Rechercher
Rechercher

Liban - Prix Samir Kassir

La 11e édition récompense le « courage » de deux journalistes syriens et d’un égyptien

La cérémonie a eu lieu dans les jardins du palais Sursock.

Les lauréats du prix Samir Kassir entourant Gisèle Khoury. Photo Ibrahim Tawil

2 juin 2005-2 juin 2016. Onze ans se sont écoulés depuis ce jeudi noir de 2005 lorsque l'explosion d'une bombe a mis un terme à la vie de l'éditorialiste d'an-Nahar Samir Kassir. Mais les Libanais se rappellent toujours de ses prises de position critiques des régimes arabes et des carences de la vie politique libanaise. Ils se souviennent aussi de ses éditoriaux les exhortant à se révolter contre la mainmise étrangère sur le Liban, pour changer leur réalité et jouir de leur liberté. C'est ainsi qu'il est perçu comme le penseur de la révolution du Cèdre de 2005. Il incarne par la même occasion la liberté de la presse et le courage des journalistes.
C'est dans cet esprit que la Fondation Samir Kassir et l'Union européenne récompensent depuis 2006 par le prix Samir Kassir pour la liberté de la presse (10 000 euros, financé par l'UE) des journalistes qui, comme Kassir, se sont distingués par la qualité de leur travail et pour leur engagement courageux en faveur de la démocratie et de l'État de droit.
La onzième cérémonie de remise de ce prix a eu lieu hier dans les jardins du palais Sursock à Achrafieh. Étaient présentes de nombreuses personnalités politiques, diplomatiques et du monde de la presse, dont notamment la chef de la Délégation de l'Union européenne au Liban, Christina Lassen, l'ambassadeur de France à Beyrouth, Emmanuel Bonne, les députés Bassem el-Chab et Ahmad Fatfat (courant du Futur), les anciens ministres Tarek Mitri, Ziyad Baroud et Mona Afeiche, ainsi que de nombreuses autres personnalités.

 

(Voir aussi : Se souvenir de Samir Kassir, en images)

 

« La nécessité de poursuivre le combat »
Après le mot de bienvenue de notre consœur de la Voix du Liban 93,3 Najat Charafeddine, Mme Lassen a pris la parole : « La commémoration de l'assassinat de Samir Kassir nous rappelle la nécessité de poursuivre son combat et de saluer sa foi en la liberté d'expression et son courage à dire la vérité », a-t-elle lancé.
« La liberté d'expression, en particulier la liberté de la presse, lui tenait à cœur, tout comme à l'Union européenne », a ajouté Mme Lassen, avant de poursuivre :
« Pour que le monde progresse, nous avons besoin d'un journalisme courageux, brave et professionnel. » La diplomate européenne a ensuite dédié la 11e édition du prix Samir Kassir « à tous les journalistes qui font un travail courageux au Moyen-Orient et qui mettent parfois leurs vies en péril pendant l'exercice de leur métier. »

« La révolution ne s'arrête pas aux portes des despotes »
De son côté, la journaliste Gisèle Khoury, veuve de Samir Kassir et présidente de la fondation qui porte son nom, a souligné dans son allocution, que « onze ans après son assassinat, le rendez-vous annuel du 2 juin demeure une occasion pour renouveler la promesse à Samir le journaliste, l'écrivain et l'historien ». « Onze ans après le 2 juin 2005, il nous reste le printemps de Beyrouth et son festival culturel, assurant l'égalité de tous en matière d'art et de créativité », a-t-elle ajouté.
« Après onze ans, les yeux de Samir Kassir continuent de surveiller les violations des libertés de la presse (allusion au centre SKeyes, les yeux de SK qui observent les atteintes aux journalistes et à la liberté d'expression). » Pour Gisèle Khoury, « la révolution dont les bases ont été jetées par Samir Kassir, par ses écrits et sa pensée, ne s'arrête pas aux portes des despotes et des tyrans ou bien face à des lois édictées sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. Elle vit dans les esprits, les cœurs, les yeux et les plumes de tous ceux qui croient en elle, partout dans le monde ».

 

(Pour mémoire : Samir Kassir ou l’éternel printemps de la pensée)

 

Les lauréats de l'édition 2016
Le prix Samir Kassir pour la catégorie de l'article d'opinion a été remis au journaliste syrien Maher Massoud pour son article Terre de parole. Ce texte publié le 8 mars 2016 dans des journaux et sur des sites arabes est une promesse de non-retour au silence si longtemps imposé en Syrie. Recevant son prix, M. Massoud a salué « l'âme et le courage de Samir Kassir ».
Mohammad Tarek, journaliste au quotidien égyptien al-Masri al-Yawm, a remporté le prix Samir Kassir pour le meilleur article d'investigation. Son texte, Empan et poignée, publié le 21 février dernier, est une description détaillée des centres de détention en Égypte et de la souffrance des détenus et de leurs familles. Après avoir reçu son trophée, le journaliste a dédié le prix à l'ordre des journalistes et aux détenus égyptiens, tout en notant que l'effectif de ces derniers s'élève aujourd'hui à plus de 40 000 prisonniers.
Enfin, la fondation Samir Kassir a remis le prix du meilleur reportage audiovisuel au correspondant syrien de la chaîne al-An, Matar Ismaïl, qui a couvert les développements dans son pays depuis le début du soulèvement, le 15 mars 2011. Son film, Amour en état de siège, diffusé sur plusieurs sites le 27 décembre 2015, relate le quotidien d'une famille syrienne tentant de survivre en état de siège au sud de Damas. Dans son mot de remerciement, M. Ismaïl a estimé que son film reproduit l'écho des appels de Samir Kassir à « sortir de la grande prison ».
Signalons enfin que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, s'est adressé hier à Samir Kassir par ce Tweet : « Ne t'inquiète pas Samir, la cause se porte bien, parce que l'esprit du 14 Mars ne meurt pas. »

 

Lire aussi
Gisèle Khoury : Samir Kassir était un « fanatique » de l'État laïc

 

 

Pour mémoire
Une 11e édition pour résister face à ce qui (ceux qui) menace(nt) la liberté d’expression

 

Dix ans plus tard, Gisèle Khoury est certaine : « Samir Kassir a gagné »

2 juin 2005-2 juin 2016. Onze ans se sont écoulés depuis ce jeudi noir de 2005 lorsque l'explosion d'une bombe a mis un terme à la vie de l'éditorialiste d'an-Nahar Samir Kassir. Mais les Libanais se rappellent toujours de ses prises de position critiques des régimes arabes et des carences de la vie politique libanaise. Ils se souviennent aussi de ses éditoriaux les exhortant à se...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut