Le ministère de la Santé a répondu hier au président du rassemblement des minoteries industrielles, Arslane Sinno, qui avait affirmé la veille que la farine au Liban est conforme aux normes requises, au lendemain de la mise sous scellés de quelque vingt-huit minoteries pour cause de non-respect des critères sanitaires requis. M. Sinno avait expliqué que les minoteries fermées par le ministère de la Santé « ne sont pas spécialisées dans la farine, mais dans le fourrage des animaux et l'industrie du borghol (blé concassé) ».
« D'où M. Sinno a-t-il puisé ses informations et comment peut-il affirmer que les minoteries mises sous scellés ne sont pas spécialisées dans la farine ? »
s'est interrogé le ministère, affirmant que les minoteries en question desservent les régions dans lesquelles elles se trouvent en farine et borghol.
Et le ministère de se demander : « Si M. Sinno affirme que le secteur se porte bien, pourquoi toutes ces minoteries ont-elles été fermées (...) ? »
Il a en outre précisé que les analyses menées sur le blé ont montré qu'il existe, sur le marché, du blé non conforme aux normes, contenant de forts taux d'ochratoxines (composé toxique pouvant provoquer des effets néphrotoxiques, immunosuppressifs et carcinogènes chez certaines espèces), comme c'était le cas récemment avec cinq des douze échantillons prélevés des silos du port. Le ministère a enfin souligné qu'il « est grand temps que certains propriétaires de commerces prennent conscience du fait qu'ils doivent obéir à la loi ».
Contacté par L'Orient-Le Jour, Arslane Sinno a mis l'accent sur « la nécessité de faire la différence entre les minoteries industrielles et les petits moulins artisanaux » répartis dans les différentes régions. « Je m'exprime au nom des minoteries industrielles qui sont au nombre de onze », a insisté M. Sinno, soulignant qu'un problème a en fait été trouvé au sein d'une de ces minoteries et « qu'il n'y a aucune objection à ce que les mesures nécessaires soient prises à son encontre ».
Et M. Sinno de réitérer : « La qualité de la farine est examinée régulièrement et d'une manière non programmée par l'Institut de recherche industrielle (IRI). Les résultats ont montré que la farine est conforme aux normes requises. »
Minoterie moderne du Liban
Par ailleurs, l'ONG Offre-Joie, qui mène une campagne pour la salubrité du blé et de la farine, en collaboration avec l'Association de protection du consommateur et plusieurs avocats, a précisé dans un communiqué que le juge des référés à Beyrouth, Jad Maalouf, a publié hier une décision en vertu de laquelle l'un des silos de farine à la Minoterie moderne du Liban sera mis sous scellés. De même, le blé non conforme aux normes sera détruit. Dans le communiqué, Offre-Joie précise que le magistrat Maalouf a chargé Joseph Bou Samra, inspecteur judiciaire, de contrôler continuellement l'activité au sein de la minoterie et la bonne application des décisions judiciaires. M. Bou Samra devra soumettre un rapport hebdomadaire sur la situation de la minoterie et recourir à la justice lorsque cela s'avère être nécessaire. L'inspecteur est muni d'un permis lui autorisant de s'introduire dans les différents départements de la minoterie, de consulter tous les documents qu'il juge nécessaire pour sa mission et d'interroger tous les employés de l'institution, souligne Offre-Joie.
Signalons en outre que dans le cadre de la campagne sur l'hygiène alimentaire, les contrôleurs du ministère de la Santé ont fermé nombre d'entreprises dans plusieurs régions du pays.
De son côté, le ministère de l'Agriculture a déclaré avoir fermé l'entreprise Nader Chicken à Sin el-Fil, qui vendait de la volaille congelée périmée. Dans un communiqué, le ministère a précisé que « ce qui est dangereux, c'est que la volaille congelée et périmée est décongelée, puis vendue comme étant de la marchandise fraîche ». Le dossier de l'entreprise a été déféré devant le parquet.