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Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner... - POUR PRÉSERVER L’ESPOIR

« J’ai disparu avec mes quatre fils »

Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal »*. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.

Ali Ahmad Mohammad a disparu le 12 septembre 1982 avec ses quatre fils.

Vendredi 12 septembre 1982. C'était un jour ordinaire. J'étais à la maison, à Bir Hassan, endormi avec ma femme et mes enfants.

Tôt le matin, nous avons été réveillés par des bruits venant de la rue. Nous avons entendu des gens crier dans un mégaphone : « Rendez-vous et nous ne vous ferons pas de mal ! Nous sommes l'armée libanaise. »

Nous sommes restés cachés à la maison, jusqu'à ce qu'on tape à notre porte avec insistance. J'ouvre. En face de moi se tiennent plusieurs hommes armés, qui visiblement ne ressemblent pas à des soldats de l'armée. Ils nous demandent de descendre dans la rue pour qu'ils fouillent la maison.

Une fois dans la rue, nous avons été séparés en deux groupes : les femmes et les enfants d'un côté, les hommes et les garçons âgés de plus de 13 ans de l'autre. Nous étions environ vingt-cinq hommes. Ils nous ont ordonné de nous mettre debout contre le mur. J'étais avec mes trois garçons : Walid (18 ans), Adnan (15 ans) et Mohammad (13 ans). Ils étaient terrifiés.

Quant aux femmes et aux enfants, ils ont été amenés au stade Riyadi. J'ai vu mon épouse s'éloigner, serrant très fort la main de mes plus jeunes enfants et se retournant vers nous.
Nous n'avons plus jamais été réunis.

Ce même jour, mon fils aîné Hussein est rentré à la maison après le travail pour la trouver vide. Il est sorti nous chercher, mais des hommes armés ont débarqué de leur voiture et l'ont enlevé.
Étions-nous les victimes d'un acte isolé de revanche ou d'une vaste opération militaire ?
J'ai disparu avec mes quatre fils. Combien d'autres ont été victimes du même sort ce jour-là ?

Mon nom est Ali Ahmad Mohammad. Mes fils sont Walid, Adnan, Mohammad et Hussein.
Ne laissez pas notre histoire s'interrompre ici.

 

* « Fus'hat amal » est une plate-forme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de « Fus'hat amal » à l'adresse : www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

Vendredi 12 septembre 1982. C'était un jour ordinaire. J'étais à la maison, à Bir Hassan, endormi avec ma femme et mes enfants.
Tôt le matin, nous avons été réveillés par des bruits venant de la rue. Nous avons entendu des gens crier dans un mégaphone : « Rendez-vous et nous ne vous ferons pas de mal ! Nous sommes l'armée libanaise. »
Nous sommes restés cachés à la maison,...

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