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Liban - Tribune

Ne laisser personne de côté : un défi redoutable, mais surmontable


Des cascades de Jezzine aux puits irriguant les plantations dans tout le pays, le Liban bénéficie depuis des siècles de ses ressources en eau dans une région essentiellement aride.
Mais au fil des années, l'eau est devenue un problème croissant pour les Libanais, surtout en été. La demande a augmenté et le système de distribution, construit il y a un siècle et endommagé par la guerre civile, n'a pas toujours été entretenu. Le pays n'est plus en mesure de fournir de l'eau propre à tous ses habitants. Certains n'ont désormais plus accès à l'eau que pendant quelques heures, quelques jours par semaine ; la plupart sont obligés de s'approvisionner auprès de fournisseurs privés.
Il n'est donc pas surprenant que l'afflux de plus d'un million de réfugiés ait aggravé les contraintes et pressions sur le gouvernement et l'infrastructure. En réponse, les partenaires humanitaires se sont joints aux acteurs nationaux et autorités locales afin de construire des réservoirs, réhabiliter des canalisations et garantir ainsi l'approvisionnement en eau salubre des communautés libanaise et réfugiée. Plusieurs agences des Nations unies soutiennent le ministère de l'Énergie et de l'Eau pour mener des enquêtes hydrologiques afin de maximiser l'approvisionnement en eau des collectivités sans épuiser les ressources naturelles du Liban. Le HCR a récemment inauguré la construction de douze grands réservoirs d'eau municipaux en collaboration avec le gouvernorat du Mont-Liban.
Ce ne sont que quelques exemples d'acteurs d'aide humanitaire et de développement, collaborant avec des autorités locales et utilisant des fonds internationaux pour aller au-delà des réponses immédiates et répondre à des objectifs de développement à moyen terme dont peuvent bénéficier la communauté déplacée aussi bien que celle d'accueil. En 2015, la communauté humanitaire internationale a versé 171,5 millions de dollars d'aide aux institutions locales et nationales dans divers secteurs au Liban. Mais cela reste une goutte d'eau dans l'océan.
Les dirigeants du monde se réuniront ce mois-ci à Istanbul lors du Sommet mondial sur l'action humanitaire afin de discuter précisément des moyens possibles pour optimiser l'impact des efforts humanitaires déployés au début d'une situation d'urgence et les combiner avec des programmes de développement à long terme qui permettent de soutenir les communautés locales. Plus précisément, le sommet mondial se concentrera sur cinq thèmes principaux : prévenir et faire cesser les conflits ; respecter les règles de la guerre ; ne laisser personne de côté ; travailler autrement pour mettre fin aux besoins ; et investir dans l'humanité.
Cette initiative arrive à point nommé. Une vague de crises humaines sans précédent dans l'histoire récente déferle actuellement partout dans le monde. L'année dernière, on estime que 120 millions de personnes avaient besoin d'aide humanitaire, soit presque trois fois plus que dix ans plus tôt, et la moitié d'entre eux ont été déplacés de force, souvent contraints de traverser des frontières pour chercher refuge.
Le Liban a été un havre de paix sûr pour les Syriens déplacés par le conflit en cours, mais il veille également à ce que le soutien international qu'il reçoit serve à améliorer l'infrastructure locale de sa propre population. Ceci pour ne laisser personne de côté, ni réfugiés ni communauté d'accueil.
Ces expériences et d'autres expériences similaires alimenteront les discussions à Istanbul. Il n'y a malheureusement pas de formule magique qui puisse répondre à toutes les crises, mais le sommet mondial pourrait aider à réorganiser le débat et semer les graines de nouvelles approches et collaborations en vue de renforcer la flexibilité et la pertinence des interventions à court et à long terme.
Au HCR, nous savons par expérience que plus une crise dure, plus la vulnérabilité augmente parmi les communautés touchées. Mais nous savons aussi que les réponses humanitaires peuvent être amplifiées lorsqu'elles sont liées aux plans de développement d'un pays qui accueille des réfugiés.
Nous ne devons épargner aucun effort pour lutter contre les causes de la marginalisation. Cela signifie soutenir ceux qui sont vulnérables parce qu'ils ont été contraints de quitter leurs foyers à cause des conflits ou de la persécution; aider les communautés d'accueil, durement mises à l'épreuve en raison de leur générosité ; réfléchir d'une façon créative et rassembler toutes les ressources afin de mobiliser des fonds, y compris du secteur privé. Le sommet mondial est le cadre idéal pour commencer cette discussion et utiliser des approches novatrices afin de renforcer encore et encore l'efficacité et l'impact de l'aide.
Les Nations unies et ses États membres ont adopté 17 objectifs de développement durable pour améliorer d'ici à l'an 2030 la vie des gens partout dans le monde, indépendamment de leur statut ou de leur nationalité. Les objectifs de développement durable reconnaissent la réalité de la mobilité humaine. Ils s'engagent à répondre aux besoins des plus vulnérables, y compris les communautés d'accueil, les réfugiés et les personnes déplacées dans leur propre pays. C'est une question d'inclusion et d'humanité.
Certains objectifs de développement durable sont particulièrement pertinents pour le Liban, ce pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant dans le monde : par exemple, promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives, éliminer la pauvreté partout dans le monde ou encore assurer l'eau potable et l'assainissement pour tous.
Déplacement, insécurité et vulnérabilité chronique exigent une action efficace. Les personnes confrontées aux besoins humanitaires les plus aigus sont souvent les femmes et les enfants ; et elles représentent environ 79 % des réfugiés au Liban. Certains n'ont pas accès aux soins de santé, à la nourriture ou l'éducation. La liste des défis humanitaires et de développement est redoutable, mais pas pour autant insurmontable. Des progrès peuvent être accomplis ; l'eau claire peut couler de nouveau.
Par-dessus tout, nous devons nous attaquer aux causes profondes du déplacement et de la guerre. Ce thème sera également discuté lors du sommet mondial. En fin de compte, la réalisation de la paix et des objectifs de développement durable se résume à la volonté et la direction politiques. Travaillons tous ensemble pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté à l'avenir.

*Représentante de l'UNHCR au Liban.

Des cascades de Jezzine aux puits irriguant les plantations dans tout le pays, le Liban bénéficie depuis des siècles de ses ressources en eau dans une région essentiellement aride.Mais au fil des années, l'eau est devenue un problème croissant pour les Libanais, surtout en été. La demande a augmenté et le système de distribution, construit il y a un siècle et endommagé par la guerre...

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