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Liban - Reportage

Baalbeck se pare de couleurs ensoleillées

À l'initiative de la présidente du festival et grâce à l'action de Help Lebanon, les quartiers voisins de la citadelle ont été relookés.

Le visiteur peut désormais déambuler dans des rues propres. Photos DR

La Cité du Soleil se prépare à accueillir le festival et la saison touristique. La saison touristique, parfaitement, n'en déplaise aux Cassandre. Pour cela, le secteur de Hay el-Qalaa, jouxtant la citadelle, reprend des couleurs agréables, donnant ainsi un coup de jeune aux petits immeubles ou habitations modestes. Et cela grâce à l'initiative de Nayla de Freige, présidente du Festival international de Baalbeck, à la volonté d'ouverture du conseil municipal de la ville, ainsi qu'au savoir-faire de Liliane Tyan et son association Help Lebanon, dont les équipes ont rafraîchi des milliers de maisons à travers le pays. Mais aussi au soutien de l'ambassade d'Allemagne et de la société Allianz-SNA.

Que s'est-il donc passé à Baalbeck ? Dans son désir de privilégier la collaboration entre le festival et la ville, représentée par ses édiles, Nayla de Freige a eu « envie de créer des partenariats de compétence », comme elle aime à définir son action. Le conseil municipal de la ville voudrait, lui aussi, que les Baalbeckiotes soient davantage concernés par la citadelle et son environnement. Et, par conséquent, par toute activité qui s'y déroule. Ce qui, fatalement, amène à des échanges entre autochtones et étrangers à la région. Un objectif propre à Baalbeck même : recréer la proximité des gens de la région avec la citadelle.
De ce partenariat est née l'idée de nettoyer et de rafraîchir, dans un premier temps, les quartiers attenants à la citadelle en attendant de s'attaquer à d'autres. Ce qui encouragerait les visiteurs et les festivaliers à s'y promener pour découvrir déjà une partie de la ville. D'ailleurs, c'est à partir de la place centrale que l'on accède à ces quartiers. « Notre principal but est de changer les mentalités, de rendre cette région attractive, car elle est la façade de Baalbeck, et redonner confiance aux gens, dit Omar Solh, vice-président de la municipalité, conscient du travail à entreprendre sur plus d'un plan. Cette initiative concrétisée par Help Lebanon nous aide à faire revivre cet aspect touristique. »


(Lire aussi : Le Festival international de Baalbeck : 60 ans contre vents et marées)

 

Des étapes à respecter
Pour l'association, il a donc fallu procéder par étape. C'est sa façon de faire. Une première visite de contact, d'évaluation des priorités et de reconnaissance des lieux. Suivie d'une seconde avec les spécialistes pour évaluer le travail et établir un plan de faisabilité et de coût. Puis c'est la chasse au sponsor. Aussitôt un accord de financement conclu avec ce dernier, le travail peut commencer. Vient alors l'étape de la création de l'équipe constituée toujours d'une main-d'œuvre locale pour toutes les opérations : nettoyage, échafaudages, peinture, etc.

Auparavant, une dernière réunion a lieu avec les habitants sur la gestion des risques au cours de certaines opérations et les mises en garde concernant les fils électriques, les canalisations d'eau, les menus détails, d'une part et, de l'autre, pour le choix des couleurs, avec l'aide d'une coloriste. L'habituelle marque de fabrique de l'association est la couleur blanche pour les contours des ouvertures. À Hay el-Qalaa, les habitants ont préféré une couleur différente pour leurs portes et fenêtres. Ce qui fut fait. « Il a fallu d'abord changer les canalisations d'eau apparentes de toutes les maisons, démêler autant que possible les enchevêtrements de fils électriques, placer les échafaudages et l'opération était bien partie », explique encore Omar Solh, fier de ce qui a été entrepris et extrêmement reconnaissant. Et il n'a pas honte de le clamer haut et fort.
Car, d'une région constituée de plusieurs petits quartiers et rues parfois délabrés, aux façades usées par le temps, délaissés par tous et dépérissant lentement, le visiteur est aujourd'hui heureux de déambuler dans des ruelles propres, agréables, fraîches, relookées, aux balcons qui commencent à fleurir ici et là et aux commerces bien en vue. Et qui n'attendent plus que les grands bacs de plantes, encore en préparation, qui viendront donner une vie différente aux lieux. Et tout le monde est content. En premier lieu, les habitants.


