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Liban - Reportage

« Ici, entre musulmans et chrétiens, il y a beaucoup de tolérance et de respect »

Vivre le ramadan à Hamra, quartier dynamique et cosmopolite par excellence...

Des offres spécial ramadan à Hamra.

« C'est le deuxième jour du ramadan qui est le plus dur ! » s'exclame en riant Tarek, gérant d'une pharmacie en plein cœur de la rue de Hamra. Interrogé sur la façon dont est pratiqué le jeûne dans un des quartiers les plus cosmopolites de Beyrouth, le pharmacien admet qu'il est difficile parfois de jeûner, alors que les rues de Hamra regorgent de restaurants, cafés-trottoirs et autres snacks fréquentés en permanence par les touristes et les autres habitants qui n'observent pas ce rituel du mois de ramadan. Pour autant, il prévient : « Ici, entre musulmans et chrétiens, il y a beaucoup de tolérance et de respect, le ramadan est une fête et les rues y sont décorées autant que pour Noël. »

 

Combos spécial ramadan
Pourtant ce n'est pas le meilleur mois pour ses affaires. Selon lui, les ventes en parapharmacie baissent, car les badauds sont moins enclins à flâner et à acheter durant cette période. Un point de vue fermement contredit par le directeur d'une grande enseigne de prêt-à-porter, située juste de l'autre côté de la grande artère. Chez lui, tout a changé : les horaires d'ouverture élargis accueillent désormais les clients retardataires jusque tard dans la nuit, les employés bénéficient d'horaires adaptés à l'heure de l'iftar et, surtout, de grandes affiches rouges, annonçant les soldes, occupent désormais la vitrine de l'enseigne. « Pour nous, ramadan est un très bon mois », affirme Maher. Si les deux premières semaines sont plutôt calmes, il observe chaque année une explosion des ventes autour de la mi-juin, surtout à l'approche de la fête du Fitr, qui marque la fin du ramadan, lorsque « tout le monde échange des cadeaux ».


Même credo chez son concurrent. Selon le gérant de l'établissement, Abed, les ventes de vêtements sont plutôt faibles en début de mois, avant de progressivement s'accélérer, atteignant selon lui les mêmes chiffres qu'au cours des semaines précédant Noël.
Le secteur de la restauration reste en revanche en berne, un constat confirmé par plusieurs enseignes du quartier. Dans une période au cours de laquelle une importante partie de la clientèle préfère se restaurer à la maison et en famille, traditionnel moyen de rompre le jeûne à la tombée de la nuit, chacun adopte ses propres stratégies.
Dans une grande chaîne américaine, on compte sur la fidélité des habitués et les nouveautés de la carte, espérant que les heures de pointe entre 20 et 22 heures compenseront les tables quasi désertes du reste de la journée. Pour un autre restaurant situé sur Hamra, on mise davantage sur un combo spécial ramadan et autres promotions temporaires.

 

(Lire aussi : Ramadan : Cedars 4 Care cuisine pour les plus démunis)

 

Nourrir les plus démunis
Mais si les retombées économiques du ramadan sont donc spécifiques au secteur concerné, de nombreuses personnes soulignent une atmosphère paisible et festive, propice à l'apaisement des conflits et au développement de soi. Un responsable de la mosquée de Ras Beyrouth, située sur l'avenue Bliss, insiste sur l'importance de ce mois dans le développement spirituel des croyants, surtout parmi les jeunes. « Ce n'est pas juste un temps où l'on s'abstient de boire, de manger et de fumer, affirme-t-il. C'est surtout un temps de prière et de recueillement, durant lequel il faut bien se comporter et se tourner vers les autres. »
La centaine de couverts préparés quotidiennement par la mosquée font figure d'exemple : les marmites remplies à ras bord de soupes, lentilles et riz grillé nourrissent des Libanais modestes, comme de nombreux réfugiés syriens mendiant dans les rues de Hamra.


« La situation économique est difficile, et tout le monde doit se battre pour survivre, déplore le responsable de la mosquée. Qu'il s'agisse de la situation politique régionale ou de la montée du chômage, les gens ne se sentent pas en sécurité et deviennent agressifs. C'est cette agressivité que nous essayons d'inhiber à travers le jeûne et les prêches du vendredi durant lesquels l'imam incite à la sérénité et au pacifisme. » Pas de discours politique, donc ? « Non, surtout pas ! » s'écrie le vieil homme, souhaitant garder l'anonymat.
Selon lui, le quartier de Hamra vit paisiblement la cohabitation religieuse tant que l'on éloigne la politique des sujets de conversation. Orienter les fidèles durant les prières serait le meilleur moyen de diviser les musulmans entre eux, d'une part, et fragiliser l'ensemble de cette communauté cosmopolite, d'autre part, dit-il.

 

 

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