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À La Une - crise

Gabon: encore des violences, toujours l'impasse politique

Aucune solution ne se dessine pour sortir du bras de fer entre Ali Bongo, proclamé vainqueur de la présidentielle, et Jean Ping, qui affirme avoir gagné.

Les troubles post-électoraux au Gabon ont fait au moins deux nouveaux morts, un policier et un civil. AFP / MARCO LONGARI

Les troubles post-électoraux au Gabon ont fait au moins deux nouveaux morts, un policier et un civil, tandis qu'aucune solution ne se dessinait pour sortir du bras de fer entre Ali Bongo, proclamé vainqueur de la présidentielle, et Jean Ping, qui affirme avoir gagné.

"Je voudrais déplorer le décès du policier sur lequel on avait tiré à Oyem", une ville située près de la frontière avec le Cameroun et la Guinée Équatoriale, a indiqué samedi matin à l'AFP le ministre de l'Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya.
Il s'agit du premier décès dont les autorités font état parmi les forces de sécurité massivement déployées depuis les troubles déclenchés mercredi après-midi par l'annonce de la réélection du président sortant Ali Bongo. Le policier avait été blessé par des tirs à la tête dont les auteurs "ont été arrêtés", alors qu'ils "essayaient de quitter le Gabon", a précisé le ministre.

"Nous constatons une reprise de vie sur Libreville où certaines grandes surfaces rouvrent. Les gens reprennent confiance", s'est-il félicité alors que de nombreux commerces étaient fermés depuis mardi.
D'après des habitants, la nuit a été calme dans le quartier de Nzeng Ayong, où il y a eu deux morts jeudi, et au "PK 12", quartier périphérique à 12 kilomètres du centre de la capitale, où les pénuries de pain se font toujours sentir.

Samedi, le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Gabon, Me Jean-Pierre Akumbu M'Oluna, a affirmé que les 800 personnes arrêtées à Libreville depuis trois jours étaient détenues "dans des conditions dégradantes et insupportables". Face à la presse, il a demandé aux autorités judiciaires de "les traiter humainement".

La tension était également forte à Port-Gentil, la capitale économique, où un jeune homme a été tué par les forces de sécurité dans la nuit de vendredi à samedi, selon plusieurs témoins. La victime, qui s'appellerait Judicaël Madzou Otété d'après un opposant, a été tué par balles devant chez lui vers 22H00 (21H00 GMT) par des membres des patrouilles nocturnes.
"Les parents ont voulu marcher avec le corps jusqu'au gouvernorat avec plusieurs personnes. Ils ont été dispersés par les forces de sécurité et de défense, qui ont récupéré le corps en présence du procureur", a-t-il raconté à l'AFP.

Plusieurs habitants affirment que les opérations de maintien de l'ordre ont fait plusieurs victimes à Port-Gentil. "Ils tirent, ils ramassent les corps. Nous sommes traumatisés", assure une mère de famille.

 

Sept morts
Selon un décompte réalisé par l'AFP, sept morts ont été recensés dans le pays depuis le début des émeutes il y a trois jours.

Frappée par la crise pétrolière, Port-Gentil avait déjà été le théâtre de violences en 2009 à l'annonce de la première élection d'Ali Bongo: plusieurs personnes étaient mortes, des bâtiments avaient été pillés et le consulat de France incendié. L'archevêque de Libreville a appelé samedi la majorité et l'opposition "se ressaisir pour une sortie imminente de crise", qui tarde à se dessiner.

Le président Ali Bongo, proclamé élu mercredi par la commission électorale (Cénap), ne s'est pas exprimé depuis jeudi après-midi. "En tant que président élu, je suis naturellement très préoccupé par la situation de notre pays qui évolue vers un chaos généralisé", a déclaré pour sa part vendredi soir Jean Ping en recevant les 26 opposants qui venaient de retrouver leur liberté de mouvement après avoir été retenus pendant 36 heures à son siège de campagne complètement dévasté par l'assaut des forces de sécurité.
"Je sais que l'apaisement ne peut survenir que si la vérité des urnes (...) est rétablie et respectée sur la base du comptage des voix bureau de vote bureau de vote", a-t-il poursuivi.

Le gouvernement refuse ce recompte des voix bureau par bureau que demandent aussi l'Union européenne et la France, arguant qu'il n'est pas prévu par le code électoral gabonais. "C'est faux", rétorque Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, le directeur de communication de la campagne de Jean Ping. "Il y a un silence juridique mais on peut faire du bureau par bureau sans violer la loi", assure-t-il.

M. Ping demande la reprise des travaux de la Cénap pour examiner les procès-verbaux du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo qui a officiellement donné la victoire finale à M. Bongo avec plus de 90% des voix pour une participation supérieure à 99%.

En revanche, son équipe exclut catégoriquement tout recours devant la Cour constitutionnelle "qui a fait preuve de sa partialité. Nous n'allons pas nous jeter dans la gueule du loup comme des enfants", selon M. Ntoutoume.

 

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