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Moyen Orient et Monde - Présidentielle US

L’« apocalypse now » selon Trump dynamité par les faits

Le milliardaire s'inspire du discours de Richard Nixon à la convention républicaine de 1968.

Le 21 juillet, lors du discours de Donald Trump à Cleveland. Timothy A. Clary/AFP

Hausse de la criminalité, immigrants dangereux, tensions raciales avivées par le président Barack Obama : Donald Trump a dépeint jeudi soir une Amérique proche de l'apocalypse. Pourtant, faits et histoire démontrent que la réalité n'est pas aussi sombre. « Le discours irresponsable de notre président, qui a utilisé sa fonction pour nous diviser par race et par couleur, a rendu l'Amérique plus dangereuse comme (...) jamais vu auparavant », a clamé l'homme d'affaires populiste en acceptant sa nomination pour porter les couleurs républicaines à l'élection présidentielle de novembre.Mais pour Barack Obama, « cette idée selon laquelle l'Amérique serait au bord de l'effondrement, cette vision de violence et de chaos partout ne correspondent pas vraiment à ce que les gens vivent ». « Nous n'allons pas prendre de bonnes décisions si elles sont basées sur des peurs qui ne sont pas soutenues par des faits », a-t-il soutenu, dans une allusion aux approximations et aux contre-vérités dont le milliardaire est coutumier.
Devant les délégués du parti réunis à Cleveland, Donald Trump a promis le « retour à la sécurité », se présentant comme un recours pour une nation décrite comme à feu et à sang, le seul à avoir la poigne nécessaire pour terroriser les délinquants, fermer la porte aux clandestins venus du Mexique et tenir tête aux pays qui infligent selon lui « humiliation après humiliation » aux États-Unis, de l'Iran à la Chine.
Outrés par ses excès et ses attaques, les grands médias ont mobilisé leurs troupes pour faire du fact-checking à échelle industrielle. « Les homicides ont augmenté l'an dernier de 17 % dans les 50 plus grandes villes américaines », a ainsi dénoncé le candidat républicain. Le Washington Post y a regardé de plus près. Il y a certes eu une hausse de la criminalité en 2015 dans 36 des 50 plus grandes villes américaines par rapport aux années précédentes. Mais les premiers mois de 2016 montrent à l'inverse une baisse, selon le quotidien, et la tendance sur plusieurs années est aussi à une diminution.

Émeutes raciales en 68
Donald Trump s'est volontairement inspiré dans son discours de celui de Richard Nixon à la convention républicaine de 1968, avec les mêmes références aux « Américains oubliés » ou à la « majorité silencieuse », et une même promesse de ramener l'ordre public dans les rues américaines. Pourtant, à l'époque de Richard Nixon, le fossé racial est bien plus profond, les tensions atteignant leur paroxysme avec l'assassinat du leader du mouvement des droits civiques Martin Luther King le 4 avril. Sa mort provoque une vague d'émeutes dans tout le pays. L'Amérique est aussi en guerre au Vietnam et beaucoup de jeunes Noirs, qui n'ont pas les moyens d'échapper à la conscription, sont envoyés au front. À la convention démocrate en août à Chicago, les manifestations pacifistes sont violemment réprimées par la police. Entre-temps en juin, le sénateur Robert Kennedy, frère du président assassiné, tombe à son tour sous les balles d'un tueur.
Trump a multiplié à Cleveland les louanges aux forces de l'ordre, sous pression depuis le meurtre de 5 policiers à Dallas et 3 à Baton Rouge par deux hommes dont le motif semble bien avoir été de venger le racisme et les violences policières endémiques dont est victime la communauté noire.
Mais le site dédié aux policiers morts dans l'exercice de leur fonction (Officer Down Memorial Page) a recensé 68 agents tués à ce stade cette année, soit quasi autant que l'an dernier à la même date (69). Trump a, lui, avancé jeudi que ce chiffre avait bondi de 50 % par rapport à l'an dernier. Le tonitruant milliardaire a aussi assuré que 58 % des jeunes Noirs étaient sans emploi alors que le taux de chômage des Noirs âgés de 16 à 19 ans était de 31,2 % en juin selon le département du Travail, soit presque autant qu'en 1972.
Il a aussi estimé que 180 000 clandestins devant être expulsés des États-Unis pour des délits « menaçaient » les Américains. Une menace cependant difficile à établir puisque la nature de ces délits n'aurait pas été établie, selon le Washington Post, ou ne seraient pas violents, selon le New York Times. Affirmant que 43 millions d'Américains (sur 320) vivent dans la pauvreté car dépendant des bons alimentaires (food stamps), il omet de dire que ce chiffre est le plus bas enregistré depuis 2013.
Enfin, le républicain affirme qu'en 2009, quand Hillary Clinton arrive à la tête de la diplomatie, « la Libye coopérait. L'Égypte était en paix. La violence diminuait en Irak » et la Syrie était « plus ou moins sous contrôle ». Mais il a oublié de rappeler que Libye, Égypte et Syrie étaient alors dirigées par des dictateurs qui seront contestés par le printemps arabe en 2011. Et que le groupe État islamique (EI) est né en avril 2004 sur les cendres d'el-Qaëda en Irak et de la guerre menée par le président républicain George Bush.
Anne RENAUT/AFP

Hausse de la criminalité, immigrants dangereux, tensions raciales avivées par le président Barack Obama : Donald Trump a dépeint jeudi soir une Amérique proche de l'apocalypse. Pourtant, faits et histoire démontrent que la réalité n'est pas aussi sombre. « Le discours irresponsable de notre président, qui a utilisé sa fonction pour nous diviser par race et par couleur, a rendu...

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