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Actualités - REPORTAGES

Spectacle "Défense de toucher" de Zaki Mahfoud et Aïda Sabra au TDB - Ain Mreissé Expressions inédites pour étendre le linge (photos)

C’est bien parti, le premier spectacle du groupe Shams vient de donner le la de la saison au théâtre de Beyrouth à Aïn-Mreissé. Un monodrame silencieux alliant expression corporelle et mime avec d’étranges onomatopées doublées de petits cris à peine articulés pour tendre le linge! Conçu et signé conjointement par Zaki Mahfoud et Aïda Sabra, le spectacle Mamnouh el-Lams (Défense de toucher) met en scène le soliloque sans paroles d’une femme prise entre deux cordes de linge tendues et des hardes qu’elle épingle bien nerveusement ou nonchalemment sur des fils rouges coupant l’aire scénique de part en part. Aïda Sabra campe ce personnage anonyme mais bien repérable dans la gente féminine avec verve, drôlerie, conviction et arrive même à faire passer une certaine émotion. Habillée d’un collant noir, pieds nus, cheveux relevés, maquillage moins que discret, droite comme un I elle reste en entrée de scène comme pétrifiée, statufiée. D’ailleurs elle est «livrée» sur scène comme un bloc de marbre (ou un panier à lessive essorée, qui sait?) que porte un homme sur son dos et qu’il dépose sous une flaque de lumière comme un bloc de pierre (ou un bac de chiffons fraichement lavés, là aussi comment savoir?). Et voilà que ce monolithe se transforme en poupée dansante avec une gymnastique animée où ne sont exclus ni push up ni stretching. Peu à peu l’histoire s’étoffe et s’égrènent les multiples images d’une vie. Images charriant une grande palette d’expressions du visage et du corps traduisant états d’âme et émotions. Sans musique d’abord, avec pour rythme, cadence et mesure, une respiration haletante et précipitée ou des silences prolongés et éloquents. Rires nerveux et gestes syncopés ou brusques pour dire les espoirs, les déconvenues, les battements de cœur, même les rencontres et les découvertes d’une femme. À peine que l’on s’interroge si cela va aller encore plus loin ou se prolonger dans ce caffouillis de gestes que la musique prend le relais, entre en jeu, décontracte le spectateur et donne une inspiration nouvelle à la danseuse-mime qui affronte de plus belle ce linge qu’elle ne finit plus de tendre, de distendre, de scruter, de faire parler, de jeter, de ranger. Laver son linge en public n’est plus là une expression employée au sens figuré! Et c’est d’un propre! Tel un dessin animé, le spectacle déroule la pellicule de ces instants savamment dosés dans la nervosité, l’abattement et parfois même l’hystérie. Hystérie comme de jeter les rouleaux de papier hygiénique tels des confettis. Si le corps d’Aida Sabra se démène pour narrer une masse de détails sans jamais prononcer un vocable, son visage est encore plus expressif et «dynamique». Rouler des yeux ou des hanches, battre des paupières ou des pieds, dodeliner de la tête ou des fesses, claquer de la langue ou des mains, hausser les paupières ou la pointe des pieds, voilà l’infinie gamme des ressources d’une «actrice» qui se passe des mots et restitue au geste, au mouvement et au corps en tant qu’auxiliaire de l’expression, toute leur insoupçonnable vigueur et leur authentique pouvoir de communication.
C’est bien parti, le premier spectacle du groupe Shams vient de donner le la de la saison au théâtre de Beyrouth à Aïn-Mreissé. Un monodrame silencieux alliant expression corporelle et mime avec d’étranges onomatopées doublées de petits cris à peine articulés pour tendre le linge! Conçu et signé conjointement par Zaki Mahfoud et Aïda Sabra, le spectacle Mamnouh...