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Moyen Orient et Monde - Entretien express

« Depuis deux ans, l’État islamique n’a cessé de se renforcer »

Le politologue Alain Gresh répond aux questions de « L'Orient-Le Jour » au lendemain de l'attaque sanglante qui a fait au moins 80 morts à Kaboul.

Une bannière nationale sur laquelle sont dispersés les objets retrouvés sur les corps des victimes de l’attaque-suicide contre une mosquée chiite à Kaboul samedi. Shah Marai/AFP

Comment percevez-vous le contexte politico-sécuritaire afghan dans lequel intervient l'attaque-suicide de Kaboul ?
Rappelons d'abord que les Américains, qui avaient annoncé leur retrait d'Afghanistan, ont envoyé des troupes supplémentaires parce que le gouvernement afghan est incapable de faire face aux oppositions internes. Les négociations avec les talibans ont échoué, des groupes locaux se réclament de l'État islamique (EI) et le conflit s'est davantage complexifié. Il y a bien évidemment toujours eu des tensions confessionnelles et on sait que la communauté hazara (minorité chiite) a été marginalisée et opprimée, sauf durant le régime communiste où certains de ses cadres participaient à l'exercice du pouvoir. Mais aujourd'hui, la situation est plus chaotique que jamais, et l'on risque d'assister à une escalade de la violence entre communautés. On sait également que les tensions perdurent entre l'EI et les talibans et cela fait des mois que ces derniers tentent de s'opposer à l'État islamique à l'intérieur du pays et dans les zones tribales afghanes. Le renforcement de la capacité de nuisance du groupe avec l'opération de Kaboul risque de compliquer leur tâche et de créer des oppositions supplémentaires.

Le fait que l'EI parvienne à frapper pour la première fois en plein cœur de la capitale afghane n'est-il pas une preuve que l'organisation continue de se renforcer ?
Pour l'EI, la communauté hazara est identifiée comme un ennemi, et le fait qu'il frappe au cœur de Kaboul, partie la plus sûre de l'Afghanistan, ne reflète pas l'affaiblissement de l'organisation. L'EI est en partie une franchise et je ne crois pas que cet attentat ait été commandité par la tête de l'organisation, mais il obéit à des logiques internes. À chaque fois qu'il y a un attentat, on tente de nous faire croire que parce que l'EI commence à être frappé dans ses sanctuaires et qu'il est très affaibli, il démultiplie les attaques pour montrer qu'il garde sa capacité de nuisance. Je ne crois pas du tout à cette thèse. Ce que je vois, c'est qu'au contraire, depuis deux ans, l'EI n'a cessé de se renforcer.

Les autorités politiques et les services de sécurité afghans ont-ils une part de responsabilité dans cet attentat ?
Le gouvernement afghan est particulièrement corrompu. Les dernières élections en 2014 ont été caractérisées par la fraude au détriment du candidat de la majorité. Aujourd'hui, ce pouvoir est extrêmement affaibli, il n'a plus d'autorité et n'est pas en mesure de reconstituer les forces de sécurité et l'armée. Si les Américains s'en vont, le régime s'effondre. Dans ce contexte, comment un régime sous perfusion pourrait-il redresser la situation ?


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commentaires (1)

L'ei et ses bactéries ne pourront être efficacement éradiqués que si la tête , le nid ou le cœur du serpent qui les nourrit n'est pas lui même décapité , brûlé ou arraché .... Et tout le monde sait où il se trouve et avec qui il est complice ... Personne n'ose porter d'accusation , et voir même on les décore ...

FRIK-A-FRAK

14 h 57, le 25 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • L'ei et ses bactéries ne pourront être efficacement éradiqués que si la tête , le nid ou le cœur du serpent qui les nourrit n'est pas lui même décapité , brûlé ou arraché .... Et tout le monde sait où il se trouve et avec qui il est complice ... Personne n'ose porter d'accusation , et voir même on les décore ...

    FRIK-A-FRAK

    14 h 57, le 25 juillet 2016

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