Plus d'un demi-millénaire après, les grandes bombardes qui ont éventré les murailles de Constantinople tonnent à nouveau... Les Turcs fêtaient dimanche, avec d'énormes moyens pyrotechniques, le 563e anniversaire de la "conquête" de la capitale byzantine.
Des événements étaient organisés partout en Turquie pour célébrer la prise, en 1453, de Constantinople par le sultan ottoman Mehmet II dit "le Conquérant", mais les plus spectaculaires - de loin - étaient ceux organisés dans la ville même où se déroulèrent les combats, aujourd'hui baptisée Istanbul.
Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans le quartier de Yenikapi, dans la Corne d'Or, et ont entonné l'hymne national turc, agitant d'immenses drapeaux. La foule a été régalée par les acrobaties d'un escadron de l'armée de l'air turque.
Un feu d'artifice géant, une reconstitution de la prise de la ville en 3D ou encore un concert donné par un orchestre militaire ottoman de 563 musiciens devaient suivre, conformément au programme publié sur le site internet du gouvernorat d'Istanbul.
(Lire aussi : A Istanbul, des milliers de musulmans réclament la réouverture de la "mosquée" Sainte-Sophie)
Un important dispositif de sécurité a été déployé à Istanbul, la Turquie ayant été secouée cette année par plusieurs attentats attribués au groupe Etat islamique ou aux rebelles kurdes.
Un sous-marin, une frégate, cinq hélicoptères, 9.000 policiers, dont 40 tireurs d'élite, et des dizaines de chiens renifleurs y ont été mobilisés, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anatolie, qui cite le responsable de la police municipale, Mustafa Çaliskan.
Depuis l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), en 2002, les autorités turques, accusées de néo-ottomanisme, multiplient les références au passé impérial.
A son apogée, la Sublime Porte a régné sur un territoire s'étirant des environs immédiats de Vienne au golfe d'Aden.
"Je salue toutes nos capitales soeurs, de Sarajevo à Bakou", s'est exclamé, dans un discours à Istanbul, le président Recep Tayyip Erdogan, qui mène une diplomatie active dans les pays de l'ancien espace impérial.
"D'ici à 2023, nous ferons de l'héritière de +l'homme malade+ d'il y a 100 ans l'une des dix plus grandes économies mondiales", a assuré M. Erdogan, qui faisait allusion au surnom donné dès le XIXe siècle par les capitales européennes à l'Empire ottoman déclinant : "C'est ce qui sied aux petits-enfants du +Conquérant+".
M. Erdogan a par ailleurs estimé que plusieurs problèmes auxquels est actuellement confrontée la Turquie, comme la reprise des combats contre les rebelles kurdes dans le sud-est de son territoire, étaient le fait de ceux qui "n'ont pas fini de régler leurs comptes" avec le pays depuis la conquête de Constantinople.
Le président turc n'a pas précisé sa pensée.
M. Erdogan a en outre annoncé l'inauguration fin août du troisième pont sur le Bosphore, actuellement en construction et auquel a été donné le nom du sultan Selim 1er, fossoyeur au XVIe siècle de quelque 40.000 alévis, une minorité musulmane libérale.
Pour mémoire
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Des événements étaient organisés partout en Turquie pour célébrer la prise, en 1453, de Constantinople par le sultan ottoman...
commentaires (7)
Il n'arrive même pas à la "cheville" du Grand Atatürk !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
10 h 23, le 31 mai 2016