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Culture - Exposition

Ali Dirani dynamite la toile

Au moyen de nitrocellulose (ancêtre de la dynamite), Ali Dirani réinvente des images puissantes et engagées. Il expose une série de toiles grand format, jusqu'au 18 janvier, à la galerie Mark Hachem*.

La femme chez Ali Dirani, espace de tous les sévices.

Il est jeune, mais son engagement est clair, net et précis tout comme son dessin sur la toile qu'il grave en projetant de la nitrocellulose sur le canevas. Ali Dirani ne craint pas les mots qu'il exprime dans ses croquis, dans son noir et blanc et ses personnages sulfureux. Habitué aux risques puisque la matière dont il fait usage est dangereuse et l'oblige à mettre un masque, l'artiste est passé de l'art de la rue (graffiti et autres) à un art qu'il désignerait lui-même de néo-propagande. «Front row» (nom de l'affichage) est le témoignage de combat personnel contre une certaine bureaucratie politique et sociale statique. «On ne peut, dit-il, prétendre être un artiste sans être engagé.» Son constat est déterminé et tranchant.

En noir et blanc
Son humour est noir grinçant, qui grince bien sur ces toiles blanches. Et si l'artiste se fait un autoportrait portant un masque, c'est à la fois pour se préserver de la matière nocive qu'il emploie et de la contagion environnante. «Il est très facile, dit-il de se laisser emporter par un flot d'idées fausses et de se laisser contaminer par les préjugés, les pensées fixes et rigides.» Ali Dirani travaille son art sans aucune faille ni faiblesse afin que le message parvienne intact.
Sur fond blanc qui donne l'illusion de grands billboards (allusion aux panneaux publicitaires qu'il fustige) ou encore d'écran de télévision qu'il incrimine également, certaines œuvres en diptyques ou triptyques laissent balader le regard vers le hors cadre tout en ne se dispersant pas.
Ses caractères portent le label de Ali Dirani. Ainsi, son martyr ne porte pas un flambeau mais un revolver, son intellectuel est hors champ et cache ses yeux de lecteur derrière des lunettes de soleil (est-il vraiment un intellectuel? s'interroge l'artiste). Par ailleurs, le portrait de la femme, universelle, porte tous les maux de la modernité dans son regard tandis que la politique n'est qu'une table de baby-foot où les joueurs semblent se renvoyer la balle mais ne sont que manipulés par des mains... étrangères.
Dans cet art qui s'est fait réflexion sur la vie, Ali Dirani signe sa marque de fabrique: une exigence sans aucune concession.
Assoiffé d'authenticité, l'artiste poursuit sa quête sans se laisser abattre par ce qui pourrait réduire son art à un simple exercice esthétique, et ses œuvres ne sont que le témoignage d'un art contemporain et vivant.

 

* « Front Row » jusqu'au 18 janvier à la galerie Mark Hachem, Mina el-Hosn. Tél. : 01/999313.

Il est jeune, mais son engagement est clair, net et précis tout comme son dessin sur la toile qu'il grave en projetant de la nitrocellulose sur le canevas. Ali Dirani ne craint pas les mots qu'il exprime dans ses croquis, dans son noir et blanc et ses personnages sulfureux. Habitué aux risques puisque la matière dont il fait usage est dangereuse et l'oblige à mettre un masque,...

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