Rechercher
Rechercher

Liban - Sécurité

Série d’arrestations à Ersal après la circulation d’une liste de cibles potentielles

L'armée a intensifié ses patrouilles et érigé des barrages dans la ville et à l'entrée des camps de réfugiés.

Mohammad Allouli, moukhtar de Ersal, a échappé à une tentative de meurtre mercredi dernier. Photo Ani

Les mesures de sécurité ont été largement intensifiées durant le week-end à Ersal et ses environs, après la tentative d'assassinat mercredi de Mohammad Allouli, moukhtar de la ville. La troupe a réussi à arrêter, entre autres, un grand cadre du Front al-Nosra à l'un de ses barrages dans le jurd de Ersal, selon l'Agence nationale d'information. Toutefois, cette information, bien que reprise par plusieurs médias, n'a pas permis de cerner l'identité de la personne arrêtée.

Interrogé par L'Orient-Le Jour, le cheikh Moustapha Hojeiry, alias Abou Takiyé, a démenti être au courant de cette arrestation, précisant que « l'armée n'est pas déployée dans le jurd, sinon cela entraînerait des batailles avec les jihadistes qui s'y trouvent ». Selon lui, la situation est « normale » à Ersal et « l'armée bombarde de temps à autre les combattants disséminés dans le jurd ».

L'armée a par ailleurs arrêté à Ersal le médecin personnel du commandant du Front al-Nosra dans la région syrienne du Qalamoun, Abou Malek el-Tallé. Elle a également intensifié ses patrouilles et établi plusieurs barrages dans la localité et aux entrées des camps tout en fermant les passages frontaliers. Elle a en outre arrêté plusieurs Syriens lors de perquisitions à Wadi al-Arnab, Wadi al-Hosn, Wadi al-Ata, Wadi al-Raayan, Wadi Hamid, al-Jamala et al-Masiada.

(Lire aussi : Zones frontalières : toujours pas de volonté politique d'assurer la sécurité des habitants)

C'est d'ailleurs en écho à ce long week-end agité qu'une délégation de Ersal, emmenée par le président de la municipalité, Bassel Hojeiry, s'est rendue à la Maison du Centre afin de s'entretenir avec le chef du courant du Futur, Saad Hariri, de la situation sécuritaire, économique et sociale de la localité.

Dix personnes menacées par les jihadistes

Réagissant à la tentative d'assassinat de Mohammad Allouli, Abou Takiyé a confirmé être au courant de l'existence d'une liste de dix personnes menacées par les jihadistes et dont M. Allouli fait partie. « Des sources de sécurité ont évoqué la présence d'une liste de 10 personnes dans le collimateur des jihadistes. Il y a déjà eu d'autres listes du genre et mon nom y figurait malheureusement. Le nom du président de la municipalité, Bassel Hojeiry, figure dans cette nouvelle liste avec les noms d'autres personnes de Ersal, ainsi que ceux de personnes de nationalité syrienne. Je ne sais pas si je suis dans la nouvelle liste », a-t-il dit. Selon lui, il s'agit d'une liste de cibles établie par Daech et sur laquelle l'armée a pu mettre la main.
Mercredi dernier, deux hommes en moto avaient tiré sur le moukhtar Allouli, le blessant au cou et à la mâchoire. Il a depuis subi plusieurs opérations, dont une chirurgie reconstructive de la mâchoire, et se trouve actuellement dans l'unité de soins intensifs. La victime a confié par écrit à l'Ani avoir été avertie par les services de sécurité de la présence de son nom sur la liste en question. « Je n'ai pas pris cette information au sérieux et voici le résultat. Je demande à l'État et aux services de sécurité de retrouver ceux qui essaient de faire du mal aux habitants de Ersal et menacent notre sécurité », a-t-il ajouté.

(Lire aussi : L'Europe demande au Liban plus de coopération en matière de lutte antiterroriste)

« Tension, comme d'habitude... »

Le cheikh Yehya Braïdi, membre du comité des ulémas de Ersal, indique qu'il règne dans la ville un « climat de tension, comme d'habitude, avec des hauts et des bas ». Habitués des échauffourées miliciennes depuis 2013, les habitants de cette localité frontalière de la Syrie subissent depuis un climat constant de violence et d'insécurité. « Ici, les gens ont peur de tout et de tout le monde parce qu'il n'y a pas de sécurité à Ersal », confie-t-il. Il dénonce par ailleurs le fait que « certaines parties extérieures prétendent vouloir le bien de Ersal mais font le contraire de ce qu'elles disent ». « Le citoyen est le bouc émissaire et la victime des grandes et des petites politiques dans le pays », poursuit-il.

« Les gens ne peuvent plus gagner leur vie à cause des déplacés. La situation économique est déplorable. Certains ont des vergers et des terres agricoles dans le jurd, d'autres des carrières auxquelles ils ne peuvent plus accéder. Beaucoup se sont fait tirer dessus en voulant se rendre sur leurs terrains. Les milices libanaises et étrangères considèrent que ces terres leur sont accessibles en toute impunité », souligne-t-il. Vaste territoire situé à la lisière de la localité, le jurd de Ersal est aujourd'hui inaccessible aux habitants, car occupé par les camps de réfugiés syriens, ainsi que par des combattants de Daech et du Front al-Nosra, qui y ont trouvé refuge après avoir été repoussés par l'armée en 2013. Des combats opposent régulièrement l'armée et le Hezbollah à ces jihadistes.


Lire aussi

Tant pis pour nous, l'édito de Ziyad Makhoul

Les mesures de sécurité ont été largement intensifiées durant le week-end à Ersal et ses environs, après la tentative d'assassinat mercredi de Mohammad Allouli, moukhtar de la ville. La troupe a réussi à arrêter, entre autres, un grand cadre du Front al-Nosra à l'un de ses barrages dans le jurd de Ersal, selon l'Agence nationale d'information. Toutefois, cette information, bien que...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut