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Culture - Musique

« On est au Liban, tout peut s’arrêter, vous voulez faire la fête avec nous ? »

Le Beirut Jam Session fête son quatrième anniversaire, demain jeudi, sur le rooftop de Station.

Ambiance animée aux concerts du Beirut Jam Session.

Il arrive l'air décontracté, le sourire aux lèvres. Une barbe de quelques jours, tee-shirt V au corps. L'esprit jeune. On sent déjà l'énergie qui anime ce petit gars de Mar Mikhaël. La dégaine d'Anthony Seeman désarme : on ne ferait pas plus simple. Elle ne trahit en rien le jeune pro qui travaillait dans les télécoms à Madrid. «Cette vie, dit-il, commençait à m'étrangler un peu.» Un beau jour, sa passion pour la musique l'a conduit à tout abandonner pour fonder le Beirut Jam Session. En 2012, après avoir longuement mûri son projet, Anthony Seeman laisse tout tomber: sa boîte, son bureau et ses piles de dossiers. «Je n'avais aucune idée de ce que je faisais.» Désormais, ça sera sa terre natale : le Liban, ses potes, la musique. Surtout, la musique: «À la base, l'idée c'était juste d'organiser des concerts.» Ses amis, Jessica Naime, Talia Souki et Roy Jamhouri, se joignent à lui. Juin 2012, le Beirut Jam Session est lancé.
Peu à peu, le projet prend forme et s'enrichit: des concerts, des sessions, des tournées qui donnent vie au Jam Session: une plateforme web éponyme propose un regard musical d'un genre nouveau, disponible sur la chaîne YouTube. La blogothèque sera leur point de départ, la source d'inspiration qui nourrit le projet. Ce qui lui plaît? Les vidéos «atypiques» que ce média français propose en ligne: des espaces vides aux atmosphères particulières, dans lesquels les artistes font vibrer et mourir leurs notes. Dans l'intimité, on goûte leur musique, immergée dans des décors inattendus, emprunts d'une forte identité.
Dans le même esprit, le Beirut Jam Session produit des vidéos qui offrent un regard sur des artistes différent de celui que les Libanais ont l'habitude de poser. Le principe? «On met à chaque fois un (artiste) international en train de jouer avec un (artiste) local.» On y redécouvre le Liban. On se laisse surprendre par des coins plus cachés. On s'introduit dans la sphère privée musicale d'un Ibrahim Maalouf, de Pony Pony Run Run, de We Were Evergreen, d'Émilie Gassir ou de Charlie Winston, qu'on écoute jouer avec discrétion. «C'est de l'improvisation, cela donne vraiment un bon mélange.» Leurs voix s'entremêlent à celles locales, plus jeunes et moins écoutées, encore anonymes. «Il y a toujours ce moment de magie qui se passe.»

Indiens ou Norvégiens
Cet heureux coup de tête le conduit à promouvoir de plus grands artistes. Investigateur au quotidien, présent sur la scène musicale européenne, les bureaux de télécom de Madrid sont déjà loin derrière lui. La vie d'Anthony Seeman? Aller dénicher à gauche, à droite des musiciens talentueux et ignorés: Indiens ou Norvégiens, Français et Portugais... Les écouter au moins une fois en live est une condition à laquelle il ne déroge pas. Il repère ces jeunes audacieux, bourrés de talents, amoureux de musique; s'efforce d'associer des jeunes talents libanais pour les aider à se faire un nom au-delà des frontières locales. «Cela prend des mois et des mois pour faire venir des personnes au Liban, et c'est encore plus dur pour en faire sortir.» Les faire sortir oui, mais aussi les encourager: «Je veux juste que les artistes commencent à s'envoler. Tout le monde a peur de ne pas réussir. On doit toujours essayer, sans arrêt.»
Aujourd'hui, Anthony Seeman jongle avec plusieurs casquettes: manager du groupe Postcards (qu'il repère alors qu'ils ont à peine 18 ans, et avec qui il s'est envolé, cette année, vers le Portugal et l'Italie après une tournée libanaise) et associé du Byblos Festival depuis 2 ans, il se fait aussi booking agent pour les artistes qui viennent se produire au Moyen-Orient. L'année a été riche en concerts et en tournées: Safar, Roscius (Fr), Time For T (UK), Lumi, Gurumiran, Is Tropical (UK)...
Quatre ans après sa création, le Beirut Jam Session est sur le point de fêter son anniversaire, le 9 juin. Pour l'occasion, le rooftop de Station accueillera deux groupes: Heymoonshaker, avec Dave Crowe, l'un des plus grands chanteurs de Beatbox, découvert sur la scène d'Amiens deux ans auparavant, et Chyno, un artiste de hip-hop
philippo-syrien. De ce duo, il en attend beaucoup. Ce qui le porte à présent? «Continuer à faire sortir des artistes libanais de Beyrouth et avoir des nouveaux projets, tout le temps.» Avant de conclure avec optimisme: «On est au Liban, tout peut s'arrêter: c'est un pays dans lequel il y aura toujours des problèmes. Mais nous, on est là. Vous voulez venir faire la fête avec nous? Vous êtes les bienvenus, vous allez vous éclater!»

Il arrive l'air décontracté, le sourire aux lèvres. Une barbe de quelques jours, tee-shirt V au corps. L'esprit jeune. On sent déjà l'énergie qui anime ce petit gars de Mar Mikhaël. La dégaine d'Anthony Seeman désarme : on ne ferait pas plus simple. Elle ne trahit en rien le jeune pro qui travaillait dans les télécoms à Madrid. «Cette vie, dit-il, commençait à m'étrangler un...

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