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Économie - Splendeurs et misères économiques

Apologie des banques centrales

Né à Beyrouth, Michel Santi est un macroéconomiste franco-suisse qui conseille des banques centrales et des fonds souverains. Il est notamment l’auteur de « L’Europe, chroniques d’un fiasco économique et politique » et de « Misère et opulence ».

JP Morgan répétait qu'il ne prêtait qu'aux personnes à qui il faisait confiance. De fait, le fondement d'une économie est la confiance, autrement dit le « crédit » que s'accordent mutuellement les divers intervenants. Pourtant, aujourd'hui, la confiance semble vaciller, et principalement à l'égard de celles qui sont parvenues à éteindre le grand incendie de la crise financière : j'ai nommé les banques centrales. Constatation d'autant plus fâcheuse et lourde de conséquences que c'est les banques centrales qui définissent la valeur à accorder à une monnaie, depuis le démantèlement de l'étalon or.
C'est en effet la confiance en les banques centrales et en leur capacité à gérer au mieux politique monétaire et monnaie qui permet au système de se maintenir depuis Bretton Woods, soit depuis 1971. Sans cet ingrédient vital qu'est la crédibilité en leurs capacités de « prêteurs en dernier ressort », plus de monnaie ! Il ne rentre pas évidemment dans leurs attributions de satisfaire tout le monde et la popularité ne fait certes pas partie de leur mandat. Ne les a-t-on pas souvent accusés, par le passé, de trop souvent gâcher la fête en montant leurs taux d'intérêt dès que l'économie semblait s'emballer ? Pourtant, à leur décharge, elles nous inondent sous les liquidités depuis 2008 – avec une persévérance qui force le respect – dans le but de redémarrer la croissance économique.
Du coup, si leurs décisions étaient régulièrement remises en question auparavant, les banques centrales sont aujourd'hui l'objet de toutes les haines, y compris les plus irrationnelles. Leur « Quantitative Easing » – consistant à acheter des obligations dans le but de faire pression sur les taux – est au cœur de toutes les théories du complot, alors que ce n'est qu'une tentative désespérée pour ressusciter la croissance dans un contexte où les taux sont au zéro absolu. Elles sont effectivement quotidiennement accusées de déstabiliser la monnaie, de favoriser l'hyperinflation, de désavantager les épargnants, de saboter l'investissement, bref de monopoliser tous les pouvoirs, alors qu'elles ne font que remplir une partie du vide béant laissé par l'incurie de nos politiques.
Il va de soi que les banquiers centraux – qui sont le plus souvent des personnages censés et responsables – sont foncièrement mal à l'aise dans les retranchements actuels, où ils en sont réduits, à manier la pelle et la pioche – voire la perceuse ! – pour crever le plancher du taux zéro. La Réserve fédérale US elle-même – avec un taux de chômage inférieur à 5 % – n'hésite-t-elle pas à revenir à la normale de peur de saper la croissance intérieure dans un contexte international tourmenté combinant un environnement de marchés boursiers clairement surévalués ?
En réalité, seuls les exécutifs politiques sont responsables de cette situation tout aussi inédite que déplorable où les taux d'intérêt des nations occidentales sont poussés en deçà du zéro – en territoire négatif – afin de pallier aux déficiences de politiques timorées. La politique monétaire a donc logiquement pris le relais de la politique – de la vraie ! La toute puissance actuelle des banques centrales ne révèle donc que l'échec patent de nos politiques, comme elle reflète par ailleurs l'incapacité des marchés financiers de se passer de leur dose désormais régulière de création monétaire.
Les banquiers centraux ont été forcés de sortir de l'ombre pour assumer des responsabilités qu'ils n'ont jamais demandées, mais auxquelles d'autres se sont dérobés.

JP Morgan répétait qu'il ne prêtait qu'aux personnes à qui il faisait confiance. De fait, le fondement d'une économie est la confiance, autrement dit le « crédit » que s'accordent mutuellement les divers intervenants. Pourtant, aujourd'hui, la confiance semble vaciller, et principalement à l'égard de celles qui sont parvenues à éteindre le grand incendie de la crise financière :...

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