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Campus - Étude

Quels rapports les jeunes Libanais entretiennent-ils avec les médias ?

Former l'esprit critique des plus jeunes. Les sensibiliser au fonctionnement de l'univers médiatique. C'est ainsi qu'on peut présenter l'éducation aux médias introduite dans les écoles françaises, suite à l'attentat contre « Charlie Hebdo » en janvier 2015. Au Liban, le retard sur ce sujet fait froid dans le dos comme vient de le démontrer une enquête menée auprès de jeunes écoliers libanais.

Roula Kerbage Mansour est actuellement responsable de la communication et de l’orientation auprès de l’Université Saint-Joseph, campus de Dubaï.

Roula Kerbage Mansour, docteure en information et communication de l'Université de Nice – Sophia Antipolis France, venait de soutenir sa thèse sous le titre « Les jeunes Libanais face à l'information télévisée : ouverture sur le monde ou repli communautaire », lorsque l'ancienne ministre française de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a explicitement abordé le sujet. On était en janvier 2015. Une attaque sanglante venait d'être perpétrée à Paris contre l'équipe de la publication satirique Charlie Hebdo. Najat Vallaud-Belkacem assurait que dorénavant le gouvernement français allait intégrer de manière transversale une éducation aux médias au sein des écoles. Mme Mansour était certes fière que son doctorat soit autant d'actualité, mais elle était inquiète. Car, le Liban était encore très en retard sur le sujet.
Quels rapports les jeunes Libanais entretiennent-ils avec les médias ? Interprètent-ils l'actualité sous un angle d'ouverture au monde et d'acceptation d'autrui ?
Pour répondre à ces questions, la chercheuse a frappé à la porte de deux établissements scolaires beyrouthins : le Collège des sœurs des Saints-Cœurs Sioufi et le Collège Khaled Ben al-Walid des Makassed. Elle y a conduit des entretiens individuels, proposé des activités interactives et distribué des questionnaires anonymes à un échantillon représentatif de 35 élèves par école participante. Les thèmes sur lesquels il fallait s'exprimer sont les suivants : l'histoire du Liban, son indépendance jusqu'à nos jours et sa démocratie. Rapidement, Roula Mansour s'est trouvée confrontée à plusieurs réalités. Certains jeunes hésitent à donner leur avis. Et quand ils acceptent enfin de le faire, c'est souvent pour y répondre
d'une façon compliquée.

Il est temps d'éduquer les écoliers libanais aux médias
Pour la chercheuse spécialisée en médias, milieux, médiations et information, « les jeunes Libanais nés après la guerre civile sont fortement influencés par ce que leurs parents ont vécu pendant la guerre. Ils sont aussi marqués par ce qu'ils ont hérité des générations précédentes et qu'ils ont collecté de l'environnement familial. Leur foyer n'est pas toujours le milieu le plus adapté pour les aider à interpréter l'actualité. »
Pour démontrer cela, citons un exemple frappant. À la question : « Le Liban a-t-il vraiment eu son indépendance le 22 novembre 1943 ? », plus de la moitié des élèves des Saints-Cœurs Sioufi ont répondu par la négative. « Leur non est intéressant, mais aussi alarmant », explique la spécialiste car tous les programmes d'enseignement considèrent que le Liban a pris son indépendance en 1943. Elle rappelle cependant que pour réussir leurs examens, les élèves sont appelés à mémoriser le oui et répondre conformément à ce qui est écrit dans les livres d'histoire ou d'éducation civique. « Le non est donc transmis aux élèves de génération en génération, mais jamais interprété ni débattu en classe », note la chercheuse. Rappelons à cet égard que l'environnement dans lequel vivent les professeurs et l'interdiction d'aborder des sujets politico-confessionnels ne les aident pas. Or ce sont les profs et les éducateurs ou les maîtres (principaux communicateurs avec les jeunes) qui doivent être bien placés ou bien formés pour aborder de tels sujets. « C'est à eux aussi que revient la tâche de guider les jeunes afin qu'ils puissent développer leur esprit critique », rappelle Roula Mansour.
Alors que faire pour les aider ? Peut-on être optimiste quant à l'avenir ? Oui, répond la chercheuse car « plusieurs professionnels du domaine des médias et de l'éducation sont prêts à collaborer afin d'établir une formation ou au moins des chapitres en éducation civique destinés uniquement à l'éducation aux médias. On entend aussi parler actuellement de dialogues entre différents établissements scolaires issus de différentes communautés confessionnelles ».

Roula Kerbage Mansour, docteure en information et communication de l'Université de Nice – Sophia Antipolis France, venait de soutenir sa thèse sous le titre « Les jeunes Libanais face à l'information télévisée : ouverture sur le monde ou repli communautaire », lorsque l'ancienne ministre française de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a...

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