Cela fait cinq ans qu'Alep souffre, à cause de la terrible guerre qui ravage la Syrie, avec les hordes barbares qui ne cessent d'y déferler à travers l'intarissable voie turque, cela se poursuivant crescendo jusqu'à atteindre, depuis début avril dernier, le point culminant, où la ville est devenue quasiment invivable, dévastée par un matraquage de bombardements aveugles, la plupart du temps manquant presque de tout, surtout d'électricité et d'eau, de carburant, sans parler de la rareté des denrées alimentaires. Ce qui reste de la population (beaucoup ayant fui) vit terré dans ce qu'il existe encore de maisons habitables, souvent sans travail, privés (en sus de ce qui précède) des éléments les plus essentiels de la vie, comme les médicaments et les soins sanitaires (surtout les secours aux blessés). C'est un véritable enfer, un cauchemar, une très cruelle et ignoble injustice que sont en train de subir les pauvres Alépins, pour la plupart innocents.
Est-ce comme cela qu'on récompense cette si belle et merveilleuse ville de tolérance, une des plus anciennes du monde, et qui a tant donné à la Syrie et même au Liban, ainsi qu'à la civilisation ? En commençant par son jadis rare melting-pot, où vivaient, en parfaite symbiose, avec les authentiques Alépins, de nombreuses communautés de Levantins (Grecs, Italiens, Français, Russes), de Kurdes, etc., et qui a ouvert son espace et son cœur aux dizaines de milliers de réfugiés arméniens, survivants du génocide ottoman, en les transformant en citoyens syriens, jouissant de tous les droits. Il n'y avait pas une seule communauté religieuse, parmi celles qui sont répandues au Proche-Orient, qui n'y avait pas sa place, avec ses lieux de culte, les églises et les monastères se comptant par plusieurs dizaines, sans oublier même les synagogues, dont certaines comptent parmi les plus anciennes du monde.
Dans les années 1960, une vague d'Alépins ont quitté la Syrie afin de s'installer au Liban pour des raisons purement économiques car l'orientation socialiste des régimes syriens de l'époque était devenue défavorable aux affaires. Elle comprenait un nombre important d'hommes d'affaires, de finance et d'industriels, aguerris, réputés pour leur probité et leur compétence. Ils étaient munis de leurs capitaux, expérience et réputation, qu'ils ont investis chez nous, pour le plus grand bien de notre pays, fondant des entreprises commerciales et industrielles de taille et embauchant un lot impressionnant de Libanais.
Dans le domaine des finances, certains ont fondé au Liban des banques, d'autres ont été sollicités par les banques libanaises les plus prestigieuses de l'époque afin de les diriger, dont certains en tant que directeurs généraux. Cette vague comprenait des citoyens alépins d'origine grecque ou arménienne.
Pour donner une certaine saveur à cet article, qui n'a rien d'enchanteur, il me semble qu'il ne serait pas inopportun de mentionner la richesse et les délices de la gastronomie alépine, qui s'est tellement répandue sous nos horizons, que certains mets, très appréciés par la population locale, ont commencé à faire partie de la cuisine libanaise, à tel point qu'on les trouve dans les cartes de nos restaurants.
Devant ce tableau, on devine les causes de l'agression et de l'acharnement délibérés des forces des ténèbres, constituées par les hordes de mercenaires-monstres-saboteurs-assassins-jihadistes-takfiristes, dont le seul but est de piller et de violer, et puis de détruire cette merveilleuse civilisation incarnée par Alep, afin d'atténuer le complexe des nouveaux Ottomans, tout en les réjouissant, et ce dans leurs rêves hégémoniques et fous de grandeur (mêlés de rancune), ainsi que des dynasties wahhabites de Bédouins du désert, haineuses et non moins rancunières, qui supportent mal l'union nationale, l'ouverture, la prospérité et le rayonnement d'Alep, la bien-aimée du monde civilisé. Ils ont hélas réussi à lui infliger de profondes blessures afin de servir simultanément les manipulateurs sionisto-américains, qui insistent à prouver au monde qu'il faut accepter un État juif en Israël, car (d'après eux) toute cohabitation entre les différentes religions (et même les rites) est impossible au Proche-Orient. Espérons que les échecs, que sont en train d'accumuler ces assassins, finiront par avoir raison d'eux et des plans diaboliques de leurs maîtres manipulateurs.
Avant de terminer, une petite question s'impose : qu'est-ce que nos anciens colonisateurs et certains Bédouins du Golfe ont offert de positif à la civilisation ou à l'humanité ? Rien. Car si l'on se réfère à l'art raffiné de certains anciens palais ottomans, ceci est l'œuvre d'artistes européens. Même l'alphabet turc moderne, utilisant les lettres latines (qui a remplacé l'ancien alphabet en lettres arabes) a été inventé, dans un concours international, par un Libanais de Tripoli, de la famille Ghandour, confirmant ainsi la vocation prestigieuse et multimillénaire des Libanais à imaginer et inventer des alphabets.
Quant aux Bédouins, il faudrait reconnaître qu'ils n'ont pas manqué d'imagination puisqu'ils ont inventé... la razzia.
Élie Michel NASARD
commentaires (5)
Alep la martyre ? BEYROUTH La Martyre, bien avant celle-ci ! Et du fait de leurs "propres" méfaits, en sus, à ces bääSSyriens !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
16 h 36, le 29 mai 2016