L’art dans la ville : œuvres choisies

Comme chaque année, la Beirut Art Week, événement annexe à la Beirut Art Fair, participe à la dynamique joyeuse de la foire artistique beyrouthine en disséminant des œuvres d'art dans la capitale. Comme chaque année, la sélection est (partiellement) renouvelée pour proposer aux promeneurs des pièces et des parcours variés.
Cette année, elle donne à voir, jusqu'au 20 septembre, vingt œuvres d'artistes : Ghassan Zard, Louis Debré, Nabil Hélou, Bassam Kyrillos, Kameel Hawa, David Mach, Arne Quinze, Louis Lleo, Xavier Corbero, Roger Dallet, Jason Botkin & Jeremy Shantz, Anachar Basbous, Ezzat Mezher, Pablo Reinoso, Evangelia Kranioti, Richard Orlinski et Saloua Raouda Choucair.
« La Beirut Art Week est l'occasion de faire découvrir au grand public l'art contemporain, à travers notamment des œuvres monumentales insérées dans diverses places et boutiques du centre-ville », signale Marine Bougaran, l'organisatrice de ce projet. Lequel participe, en somme, à établir « une conversation entre l'art contemporain et la ville », comme l'a assuré le ministre de la Culture Rony Arayji lors de l'inauguration de cet événement, conjointement avec le ministre du Tourisme Michel Pharaon. Arrêt sur quelques œuvres choisies par L'OLJ.

Face-à-face avec un lion...
Dans les souks, rue Wegand, un « lion » en résine bleue, roi d'une jungle urbaine, montre à la foule des crocs menaçants. Il s'agit de l'une des toutes dernières œuvres de Richard Orlinski, artiste français, connu pour son sculptural bestiaire aux allures de pliages. Dont un immense « Wild Kong » aux couleurs du drapeau français qu'il avait promené dans les rues de Paris, en laissant aux passants, célèbres ou anonymes, le soin de signer sa surface pour manifester leur émotion et leurs hommages aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. Tout le travail de ce plasticien (listé dans le top 10 des artistes les plus vendus au monde d'Art Price), est basé sur le concept Born Wild, qui consiste « à transformer les pulsions vitales négatives en émotions positives, à passer de l'instinct archaïque à l'émotion civilisée ».

...rencontre avec un gorille...
Trônant place Ajami, à proximité de la librairie Antoine, le fameux « gorilla » de David Mach (présenté avec la contribution d'Opéra Gallery) risque de se trouver sur votre chemin. Auquel cas, la rageuse expressivité de cette impressionnante sculpture monumentale, composée de milliers de cintres de vêtements en métal et figurant un gorille aux poils hérissés, ne manquera pas de vous hérisser le poil ! Ce célèbre artiste écossais n'aime rien tant que redonner une nouvelle vie aux objets les plus communs de la vie quotidienne en façonnant des œuvres réalisées avec des matériaux de récupération et des surplus industriels. Et qui finissent souvent exposées dans les galeries et musées du monde entier (dont la Royal Academy, le Victoria & Albert, ou encore la Tate Modern).

...et découverte d'une « perle noire »
Parce que le Liban était « le paradis sur terre », la perle de la région et la Suisse du Moyen-Orient... et qu'il s'est transformé en dépotoir, écrin à poubelles et terre de fumier, l'artiste libanais, Nabil Hélou, a réalisé une œuvre pour secouer les consciences, ou du moins l'apathie et l'indifférence. Une surprenante sculpture en résine colorée formée de deux coquilles vertes (en fait des reproductions agrandies de masques de chirurgiens) renfermant un sac de poubelles gris irisé. Ironiquement baptisée « Black Pearl », elle trône au croisement des rues Saad Zaghloul et Foch. Comme « un cri contre la corruption, affirme son auteur. Un appel à ceux qui gardent encore l'espoir de retrouver un jour la beauté de notre pays à réagir ». En espérant qu'il trouve écho...

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