Le métier du paysagisme a le vent en poupe face à la construction chaotique et la pollution qui agressent les villes et les banlieues, et atteignent même les zones jadis rurales. La conception de surfaces paysagères, qui apportent un remède aux préoccupations environnementales et rendent agréable le cadre de vie, est un métier qui intéresse de plus en plus de jeunes amoureux de la nature, ayant un penchant pour la dessiner. Pour les éclairer, Zeina Majdalani Khabbaz, architecte-paysagiste, à la tête de deux sociétés de consultation paysagère, ZMK Landscape Architects (Liban) et Parks Landscape Design (Qatar), défriche la spécialité.
Perspectives et exécution
« Basé sur une étroite relation entre la nature et l'architecture, le paysagisme n'est pas un métier de jardinier ou de pépiniériste », indique d'emblée Zeina Khabbaz qui nous reçoit dans son bureau aux larges baies vitrées, offrant vue sur une terrasse où se fondent en harmonie des plantes et des galets. Comme pour balayer d'éventuelles idées reçues, elle précise que « le rôle premier de l'architecte-paysagiste est de dresser des plans d'aménagement de terrains et d'encadrer leur réalisation ». La conception des espaces nécessite, pour se concrétiser, le dessin d'esquisses et de croquis de perspectives, qui seront ensuite soumis à l'agrément du client, avant d'être mis à exécution. Sur cette dernière étape, Zeina Khabbaz souligne que « la supervision des travaux paysagers n'implique pas seulement d'être versé en jardinage et botanique pour verdir, fleurir ou reboiser, mais nécessite aussi de posséder un solide bagage en techniques de construction et maçonnerie paysagère pour le terrassement, l'élévation de murets, l'aménagement d'allées de promenade, la pose de bordures et de clôtures, de dallages et de pavages, la création de points d'eau, l'installation de l'éclairage... ».
Espaces verts et structures harmonieuses
Offrir aux clients des espaces verts et de qualité, moulés dans des structures harmonieuses, voilà ce dont est chargé l'architecte-paysagiste. Concernant les délais de livraison que nécessitent généralement de telles remises en valeur, la professionnelle de la nature indique qu'ils varient « entre 4 semaines et 6 mois, à raison d'un horaire de 8 heures par jour, 5 jours sur 7 ».
Apprendre sur le terrain
« Pour réussir dans ce domaine, il ne faut pas hésiter à apprendre sur le terrain », poursuit la jeune consultante qui a à son actif la réalisation de grands projets au Liban et à l'étranger, notamment le réaménagement et la rénovation du jardin des Sanayeh, les espaces extérieurs de Sama Beyrouth (Achrafieh), l'hôtel Summerland Kempisky (Jnah), Waterfront City (Dbayé), Bonita bay (Batroun) et le complexe de chalets Oakridge (Faqra). Elle est également l'auteure du plus grand parc de Doha (Qatar), un jardin public de 1 700 000 m², sans compter ses réalisations en Syrie, Irak, au Maroc, en Espagne, Guinée équatoriale...
Avant d'en arriver là, l'architecte-paysagiste a obtenu un diplôme de l'université Cornell de New York et travaillé durant 3 ans à Londres, où, se souvient-elle, elle transportait dans sa voiture des plants de fleurs et d'arbustes pour les mettre en culture dans les terrains confiés par ses clients. « Le paysagiste doit, dès ses débuts, se rendre sur les chantiers et ne pas récuser les travaux manuels un peu durs, dans des conditions climatiques pas idéales non plus », conseille Zeina Khabbaz, relevant que les visites sur place sont également indispensables, « pour faire au préalable une analyse concrète des sites et dresser un diagnostic afin de dégager ensuite les solutions techniques les plus adaptées aux contraintes posées ».
Aptitudes, contraintes et satisfaction
Goût du travail en plein air, habileté manuelle, sens de l'initiative, telles sont donc les qualités préconisées par l'experte, ainsi que le goût pour l'art et l'esthétique, et surtout un sens des volumes. « Avoir la vision de l'espace, c'est-à-dire percevoir d'emblée comment aménager un site dès lors qu'on y jette un œil, est un atout pour réussir », dit-elle. Tout comme l'esprit créateur d'ailleurs. « Mais imaginer ne suffit pas, encore faut-il adapter l'exécution du dessin conçu à la structure du terrain, et c'est là une contrainte souvent difficile à gérer », reconnaît Zeina Khabbaz, qui évoque aussi la difficulté de l'évaluation du dénivellement des surfaces avant de procéder à leur égalisation et leur aplanissement. « Tracas vite envolés, lorsque je vois mon œuvre finalisée, transposée du papier à la réalité », conclut-elle, dans un sourire de satisfaction.
Établissements proposant la formation en paysagisme
Université libanaise (UL), institut des beaux-arts :
- Diplôme d'ingénieur agricole, spécialité landscaping (planification et aménagement paysager et rural) en un an (5e année).
- Master en architecture du paysage après un diplôme d'architecture, d'architecture de paysage, d'agronomie ou de géographie : 4 semestres.
Université américaine de Beyrouth (AUB), faculté d'agriculture et de Food Science :
- Diplôme en Science Degree in Landscape Design and Ecosystem Management (LDEM) : 4 ans.
Notre Dame University (NDU), département d'architecture :
- Master d'architecture en urbanisme paysager : 2 ans.
Université de Balamand, Académie libanaise des beaux-arts (Alba) :
- Master en aménagement du paysage : 2 ans.
Débouchés et rémunérations
- Salarié dans un bureau d'architecture paysagère. La rémunération est de 1 300 à 4 000 dollars.
- Paysagiste libéral. Les revenus sont variables suivant l'activité.