarté toute éventualité de renégociation de l'accord. Lors d'un entretien à l'AFP en septembre, M. Santos avait même averti que si le "Non" l'emportait, les guérilleros "retournent dans la jungle".

Résultat à l'opposé des sondages

Ce rejet était inattendu, plusieurs sondages donnant depuis des semaines le "Oui" largement en tête. Il enregistrait ainsi 55% des intentions de vote selon l'institut Datexco et 66% selon Ipsos Napoleon Franco, dans les derniers sondages autorisés, effectués avant la signature de l'accord.

L'accord visait à ce que les Farc, nées en 1964 d'une insurrection paysanne et qui comptent encore 5.765 combattants, se convertissent en parti politique après avoir remis leurs armes à l'ONU, qui a déjà vérifié la destruction samedi de 620 kg d'explosifs.
Opposant féroce à l'accord, l'ex-président de droite et actuel sénateur Alvaro Uribe (2002-2010) l'a à nouveau fustigé dimanche. "La paix est enthousiasmante, les textes de La Havane décevants", a-t-il lancé, en exprimant sa "gratitude" aux Colombiens "qui ont dit +Non+".

Les opposants dénoncent notamment un "laxisme" des sanctions prévues contre les auteurs des crimes les plus graves, et la participation des guérilléros démobilisés à la vie politique, craignant un "castro-chavisme" inspiré des régimes cubain et vénézuélien.
José Gomez, un retraité de 70 ans, se disait ainsi "pour le +Non+ car c'est absurde de récompenser des criminels narco-assassins, qui ont fait de ce pays un désastre".

En dépit de la surprise causée par le résultat, cette consultation a été la "plus tranquille de l'histoire en matière de sécurité et d'ordre public", selon le ministre de la Défense, Luis Carlos Villegas. Au total 240.000 policiers et militaires avaient été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin dans près de 82.000 bureaux de vote.

Dans la majeure partie du pays, "la journée électorale s'est déroulée sans aucun problème en dépit des pluies", a indiqué le directeur de la Commission électorale, Juan Carlos Galindo, précisant que le vote avait été retardé dans quelques bureaux isolés, affectés par de fortes précipitations le matin, conséquence du passage de l'ouragan Matthew.


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