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À La Une - Arabie saoudite

Deuxième jour du pèlerinage à La Mecque, un an après la tragédie

Des centaines de milliers d'Iraniens convergeaient ce week-end vers la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak, pour y accomplir un pèlerinage de substitution.

Près de 1,5 million de fidèles du monde entier ont entamé samedi le grand pèlerinage à La Mecque, point culminant du calendrier musulman, marqué l'an dernier par une bousculade meurtrière et cette année par une crise aiguë entre Riyad et Téhéran. Photo AFP

Près de 1,5 million de fidèles du monde entier ont entamé samedi le grand pèlerinage à La Mecque, point culminant du calendrier musulman, marqué l'an dernier par une bousculade meurtrière et cette année par une crise aiguë entre Riyad et Téhéran.

Le grand pèlerinage (hajj) est l'un des cinq piliers de l'islam que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens. "J'ai réussi à réunir l'argent nécessaire au voyage" et "c'est magnifique d'être ici", affirme Mohammed Hassan, un pèlerin de 28 ans venu d'Egypte. La Marocaine Zayna Dahkoun manifeste encore plus de ferveur: "Je ressens de la joie et de la gratitude envers Dieu. La sécurité est entre les mains de Dieu. Moi, je ne pense qu'à une chose, accomplir mon devoir religieux".

Samedi, les pèlerins se sont rendus, par des températures excédant 40 degrés Celsius, dans la vallée de Mina, à quelques kilomètres à l'est de La Mecque, avant d'entamer l'ascension du mont Arafat, premières étapes de cinq jours de rituel.

A peine arrivé sur ce mont, Abdelwahab Bachir, pèlerin tunisien de 61 ans, juge que "c'est compliqué de retrouver le campement au milieu de tous ces blocs qui se ressemblent". Mais, dit-il, "c'est le plus gros évènement du monde, il y a deux millions de personnes, c'est normal qu'il y ait un peu de confusion au début".

 

(Repère : Le hajj, l'un des cinq piliers de l'islam)

 

'Indescriptible'
Louza, Egyptienne de 45 ans, parle en pressant le pas car elle veut arriver à l'heure pour la prière de la tombée de la nuit, mais elle ne trouve pas la mosquée dans l'enfilade de campements en préfabriqués bordant la route où des centaines de pèlerins descendent de bus. "C'est merveilleux, je suis ici au plus près de Dieu, c'est un sentiment indescriptible", dit-elle, tandis qu'un hélicoptère survole la zone. Ici, les hommes ne portent que deux pièces de tissu blanc non cousues et les femmes un habit couvrant leur corps à l'exception du visage et des mains.

Gérer les flux ininterrompus de pèlerins, organiser leur accueil, leur transport et garantir leur sécurité représentent une énorme opération logistique dont la gestion par l'Arabie saoudite est cette année scrutée de près.

Riyad avait en effet fait l'objet de vives critiques après la bousculade la plus meurtrière de l'histoire du hajj, le 24 septembre 2015, survenue lors du rituel de la lapidation de Satan. Au moins 2.297 fidèles avaient péri dans ce drame, selon des données compilées à partir de bilans fournis par des gouvernements étrangers.
L'Arabie saoudite avait elle avancé le chiffre de 769 morts, et les résultats d'une enquête lancée par les autorités n'étaient toujours pas communiqués près d'un an plus tard.

Pour éviter qu'une telle tragédie ne se reproduise, Riyad assure avoir pris des mesures, notamment la création d'un bracelet électronique stockant les données personnelles de chaque pèlerin. Aucun chiffre n'a cependant été donné sur le nombre de fidèles équipés de ce bracelet. Le porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur, le général Mansour al-Turki, a souligné les "grands efforts déployés par le royaume, non seulement pour la sécurité des pèlerins, mais aussi pour la facilitation" des rites.

"Nous sommes prêts à tout ce qui pourrait arriver", affirme, sourire aux lèvres, Hawa Chemsia, une Nigériane de 27 ans. La bousculade de 2015, "j'en ai entendu parler, mais ça ne m'a pas empêché de venir".

 

(Lire aussi : À la Mecque, le commerce des « souvenirs » du hajj ne connaît pas la crise)

 

'Pas des musulmans'
Pour la première fois depuis près de trois décennies, aucun pèlerin venant d'Iran n'effectue le hajj.
Sur les quelque 60.000 qui s'étaient rendus en 2015 à La Mecque, plus de 460 avaient péri dans la bousculade, provoquant la colère de Téhéran, dont les relations étaient déjà tendues avec Riyad, notamment au sujet des conflits en Syrie et au Yémen.

En dépit de négociations, les deux puissances régionales rivales ne sont pas parvenues à trouver un accord pour l'envoi des Iraniens au pèlerinage et ont échangé cette semaine des invectives qui ont atteint un niveau inédit. Le guide suprême de l'Iran chiite, Ali Khamenei, a estimé que la famille royale saoudienne "ne méritait pas de gérer les lieux saints" de l'islam. Le grand mufti de l'Arabie sunnite, Abdel Aziz ben al-Cheikh, a lui dit que les Iraniens n'étaient "pas des musulmans".

Des centaines de milliers d'Iraniens convergeaient ce week-end vers la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak, pour y accomplir un pèlerinage de substitution. Le nombre de pèlerins devait atteindre un million, dont environ 75% d'Iraniens, selon le responsable du mausolée de l'imam Hussein, interrogé par l'AFP à Kerbala.

 

 

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