Des ex-dirigeants communistes tchèques poursuivis pour le meurtre d'émigrés allemands

Deux anciens hauts dirigeants communistes tchèques sont poursuivis pour le meurtre de cinq Allemands tués alors qu'ils tentaient de franchir le rideau de fer à l'époque communiste, a annoncé vendredi une ONG siégeant à Prague.

Milos Jakes, âgé de 94 ans, a été le numéro 1 du parti communiste en 1987-1989, et Lubomir Strougal, 91 ans, a dirigé le gouvernement fédéral tchécoslovaque entre 1970 et 1988, après avoir occupé le poste de ministre de l'Intérieur de 1961-1965.

La plainte, qui vise au total 67 Tchèques et Slovaques, a été déposée auprès du parquet fédéral allemand car aucun haut responsable de l'ex-Tchécoslovaquie communiste n'a été jusqu'à présent condamné pour la mort d'émigrés allemands, a expliqué Neela Winkelmannova de l'ONG "Plateforme pour la mémoire et la conscience européenne". Selon elle, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, seuls quatre garde-frontières ont été condamnés en République tchèque pour les meurtres d'Allemands à l'époque communiste.

La plainte concerne "toute une chaîne de direction responsable de cinq cas de civils allemands tués à la frontière tchécoslovaque", a indiqué la directrice de l'ONG. Du côté slovaque, la plainte concerne notamment Peter Colotka, 91 ans, vice-Premier ministre tchécoslovaque et en même temps chef du gouvernement slovaque de 1969 à 1988.

La plainte porte entre autres sur la mort de Hartmut Tautz, tué en 1986 à l'âge de 18 ans par des chiens de garde à la frontière tchécoslovaco-autrichienne et sur celle de Richard Schlenz, tué en 1967 par balles par des gardes alors qu'il se trouvait déjà sur la rive autrichienne du Danube après avoir traversé le fleuve à la nage.

Environ 300 personnes dont une centaine de Tchèques et Slovaques ont été tués à la frontière de la Tchécoslovaquie communiste, entre 1948 et 1989, selon les statistiques de l'Office de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme.