Beyrouth, « assassinée deux fois »

C'est à l'initiative de l'ambassadeur du Liban auprès de l'Unesco, Khalil Karam, qu'a été projeté le film Bonjour Beyrouth, qui conte les heurs et malheurs de notre capitale depuis qu'elle existe en tant que creuset de civilisations et lieu de rencontre de tous les Libanais.
Il s'agit d'un éclairage net et objectif sur le passé récent et le présent qui rend Beyrouth méconnaissable tant elle a perdu des sites, demeures et quartiers entiers.
Signé Georges Salibi, avec une musique de Jahida Wehbé, le documentaire est poignant et révoltant du fait des commentaires des personnalités qui commentent le film à l'écran, constatant les dégâts et proposant des solutions tout en reconnaissant leur impuissance face à on ne sait quel responsable. Ou, plus grave encore, face à un système gangrené par la corruption et l'indifférence.
C'est pour ces responsables une simple affaire de pierraille et de débris bons pour remblayer les centaines d'hectares gagnés sur la mer pour servir de fondations aux Zeitounay Bay et autres nouveaux complexes du front de mer.
On a entendu Michel Eddé et ses successeurs au ministère de la Culture parler de tout cela avec amertume. On a entendu Raya Daouk, présidente de l'Apsad, en colère. Ou encore Walid Joumblatt et ses critiques aussi pertinentes qu'acerbes. Des architectes et urbanistes hautement compétents évoquer le sujet tout comme de simples citoyens désemparés et dégoûtés par l'infamie.
Beyrouth, on t'a assassinée deux fois. Mais citons quand même Nadia Tuéni: « Beyrouth est en Orient le dernier sanctuaire.
Où l'homme peut toujours s'habiller de lumière. »