Selon des chercheurs au Brésil, le diagnostic de l’infection par le virus Zika ne devrait pas se fonder uniquement sur la détection de la microcéphalie chez les nouveau-nés. Photo Bigstock
Le diagnostic de l'infection par le virus Zika ne devrait pas se fonder uniquement sur la détection, chez les nouveau-nés, de la microcéphalie, une malformation grave et irréversible, généralement rare, qui se manifeste par un crâne et un cerveau anormalement petits. Elle doit aussi prendre aussi en compte d'autres anomalies cérébrales, rapporte l'AFP.
L'épidémie de Zika, qui touche plusieurs pays d'Amérique du Sud depuis la fin de l'an dernier, a entraîné une flambée de microcéphalies attribuées au virus. Le Brésil est le pays le plus touché par Zika, avec près de 1,5 million de personnes contaminées et plus de 1600 bébés nés avec une microcéphalie.
En étudiant 1500 nouveau-nés suspectés d'avoir été contaminés par Zika au Brésil, les chercheurs en ont rejeté près de 900, la plupart d'entre eux étant des bébés normaux nés avec de petites têtes. Les 600 cas restants ont été classés comme des cas «probables» ou «certains» de Zika en se basant sur des imageries montrant des calcifications ou d'autres anomalies neurologiques, alors même que d'autres infections possibles comme la syphilis transmise par la mère ou la toxoplasmose avaient été éliminées.
«Pourtant dans un cas sur cinq, le périmètre crânien était normal, ce qui suggère que la seule microcéphalie ne suffit pas» pour détecter un cas de Zika chez un nouveau-né, souligne le Pr Cesar G. Victora de l'Université de Pelotas, au Brésil, qui a dirigé les travaux.
Les chercheurs ont également découvert que les mères des 600 bébés probablement contaminés avaient nettement plus souffert d'éruption cutanée pendant leur grossesse (61% contre 21% pour les femmes ayant mis au monde des bébés non atteints). Les bébés contaminés avaient également quatre fois plus de risques de mourir au cours de la première semaine de leur vie que les autres.
«Nos résultats suggèrent que chez les femmes enceintes affectées par le Zika, certains fœtus auront des anomalies cérébrales et une microcéphalie, d'autres des anomalies avec une tête de dimension normale, tandis que d'autres ne seront pas atteints», résume le Pr Victora. Interrogé par l'AFP, il précise qu'il faudrait généraliser d'autres tests, notamment des échographies crâniennes ou des tests sanguins chez les bébés, pour détecter le virus Zika.
Il n'a pas pu fournir d'estimation sur le nombre de nouveau-nés non diagnostiqués, probablement parce qu'ils ont été contaminés en fin de grossesse «lorsque leur tête avait déjà atteint une taille normale». Les lésions cérébrales qu'ils présentent pourraient néanmoins se traduire par des «retards de développement», observe-t-il.
Recherches sur des vaccins
Par ailleurs, les recherches sur les vaccins contre le virus de Zika se poursuivent, avec deux produits qui semblent être prometteurs. Ces deux vaccins, encore aux premières phases des recherches, ont permis de protéger « complètement » des souris de l'infection par le virus Zika.
C'est « une étape dans le développement d'un vaccin », estime ainsi le professeur Dan Barouch, de Harvard aux États-Unis, responsable de cette étude qui « démontre l'efficacité protectrice » avec une seule injection de l'un ou l'autre des deux vaccins testés. Il s'agit, assure-t-il, de « la première » démonstration d'une protection contre le virus Zika « obtenue avec un vaccin » sur l'animal. Mais plusieurs scientifiques avertissent qu'il faudra probablement des années avant de pouvoir disposer d'un vaccin commercialisé.
Cette étude, publiée dans la revue scientifique Nature, a été réalisée avec deux types de vaccins, un vaccin synthétique à base d'ADN et un vaccin classique contenant une forme inactivée et purifiée du virus. Ils ont donné aux souris une « protection complète » contre une souche de virus Zika du nord-est du Brésil ou de Porto Rico, notent les chercheurs.
Pour démontrer l'efficacité de la vaccination, les chercheurs ont inoculé du virus aux rongeurs vaccinés, puis constaté que ces derniers étaient efficacement protégés. Même si la prudence reste de mise, cette recherche suscite « l'optimisme », selon le Pr Barouch, qui souligne que des essais devraient commencer dès cette année avec les deux types de vaccins utilisés dans l'étude ainsi qu'avec d'autres vaccins.
«Il va falloir faire des tests sur des singes et surtout sur des animaux en gestation pour prouver que ces vaccinations protègent contre la menace majeure de Zika, la microcéphalie, car l'objectif est surtout de protéger le fœtus », déclare de son côté à l'AFP Étienne Simon-Lorière de l'Institut Pasteur à Paris. Il faudra également vérifier si les anticorps induits par les deux types de vaccin ne favorisent pas le développement de maladies liées à la même famille de virus, comme la dengue, avec une gravité accrue.