Tunisie: ouverture d'un congrès très attendu du parti islamiste Ennahda

Le dixième congrès du parti islamiste tunisien Ennahda, qui doit marquer une étape majeure de son histoire en actant la séparation entre ses activités politiques et religieuses, s'est ouvert vendredi sous haute sécurité dans la banlieue de Tunis.

Plusieurs milliers de personnes étaient présentes à la cérémonie d'ouverture organisée au palais des sports de Radès, au sud de la capitale. Ce congrès, le premier depuis 2012, se poursuivra ensuite tout le week-end.
"Le peuple veut Ennahda de nouveau!", a scandé la foule, en attendant l'arrivée des principaux dirigeants du parti, dont son leader historique Rached Ghannouchi, 74 ans.

Acclamé au moment de saluer une première fois la foule, en compagnie du vice-président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) Abdelfattah Mourou, M. Ghannouchi devrait être réélu sans surprise à la tête du mouvement dimanche.

Interdit sous la dictature de Ben Ali et légalisé après le soulèvement de janvier 2011, Ennahda avait remporté un succès historique lors des premières élections de l'après-révolution, à la fin de la même année.
Après deux années mouvementées au pouvoir, il avait toutefois dû se résoudre, à l'issue de longues et pénibles négociations, à céder sa place sur fond de crise politique majeure.

Au cours de ce "congrès que tout le monde attend pour découvrir le nouveau visage du parti", selon les termes du quotidien La Presse, Ennahda doit acter la séparation entre ses activités politiques et de prédication.
"On sort de l'islam politique pour entrer dans la démocratie musulmane (...). Nous voulons que l'activité religieuse soit complètement indépendante de l'activité politique", a déclaré M. Ghannouchi dans une interview au quotidien français Le Monde.

En gestation depuis quelques années déjà, cette évolution est le résultat, selon ses dirigeants, de l'expérience du pouvoir et du passage de la Tunisie de la dictature à la démocratie.
"C'est une étape parmi d'autres dans le sens d'une certaine maturité", a souligné M. Ghannouchi.
Le congrès se tient sous forte protection policière et des barrages ont été installés sur une partie de la route menant au site de Radès.

Les près de 1.200 délégués d'Ennahda poursuivront leurs travaux ce week-end dans un hôtel de Hammamet, à une soixantaine de kilomètres au sud de Tunis.
Pendant ces deux jours, le parti --pour lequel un changement de nom est évoqué-- doit notamment évaluer son action et tirer le bilan de ses deux ans au pouvoir au sein d'une "troïka" qu'il menait de fin 2011 à début 2014.
Il doit aussi adopter des "feuilles de route" politique, économique et sociale pour les années à venir.