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Moyen Orient et Monde - Reportage

Les étrangers au rythme de la peur en Grèce après le succès électoral néonazi

Entre la crise et le nombre d’immigrants, la frustration a facilité la montée de la xénophobie.

Au pied de l’église Panteleïmon à Athènes, dans l’aire de jeux des enfants, les mauvaises herbes ont repris leurs droits. « Avec les étrangers, les musulmans, qui venaient là, ils ont fermé le square », dit un passant. « Ils », ce sont des militants de Chryssi Avghi (Aube dorée), le parti néonazi grec. Une de leurs égéries, candidate aux élections législatives, Themis Skordeli, est en attente de jugement, accusée d’avoir participé à une agression au couteau contre trois migrants afghans en septembre 2011.
Au soir du scrutin du 6 mai, marqué par une entrée fracassante au Parlement de l’Aube dorée avec 6,9 % des voix et 21 députés, le chef de la mouvance avait lancé d’un ton glacial : « Le temps de la peur a sonné. » Depuis, et à l’approche de nouvelles législatives le 17 juin, ses membres se sont faits plutôt discrets dans ce quartier d’Athènes où ils sévissaient auparavant. « Depuis deux mois, il y a beaucoup moins d’agressions, ils nous attaquent démocratiquement maintenant. Depuis les élections, Chryssi Avghi veut montrer un meilleur visage », explique Yonous Muhammadi, représentant du Forum grec pour les réfugiés.
Toutefois à Patras, principal port grec vers l’Italie où nombre d’immigrés coincés en Grèce tentent de partir, environ 300 membres du parti, encagoulés, casqués, armés de barres de fer et d’engins explosifs artisanaux, en ont décousu mardi avec la police lors d’une manifestation antimigrants. « Il n’y a pas 7 % de fascistes en Grèce. Le 6 mai a été un vote de protestation contre l’austérité. Mais avec la couverture médiatique, les Grecs commencent à comprendre quelle est vraiment l’idéologie de Chryssi Avghi qui ne connaîtra pas le même succès en juin », veut croire M. Muhammadi.
N’empêche. Dans un pays asphyxié par deux ans d’austérité, l’immigration a concurrencé le thème de l’économie lors de la campagne électorale d’avril. Considérée comme l’une des deux principales portes d’entrée dans l’UE, la Grèce a enregistré plus de 55 000 arrestations de migrants en 2011 dans la région frontalière avec la Turquie, selon la police Frontex, et 12 000 depuis début 2012. Pour le nombre de migrants légaux, les estimations officielles grecques varient de 784 000 à 970 000. Les migrants irréguliers étaient, eux, 470 000 en 2010, selon les dernières données policières.
L’arrivée de Chryssi Avghi dans l’arène démocratique est un « choc pour le pays », assure Ketty Kehayioylou, chargée d’information pour l’agence onusienne pour les réfugiés (UNHCR). « Mais le phénomène n’est pas arrivé du jour au lendemain : la crise économique, la présence illégale de migrants, l’absence de prise en charge et de structures d’accueil ont créé de grandes frustrations et constitué un terreau » pour la xénophobie, rappelle-t-elle. « La menace reste là et la situation empire : les membres de Chryssi Avghi se sentent plus puissants désormais et acceptés par la population », commente pour sa part Nikitas Kanakis, président de Médecins du monde (MDM) Grèce. « Ils promettent aux Grecs des avancées sur le plan social. Ils veulent imposer un agenda de la peur, et quasiment tous les partis jouent leur jeu », déplore-t-il dans un dispensaire du centre d’Athènes aux couloirs engorgés de migrants et de Grecs en quête de médicaments.
              (Source : AFP)
Au pied de l’église Panteleïmon à Athènes, dans l’aire de jeux des enfants, les mauvaises herbes ont repris leurs droits. « Avec les étrangers, les musulmans, qui venaient là, ils ont fermé le square », dit un passant. « Ils », ce sont des militants de Chryssi Avghi (Aube dorée), le parti néonazi grec. Une de leurs égéries, candidate aux élections législatives,...

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