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Liban - Ville

Le « Silence » pour combattre l’immobilité

Des étudiants de l'AUB se sont lancés dans le projet qui soulève la question de la pollution sonore à Beyrouth ; mais pas seulement...

À Gefinor, une rampe en fer et bois permet de se hisser dans le feuillage de deux arbres, où le chant des oiseaux remplace celui du moteur des voitures.

Le fruit de treize semaines d'efforts des étudiants de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) a été présenté récemment au jury de l'université et par la même occasion au public. Le projet « Silence », dirigé par Rana Haddad, enseignante au département d'architecture et de design, est le troisième d'une série d'installations publiques organisées en collaboration avec l'AUB. Toutes visent à sensibiliser la population sur l'importance d'apporter un dynamisme à la ville de Beyrouth, ainsi que de créer des espaces publics aménagés.

Les étudiants en troisième et quatrième années du département d'architecture et de design ont fait preuve d'une impressionnante créativité en imaginant des installations qui offrent une échappatoire au bruit omniprésent des rues de la capitale. Mais ce n'est pas tout. Chaque projet est à double sens et fait passer un message caché, politique ou social, qui ne concerne en rien les klaxons trop bruyants. Un emplacement choisi stratégiquement, un jeu de mots, et toute la structure prend une dimension supplémentaire, invisible à première vue.
Les apprentis designers se sont répartis par groupes de cinq, dans quatre endroits différents : le Gefinor, le Bois des Pins, le pont piéton à côté du CityMall et Spears. Chaque groupe a travaillé dans un environnement unique en exploitant les ressources qu'il présente pour en faire un lieu agréable. Ayant pour unique budget les sponsors des restaurants ou des boutiques environnants, les étudiants ont jonglé avec les difficultés. Mais le jeu en valait la chandelle.

L'un des projets, qui devait avoir lieu à Spears, a été très perturbé par un incendie qui s'est déclaré dans le bâtiment d'architecture et de design de l'AUB le jour de la présentation au jury. Beaucoup d'élèves, choqués, ne sont pas venus voir les projets. Le jury, en revanche, ne s'est pas laissé abattre. Cinq membres ont noté les projets selon trois critères : le projet en général, sa relation à l'endroit choisi et son succès auprès du public.
Sur le pont du CityMall, un des groupes a conçu vingt-deux boîtes isolantes en bois, juste assez grandes pour y mettre la tête. Une fois le visage glissé à l'intérieur, un sentiment de bien-être s'installe : le bruit de la circulation intense de l'autoroute qui s'agite sous le pont s'évanouit et laisse le passant profiter d'un silence reposant. Parfois même un jeu de miroirs fait voir le ciel dans des boîtes fixées au mur. Des messages sont inscrits sur le bois, certains explicatifs : « Cette boîte est un refuge contre le bruit. » D'autres sont plus incisifs : « Aucun raffut n'est plus dérangeant que celui fait par les politiciens. »


(Lire aussi : Le paysagisme : combiner architecture et aménagement d'espaces verts et fleuris)

 

À Horch (Bois des Pins), les étudiants ont obtenu l'autorisation d'installer leur projet dans la partie habituellement fermée au public, mais quiconque demande à voir l'installation devrait y entrer sans encombre. Deux balançoires y ont été placées. L'une est entourée d'arbres sur une colline du parc et coupée du bruit de la ville. L'autre a été installée sur la barrière qui sépare la partie ouverte au public de la partie fermée. Les étudiants doivent appeler des enfants qui jouent de l'autre côté du grillage pour pouvoir commencer à se balancer. À travers cette mise en place audacieuse, le groupe a voulu dénoncer l'absurdité de l'ouverture du parc pour certaines personnes seulement.
Sur l'esplanade du Gefinor, les arbres ont servi de repère. Une rampe en fer et bois permet de se hisser dans le feuillage de deux arbres et de s'allonger sur une plate-forme pivotant, d'où l'on entend le chant des oiseaux au lieu du moteur des voitures.

Mme Haddad, initiatrice du projet, explique son engagement : « Les Libanais ne sont pas indifférents aux installations publiques, mais ils sont très rares. Il suffit seulement de stimuler leur intérêt. Si on leur donne l'occasion de profiter d'un endroit aménagé, ils ne s'en détourneront sûrement pas. »

 

Pour mémoire
Le bruit nuit à la santé, et aux oreilles en particulier

Le fruit de treize semaines d'efforts des étudiants de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) a été présenté récemment au jury de l'université et par la même occasion au public. Le projet « Silence », dirigé par Rana Haddad, enseignante au département d'architecture et de design, est le troisième d'une série d'installations publiques organisées en collaboration avec l'AUB....

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