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Lifestyle - Photographie

Stephan Zaubitzer, chasseur de cinémas

Stephan Zaubitzer est un chasseur. Mais ce ne sont ni les têtes qui l'intéressent ni les bêtes sauvages. Depuis 13 ans, il traque les salles obscures du monde à l'aide de son objectif. Et celles du Liban n'y ont pas échappé.

L’Œuf (Dome City Center), Beyrouth. Photos Stephan Zaubitzer et Hans Lucas

Tout commence en 2003, lorsque le photographe franco-allemand Stephan Zaubitzer se retrouve à Ouagadougou, au Burkina Faso, pour un reportage. C'est à ce moment-là, et alors qu'il attend son avion, qu'il remarque une salle en plein air. De là naît sa première collection de photos de cinémas, et avec, le projet qu'il poursuit depuis : immortaliser les salles obscures dans les quatre coins du globe.
Son matériel grand format, qu'il balade dans une petite valise de voyage, est certes lourd. Mais il lui permet de se démarquer par ses photos en argentique, de faire de très larges agrandissements et de photographier les architectures particulières de certains cinémas.
« Mon idée est centralisée sur les salles de cinéma des centres-villes. Je suis à la recherche de ce patrimoine qui est menacé un peu partout dans le monde. J'essaie de capturer ces bâtiments ou ce qu'il en reste », explique le photographe qui affirme ne pas se focaliser sur les multiplexes cinématographiques. « Parfois, certaines de ces salles fonctionnent encore. Souvent, dans les pays du Sud, elles sont dans un état d'abandon et ont du mal à survivre. »

De Ouagadougou au Liban
Son voyage au Liban, il l'a effectué en partenariat avec l'Institut français du Liban, l'Office du tourisme libanais à Paris et l'Académie libanaise des beaux-arts dont les étudiants travaillent sur un site web dédié aux anciennes salles de cinéma locales. En deux semaines, Stephan Zaubitzer a parcouru Bourj Hammoud, Jounieh, Kaslik, Zahlé, Rayak, Beyrouth, Saïda, Chekka, Broummana, Aley, Tripoli, Tyr et Nabatiyé. En tout treize villes, où le photographe a fait des découvertes surprenantes, dont des salles Art déco à Zahlé et Rayak. « J'ai photographié une très belle salle à Tripoli qui s'appelait Le Colorado et qui est restée en l'état. Et puis d'autres à Nabatiyé et à Tyr qui sont restées très belles », souligne-t-il.

À Beyrouth, Stephan Zaubitzer a été marqué par l'Œuf, ce mythique grand bâtiment abandonné, au centre-ville, et qui était destiné à devenir une salle obscure avant que la guerre n'éclate. « L'Œuf est un bâtiment incroyable, symbole de la guerre civile. Il était important pour moi de le prendre en photo. Au début, on ne comprend pas que c'est une salle de cinéma, tant l'endroit est architecturalement impressionnant », explique-t-il. « J'ai pu constater que Beyrouth avait un statut particulier. Tous les cinémas étaient situés à la place des Martyrs. Après la guerre civile, tout a été rasé, démoli et reconstruit. Il existe quand même aujourd'hui une salle au même endroit où se trouvaient les cinémas beyrouthins, mais le patrimoine reste plus présent à l'extérieur de la capitale », dit-il.

Pour Stephan Zaubitzer, les salles obscures sont de précieux indicateurs du passé d'un pays. « En photographiant des salles, notamment au Liban, on voit les traces de la guerre qui s'y est déroulée. Ce qui est impressionnant, c'est le nombre de multiplexes qui sont une des conséquences de la destruction des salles de cinéma du centre-ville », indique-t-il. « L'histoire de ces salles varie d'un pays à l'autre. Rencontrer leurs propriétaires permet d'être en prise directe avec l'histoire du pays par le biais des histoires qu'ils racontent. Ce sont des lieux très forts symboliquement, parce qu'ils ont formé des générations de réalisateurs et de spectateurs. Visiter un pays par ce truchement permet de réellement parcourir son passé et s'en imprégner », confie également le photographe.
« C'est une sorte d'obsession. Plus je continue dans l'accumulation de ces images, plus je suis content », ajoute Stephan Zaubitzer, précisant toutefois qu'il n'est pas toujours évident de retrouver les propriétaires des cinémas abandonnés. Sauf que sa curiosité ne saurait être tenue en bride. « Je suis parfois obligé de me glisser en dessous des palissades pour photographier une salle, mais je préfère avoir l'autorisation des propriétaires », dit-il. Ses prochains voyages, Stephan Zaubitzer les imagine en Iran, en Russie, en Chine et à Cuba, où il rêve de découvrir des trésors cinématographiques cachés. Ses clichés sur les salles libanaises seront exposés à l'Institut français du Liban, en fin d'année.

Tout commence en 2003, lorsque le photographe franco-allemand Stephan Zaubitzer se retrouve à Ouagadougou, au Burkina Faso, pour un reportage. C'est à ce moment-là, et alors qu'il attend son avion, qu'il remarque une salle en plein air. De là naît sa première collection de photos de cinémas, et avec, le projet qu'il poursuit depuis : immortaliser les salles obscures dans les quatre coins...

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