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Scan TV - Scan TV

Et si l’on censurait certains programmes du ramadan...

La victime-star terrorisée par l’équipe qui la focre sous la menace de l’arme à porter une gilet explosif! Capture d’écran

Il n'est jamais venu à l'esprit d'un journaliste qui prône les libertés d'expression et de pensée de demander à ce qu'un programme soit censuré ou interdit de diffusion. Sauf qu'en se penchant sur les scénarios grandement sadiques de la mégaproduction Ramez byelaab bel nar (Ramez joue avec le feu), ou le programme égyptien Mini Daesh, on se demande si les censeurs ne devraient pas réagir d'une façon ou d'une autre – d'autant que le public en redemande, malheureusement.

 

 

 

 

Dans un monde arabe qui sait parfaitement jouer au mendiant en plaidant la cause des réfugiés syriens, irakiens, chrétiens et musulmans fuyant dans tous les sens l'État islamique, les protecteurs de nos mœurs sont vigilants pour censurer à la vitesse de l'éclair des œuvres d'art, des chansons et des films prodigieux qui nous invitent à la réflexion, mais laissent passer sans état d'âme aucun la médiocrité et la vulgarité, jugeant que c'est une moindre menace pour des esprits censés baigner constamment dans l'apathie et l'abrutissement. Quant aux téléspectateurs, ils semblent tellement assoiffés de violence gratuite et de terreur, qu'on dirait qu'ils exigent de voir reproduites dans des programmes de divertissement diffusés durant le mois de prière les atrocités diffusées par les infos sur les chaînes de télé chaque soir ?

Mais que veulent-ils exactement, ces téléspectateurs? Fantasment-ils à ce point, dans des productions hypercoûteuses, sur des images d'hélicoptères explosant sur des gratte-ciel, ou sur des kidnappings et des tirs de roquettes avec, en arrière-plan, le drapeau de cet État islamique responsable des mille et une misères des populations arabes, et de leur autodéportation dans les pays voisins ou en Europe, avec, souvent, la mort comme sort final ? Il est vrai, le public a changé et qu'il faudra désormais choquer, surprendre et même, souvent, déraper pour racoler et garder les téléspectateurs, mais ne faut-il pas un minimum de système de self-control, d'autocensure ? Ne devons-nous pas établir une ligne rouge bien définie à ne pas franchir quel que soit l'état des finances de nos chaînes ? Quelles seront les exigences dans quelques années ? Assisterons-nous à des massacres en direct, genre le Pulse à Orlando, en Floride, avec selfies wal cadavres khalfi, pour divertir le peuple?

Qu'est-ce qui est plus dangereux aux yeux des censeurs? L'incitation claire à la violence et aux actes terroristes et terrorisants pour attirer sponsors et annonceurs, et booster l'audimat, ou des chansons, des livres et des longs-métrages qui osent toucher à l'image et au pouvoir d'une autorité religieuse, ou bousculer les tabous ? Si les œuvres d'art censurées ont prétendument manqué de respect à une entité divine ou religieuse sacro-sainte et ébranlé l'autorité des chefs religieux toutes communautés confondues, c'est à l'homme, voire à l'humanité, que manquent de respect les Ramez Jalal ou les Mini Daesh, qui exhibent des scénarios apocalyptiques ruineux et banalisent la terreur, tout en menaçant sérieusement la santé mentale des téléspectateurs. Le monde arabe fourmille, certes, de riches réalisateurs et de brillants hommes d'affaires intouchables aux mœurs impeccables, qui n'hésitent pas à jeter leur argent par la fenêtre du show-biz, mais il est témoin, aussi, des larmes de ces familles, de plus en plus nombreuses, qui passent le ramadan à pleurer leurs proches engloutis par la Méditerranée aux portes de l'Europe, et qui, s'ils survivent, sont condamnés à mendier vivres et médicaments.

Aucun programme du ramadan n'a mis en exergue ces millions de déplacés et réfugiés arabes dispersés un peu partout afin de sensibiliser le monde à leur misère et aux dangers qui les menacent. Rares sont encore les émissions qui nous invitent à renouer durant ce mois sacré avec notre humanité, dernier bastion avant de verser dans la pourriture absolue de la déshumanisation qui nous guette de si près. Rares, parce qu'elles n'engraissent naturellement pas le compte en banque, et encore moins l'audimat.

 

 

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Il n'est jamais venu à l'esprit d'un journaliste qui prône les libertés d'expression et de pensée de demander à ce qu'un programme soit censuré ou interdit de diffusion. Sauf qu'en se penchant sur les scénarios grandement sadiques de la mégaproduction Ramez byelaab bel nar (Ramez joue avec le feu), ou le programme égyptien Mini Daesh, on se demande si les censeurs ne devraient pas...

commentaires (3)

Dans cette société d'images copiées/collées, l'on ne sait plus vraiment, si le colt est tenu à l'endroit ou à l'envers et contre tous.....!

M.V.

12 h 11, le 18 juin 2016

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Commentaires (3)

  • Dans cette société d'images copiées/collées, l'on ne sait plus vraiment, si le colt est tenu à l'endroit ou à l'envers et contre tous.....!

    M.V.

    12 h 11, le 18 juin 2016

  • La victime-star terrorisée par l’équipe qui la focre sous la menace de l’arme à porter une gilet explosif! Capture d’écran ------------ "Qui la force" bien sur. Bonne journee..

    Fady Challita

    07 h 48, le 18 juin 2016

  • "Aucun programme n'a mis en exergue ces millions de déplacés et réfugiés arabes dispersés un peu partout afin de sensibiliser le monde à leur misère et aux dangers qui les menacent." ! Misérables producteurs et programmateurs arabes minables : Puissent-ils n’être eux-mêmes que des noyés, enfin "lavés" de leurs saletés par dix marées !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 39, le 18 juin 2016

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