Le Bois des Pins en fête célèbre son ouverture au grand public

Rires et applaudissements enchantent le Bois des Pins cet après-midi ! La jeune chanteuse libanaise Ingrid Naccour reprend plusieurs chansons anglaises. L'ambiance est rythmée. Assise à côté de son guitariste, elle tape du pied et communique avec le public. D'autres artistes de qualité prennent le devant de la scène comme Fer2et 3a Nota, qui fait fusionner la musique orientale, le jazz et le rock. Non loin de la scène, les familles et les jeunes profitent des pelouses. Un drone filme les performances, suspendu dans les airs au-dessus des spectateurs. L'atmosphère est légère et permet de sortir de l'affolement de la ville pour quelques précieux instants. Des policiers, envoyés par la municipalité, assurent le bon déroulement de ce festival qui fête l'ouverture de Horch Beyrouth à la population.

« La mobilisation est réelle », observe Jessica Chemali, responsable du festival. Avec d'autres bénévoles, répartis autour de la scène, elle veille à la bonne marche de l'événement. Ces mêmes bénévoles veillent chaque semaine à ce que le parc soit respecté, sa propreté, ses arbres aussi. « Beyrouth ressemble à une mer de ciment, mais les gens peuvent maintenant venir ici et se relaxer sans rien payer », ajoute-t-elle. Mohammad Ayoub, fondateur de l'ONG Nahnoo, est ravi de l'aboutissement de son projet d'ouverture du Bois des Pins. « Avant, personne ne savait ce que c'était un espace vert à Beyrouth ! » lance-t-il. Le poumon de la ville, communément appelé Horch Beyrouth, a été récemment ouvert au grand public, le 6 juin 2016.

Une longue lutte pour l'ouverture du parc

Ces vingt dernières années, l'accès au Bois des Pins était très restreint. Réservé aux touristes occidentaux, ce parc géré par la municipalité était aussi accessible aux seuls riverains munis de permis et ayant l'âge requis (30 ans minimum). Fort de son histoire, il a été majoritairement détruit en 1982 au cours de l'invasion israélienne. Le lieu a été réaménagé en 1992 grâce à un don du conseil régional d'Île-de-France, mais les Beyrouthins n'en ont jamais pleinement profité. Ziad Chbib, mohafez de Beyrouth, et Mohammad Ayoub ont travaillé de pair pour encourager les autorités à une plus grande flexibilité sur l'accès au Bois des Pins (voir article dans notre édition du 27 mai). Ils ont même fait objection récemment à un projet de dispensaire qui devait voir le jour en juin dernier.

Mohammad Ayoub s'est battu pendant quatre ans pour que l'espace vert ne soit pas vendu à une société privée. Il a dû démontrer que le lieu pouvait rester propre et ne serait pas vandalisé par les visiteurs. Son ouverture a été progressive. Elle a commencé le 5 septembre 2015, c'était un samedi, seul jour où le public était autorisé à y entrer. L'expérience a été très positive. Elle a été suivie d'une décision officielle d'ouvrir le Bois des Pins au grand public tous les jours de la semaine.

De bonnes impressions

S'adressant aux habitants, Mohammad Ayoub et Ziad Chbib racontent l'histoire du parc et leur lutte pour son ouverture en tant qu'espace public. Après avoir souhaité la bienvenue aux festivaliers, Ziad Chbib rappelle qu'il « n'aurait jamais pu réaliser ce projet à lui seul » et que « c'est ensemble, avec Nahnoo, que nous avons mené à bien cette action ». « Certains enfants jouent dans les rues, maintenant ils ont un endroit dans la capitale ! » explique aussi Mohammad Ayoub. Il veut « activer » cet espace public en multipliant les projets dans le parc et en accueillant de plus en plus de monde. Mais à long terme, ce festival organisé par Nahnoo s'inscrit dans la lignée libanaise du vivre-ensemble chère à Mohammad Ayoub. Après tout, le Bois des Pins de Beyrouth n'est-il pas symbole d'unité ?


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