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Liban - Sécurité

Attentat de Nice : « J’ai eu l’impression d’être à Beyrouth »

« Nous, Libanais, sommes habitués. Mais, pour les Niçois, c'est traumatisant », affirme Laurent Hekayem, médecin à l'hôpital Pasteur, à Nice.

Plusieurs Libanais ont manifesté hier leur soutien à la France en allumant des bougies devant la Résidence des Pins à Beyrouth. Photo Anwar...

Jeudi 14 juillet. L'ambiance est à la fête sur la promenade des Anglais, à Nice. Français et touristes des quatre coins du monde, dont beaucoup de Libanais, sont rassemblés par milliers pour célébrer la fête nationale. Vers 22h30, heure locale, alors que prend fin le feu d'artifice, ce qui devait n'être qu'une fête vire au cauchemar. Un camion fonce sur les promeneurs, faisant au moins 84 tués selon le dernier bilan toujours provisoire. Le « caractère terroriste » de l'attaque, qui n'a pas été revendiquée, « ne peut être nié », affirmera plus tard le président français François Hollande.

L'Orient-Le Jour a interrogé quatre Libanais qui étaient ce soir-là sur les lieux du drame. Ils racontent l'horreur.

« J'ai eu l'impression d'être à Beyrouth »
Aristide B.*, Libanais de 36 ans, se trouvait sur la promenade, au moment du drame. « Nous étions entre amis », raconte ce conseiller financier.
« Vers 22h26 ou 27, les feux d'artifice étaient terminés. La promenade était bondée de gens, de touristes, d'enfants, de familles. À peine dix minutes plus tard, tout le monde s'est mis à courir, c'était la pagaille, ça hurlait de tous les côtés », se souvient-il.
Aristide B. explique ne pas avoir vu le camion qui a semé la mort sur la promenade des Anglais. Il n'a toutefois pas échappé au spectacle de l'horreur. « J'ai vu des corps joncher le sol, une fois le camion passé. J'ai vu du sang partout... », lâche-t-il d'une voix étouffée. « Durant les premières minutes qui ont suivi l'attentat, nous ne comprenions rien. Mais j'ai eu l'impression d'être à Beyrouth, en voyant les gens déboussolés, les enfants qui pleuraient, les femmes cherchant leurs proches », raconte-t-il en référence aux récents attentats qui ont secoué la capitale libanaise.

« Ce n'est pas de la peur, mais de la tristesse que je ressens »
Joe*, étudiant libano-russe de 21 ans résidant à Nice, se trouvait, lui, à proximité de la promenade des Anglais. « C'était la panique totale, tout le monde courait dans tous les sens, les gens se marchaient dessus, c'était horrible », raconte-t-il.
Choqué, il décide de rentrer chez lui. « J'ai allumé la télé pour voir ce qui se passait. C'est alors que j'ai appris qu'un camion avait foncé sur la foule sur la promenade », explique-t-il. « De mon balcon, j'ai vu un policier armé avec une lampe torche qui surveillait la rue. Des rumeurs circulaient, on parlait de prises d'otages, de fusillades en cours... », se souvient-il.
Le jeune homme ne s'attendait pas à ce que Nice soit visée. « Aujourd'hui, ce n'est pas de la peur, mais de la tristesse que je ressens », confie Joe.

*Les personnes interviewées n'ont pas souhaité donner leur nom de famille

Deux étudiants de l'USJ, pris dans le chaos de l'attentat de Nice, racontent
Neuf étudiants en quatrième année de médecine à l'Université Saint-Joseph arrivent le 8 juillet à Nice pour effectuer un stage. Le 14 juillet, les jeunes étudiants se rendent sur la promenade des Anglais pour participer aux célébrations de la fête nationale française.
Après avoir assisté aux célèbres feux d'artifice, ils cherchent un endroit pour dîner. « C'est alors que nous avons vu des personnes se mettre à courir dans tous les sens », raconte Talal Ziadé, 20 ans, à L'Orient-Le Jour. La foule des gens pris de panique se fait de plus en plus dense et le groupe d'étudiants s'éparpille. « Le chaos régnait et, emporté par la foule, je me suis mis à courir, avec deux amis, en direction de notre appartement », raconte Talal. Autour d'eux, les gens crient « bombe ! bombe ! » et « fusillade ! ». Les étudiants finissent par arriver chez eux, soulagés. « Toute la nuit, nous avons entendu le bruit incessant des sirènes », poursuit le jeune Libanais.
Les autres étudiants du groupe vivent une soirée similaire. À l'exception d'Anthony Tawk, 21 ans, qui se retrouve séparé de ses amis. Pris dans un autre mouvement de foule, et alors que toutes sortes de rumeurs se répandent comme autant de traînées de poudre, il a l'impression de se retrouver face à un groupe de terroristes. « J'ai cru que nous étions encerclés par des terroristes venus tuer tous les habitants de la ville », raconte le jeune homme. Pris de panique, il se réfugie dans un bar où se trouvent déjà une cinquantaine de personnes. « Je me suis enfermé dans les toilettes, j'ai décroché un tableau, au mur, pour me protéger avec, raconte-t-il d'une voix tremblante. J'étais certain que j'allais mourir. »
« Nous n'imaginions pas un seul instant qu'une attaque pareille pourrait avoir lieu à Nice, affirme Talal. Une fois de retour à l'appartement, nous n'avons pas pu nous empêcher de penser que les rues de Beyrouth étaient plus sûres que celles de Nice... »
Vendredi matin, dans une ville qui semblait vidée de ses habitants, les étudiants ont repris leur stage. Ils sont encadrés par Laurent Hekayem, leur professeur d'anatomie qui est aussi médecin à l'hôpital Pasteur, à Nice. Le médecin était en train de dîner lorsqu'il a été appelé aux urgences. « Nous avons reçu 75 patients en une heure et demie, dont 15 étaient dans un état grave. Ce n'est qu'à 4 heures du matin que la situation s'est un peu calmée, raconte-t-il. C'était l'enfer. Nous, Libanais, sommes habitués. Mais, pour les Niçois, c'est traumatisant. »

Jeudi 14 juillet. L'ambiance est à la fête sur la promenade des Anglais, à Nice. Français et touristes des quatre coins du monde, dont beaucoup de Libanais, sont rassemblés par milliers pour célébrer la fête nationale. Vers 22h30, heure locale, alors que prend fin le feu d'artifice, ce qui devait n'être qu'une fête vire au cauchemar. Un camion fonce sur les promeneurs,...

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