La société civile, moteur du pays

Omar Solh ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Maintenant que tout est propre et « net », il va sérieusement s'attaquer « aux tuyauteries courant sur les murs externes, aux fils électriques qui restent à ordonner et regrouper de façon à faire disparaître, ou du moins atténuer, la pollution visuelle », dit-il. De son côté, Liliane Tyan, qui a beaucoup apprécié la collaboration avec cette équipe, a promis de l'aider dans ses projets. Car, des projets il y en a, et plein.

Parce qu'indépendamment de sa fonction officielle, qui prend fin d'ailleurs avec le nouveau conseil municipal, Omar Solh et ses amis (médecins, pharmaciens, ingénieurs, agriculteurs, etc.) ont créé une ONG, la « Lebanese Association for Urban Agriculture » (LAUA). Des spécialistes de tous bords de la société civile qui s'occupent de développer leur région sur plus d'un plan. Les idées sont là, ce sont les moyens qui manquent. Mais ceci est une autre affaire à suivre.
Une opération de plus, parmi tant d'autres pour témoigner de l'action de la société civile libanaise, moteur de ce pays. Projets, réalisations, initiatives qui montrent le vrai visage du Liban et surtout sa résilience. C'est toujours elle et rien qu'elle qui maintient ce petit bout de terre, las et parfois démissionnaire, sur la carte du monde.

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Help Lebanon en chiffres

Help Lebanon termine là son troisième projet de l'année après Zaroub el-Haramiyé à Beyrouth (qui va de Tabaris à Gemmayzé), financé toujours par la Allianz-SNA et Tripoli, toute la région de Mina qui a nécessité trois années de labeur, où elle a rafraîchi plus de 100 immeubles et maisons, grâce au soutien de la BLF. Pour 2017, le premier projet sera la façade maritime du vieux port de Saïda et ses alentours. Un grand projet. Sollicitée par les habitants, elle travaillera, comme pour tous les projets, avec la municipalité. La première visite est déjà faite. L'étude est en cours. Le sponsor est encore à trouver.
Après s'être investie dans le social, plus précisément auprès des enfants de la guerre, de 1980 à 1996, l'association s'est reconvertie depuis cette date dans l'environnement, si l'on peut dire. Help Lebanon compte déjà à son actif 182 quartiers et plus de 11 000 immeubles rafraîchis à travers le pays, de Beyrouth (Achrafieh, Hamra, Verdun, la Quarantaine, Mar Mikhaël, etc.) à Tripoli (Nord) ou à Lebaa (Sud) en passant par Kfar Abida, Zghorta et bientôt Saïda.

 

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commentaires (5)

Et surtout, qu'il ait tout d'un coup.... "disparu" ! Yâ hassirtîîîh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 53, le 13 mai 2016

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Et surtout, qu'il ait tout d'un coup.... "disparu" ! Yâ hassirtîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 53, le 13 mai 2016

  • Tant que ce ne sont pas des drapeaux jaunes, on est avec.

    Christine KHALIL

    13 h 05, le 13 mai 2016

  • contente de vous lire a nouveau Mme Chakhtoura, ca fait plaisir!

    Le Herisson

    11 h 12, le 13 mai 2016

  • Excellent boulot! Bientôt la vie reprendra comme autrefois! Keep up the good work!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 28, le 13 mai 2016

  • Il faudrait que les Baalbeckiotes soient davantage concernés par la citadelle et son environnement. Et, par conséquent, par toute activité qui s'y déroule. Ce qui, fatalement, amène à des échanges entre autochtones et étrangers à la région : recréer la proximité des gens de la région avec la citadelle." ! Il suffit de leur raconter qu'un imam quelconque y avait séjourné un jour....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 59, le 13 mai 2016

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