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Moyen Orient et Monde - Brésil

Dilma Rousseff se rapproche de la destitution

La 2e manche au Sénat se présente mal pour l'impopulaire dirigeante de gauche.

Les députés d’opposition ont laissé éclater leur joie, poings levés, formant une mêlée aux couleurs du Brésil, vert et jaune, après le vote sur la destitution de Dilma Rousseff. Evaristo Sa/AFP

Au lendemain de la défaite de Dilma Rousseff à la Chambre des députés dans une bataille cruciale pour son avenir à la tête du Brésil, son gouvernement a promis hier de continuer le combat pour empêcher sa destitution.
« La présidente n'est pas démoralisée et ne cessera pas le combat », a promis son ministre de la Justice, Jose Eduardo Cardozo, lors d'une conférence de presse organisée hier. « Si quiconque pense qu'elle va s'incliner à présent, il se trompe », a-t-il poursuivi, rappelant le combat mené par l'actuelle présidente sous la dictature militaire qui lui a valu de passer près de trois ans en prison et d'être torturée.
Le gouvernement va mener la lutte sur plusieurs fronts : en justice devant le Tribunal fédéral suprême, dans la rue en organisant des manifestations et au Sénat, auquel il revient désormais de décider du sort de la présidente, accusée d'avoir maquillé les comptes publics pour favoriser sa réélection pour un second mandat de quatre ans en 2014.

367 pour
Alors que des milliers de partisans et d'adversaires de la présidente manifestaient séparément devant le Congrès à Brasilia, comme dans de nombreuses villes du Brésil, les députés favorables à sa destitution avaient facilement réuni dimanche soir la majorité des deux tiers requise.
Après décompte final des votes, 367 élus se sont prononcés pour la destitution, 137 contre et sept se sont abstenus. Deux députés n'ont pas pris part au scrutin. Les députés d'opposition ont laissé éclater leur joie, poings levés, formant une mêlée aux couleurs du Brésil, vert et jaune, autour de l'élu qui a apporté le 342e vote décisif après plusieurs heures de vote.
Dans les deux plus grandes villes du pays, São Paulo et Rio de Janeiro, des feux d'artifice ont éclairé le ciel nocturne tandis que des concerts de klaxons résonnaient.

Le Sénat
L'étape suivante au Sénat se présente déjà mal pour l'impopulaire dirigeante de gauche de 68 ans. Un vote à la majorité simple des sénateurs (41 sur 81), qui interviendra probablement dans la première quinzaine de mai, suffirait à prononcer sa mise en accusation pour « crime de responsabilité » et à l'écarter du pouvoir pendant au maximum six mois en attendant le jugement final.
Selon les enquêtes effectuées auprès des sénateurs par les grands journaux brésiliens, l'opposition compte déjà largement sur les soutiens suffisants pour l'ouverture de ce procès juridico-politique. Elle peut déjà tabler sur 44 votes selon le quotidien O Estado de São Paulo, 46 selon O Globo et 47, selon Folha de São Paulo.
Écartée du pouvoir, Mme Rousseff verrait son ancien allié centriste et désormais rival, le vice-président Michel Temer, 75 ans, assumer immédiatement ses fonctions par intérim.
Ce discret homme d'appareil formerait un gouvernement qu'il souhaite d'« unité nationale » pour tenter de remettre sur les rails le Brésil, paralysé par 14 mois de crise politique aiguë au beau milieu de la pire récession économique en plusieurs décennies et du gigantesque scandale de corruption Petrobras.
Le vice-président Temer consulte déjà activement pour former un gouvernement capable de restaurer rapidement la confiance des marchés, sans, a-t-il promis, remettre en cause les programmes sociaux emblématiques du gouvernement de gauche dont son parti a été l'allié central depuis 2004.
Au pouvoir depuis 2010, réélue quatre ans plus tard, la première femme à diriger le plus grand pays d'Amérique latine dément avoir commis des actes justifiant sa destitution et présente la procédure visant à la chasser du pouvoir comme un « coup d'État » et « la plus grosse fraude juridique et politique » de l'histoire du Brésil.

Pays divisé
Hier, les marchés brésiliens ont ouvert en hausse, portés par l'anticipation d'un changement de politique économique après treize années d'exercice du pouvoir par le Parti des travailleurs (PT), incarné par Luiz Inacio Lula da Silva puis par Dilma Rousseff. La Banque centrale est intervenue pour enrayer la remontée du real face au dollar sur le marché des changes.
Les milieux d'affaires brésiliens ont mis tout leur poids dans la bataille en misant sur Michel Temer pour restaurer la confiance des entrepreneurs et relancer l'économie.
Cette bataille politique, qui intervient alors que le Brésil est plongé dans sa plus grave récession économique depuis les années 1930, a divisé ce pays de 200 millions d'habitants comme jamais depuis la fin de la dictature militaire en 1985.
(Sources : agences)

Au lendemain de la défaite de Dilma Rousseff à la Chambre des députés dans une bataille cruciale pour son avenir à la tête du Brésil, son gouvernement a promis hier de continuer le combat pour empêcher sa destitution.« La présidente n'est pas démoralisée et ne cessera pas le combat », a promis son ministre de la Justice, Jose Eduardo Cardozo, lors d'une conférence de...

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